tag:blogger.com,1999:blog-65323942024-03-08T03:36:22.159+01:00Ceteris ParibusRéflexions périodiques sur la politique et l'économie, en France et aux Etats-UnisEmmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.comBlogger775125tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-31565451739060747892017-06-09T02:08:00.003+02:002020-12-05T16:12:04.561+01:00Chronique d’une victoire (qui aurait dû être) annoncée<div class="MsoNormal">
Il peut se passer
beaucoup de choses en une semaine de vie politique. Et il n'est jamais impossible que les sondages se trompent, y compris lourdement (même si c'est beaucoup plus rare en France qu'au Royaume-Uni).</div>
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Mais toutes les enquêtes d'opinion (<i>cf.</i> le toujours précieux tableau récapitulatif de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lections_l%C3%A9gislatives_fran%C3%A7aises_de_2017#Premier_tour">Wikipedia </a>ci-dessous) indiquent une probabilité élevée de victoire pour la République en
Marche aux législatives. La principale incertitude semble concerner l'ampleur du succès, entre majorité relative et domination écrasante du groupe LREM à l'Assemblée.<o:p></o:p><br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQWsYHA6VtaaAu1wSs1STozU4eDfWDCG9npH9aKLhziLu4zYjEChD6mQW78waj379wRfXM2b5IsvXsBRg5n_DcD51UDomyjSDSCKFnIZhFJxG9jj8P6QMogCoG-FM3mmAYz2Dc/s1600/WikiT1.png" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="380" data-original-width="873" height="249" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQWsYHA6VtaaAu1wSs1STozU4eDfWDCG9npH9aKLhziLu4zYjEChD6mQW78waj379wRfXM2b5IsvXsBRg5n_DcD51UDomyjSDSCKFnIZhFJxG9jj8P6QMogCoG-FM3mmAYz2Dc/s640/WikiT1.png" width="576" /></a></div>
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Le contraste est saisissant avec les pronostics de la grande majorité des observateurs (journalistes,
politiques, sondeurs, commentateurs professionnels) pendant la campagne. Même ceux qui n'avaient pas vu dans la montée d'Emmanuel Macron une bulle prête à éclater ne lui donnaient que peu de chances de l'emporter aux législatives. Un gouvernement de coalition apparaissait comme le scénario le plus favorable pour En Marche, et une cohabitation comme une hypothèse vraisemblable. On parlait souvent d'une "élection à quatre tours", où toutes les cartes seraient complètement redistribuées après le second. </div>
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Mon argument ici est que le succès d'En Marche aux législatives en cas de victoire d'Emmanuel Macron à la présidentielle était, sinon entièrement prévisible, du moins le plus probable. Et que les mauvaises prévisions faites pendant la campagne reflétaient trois grandes erreurs d’analyse, qui ont pu ou non se cumuler :
l’oubli de la dynamique créée par un succès à la présidentielle, une méprise
sur la force des partis traditionnels et une sous-estimation du soutien à Emmanuel Macron.</div>
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<b>L’effet de souffle de la présidentielle<o:p></o:p></b></div>
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La première erreur, à mes
yeux la moins pardonnable, est d’avoir raisonné comme si la présidentielle et
les législatives étaient deux scrutins indépendants. <o:p></o:p></div>
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Ce n'est pourtant pas faute de précédents sous la Ve République montrant que le résultat de la présidentielle conditionne largement celui des législatives. Cinq fois depuis 1958 (en 1981, 1988, 2002, 2007 et 2012) les législatives ont eu lieu dans la foulée de la présidentielle (c'était l'inverse en 1958). A chaque fois, le Président fraîchement élu a obtenu une majorité parlementaire à l'Assemblée. Quatre fois sur cinq, la majorité était absolue pour son parti (PS en 1981 et 2012, UMP en 2002 et 2007), seul François Mitterrand n'obtenant qu'une majorité relative en 1988. Quatre fois sur cinq aussi, le parti du Président s'est imposé face à la majorité parlementaire sortante, le seul cas de continuité étant en 2007.</div>
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Ce n'est pas faute non plus de facteurs politiques permettant d'expliquer cette prime accordée au Président élu : la majorité d'électeurs ayant voté pour le nouveau locataire de l'Elysée a généralement mauvaise grâce à ne pas lui accorder de majorité à l'Assemblée pour appliquer son programme ; le Président fraîchement élu maîtrise aussi largement l'agenda médiatique dans la période allant de la présidentielle aux législatives : il peut à peu de frais démontrer le renouveau (en nommant un gouvernement), exposer sa vision pour le pays (en annonçant ses priorités législatives), asseoir sa stature internationale (en rencontrant ses homologues), et tout cela sans avoir encore à affronter le débat parlementaire ou les critiques de l'opinion sur le détail de ses réformes ; dans le même temps, les opposants sont sonnés par la défaite à la présidentielle et doivent faire face à des divisions internes.</div>
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Ce n'est pas faute enfin d'exemples passés montrant à quel point se baser sur les rapports de force qui prévalent avant l'élection du Président conduit à manquer la dynamique induite par la présidentielle. En 2002,<i> Le Monde</i> avait publié des projections de sièges aux législatives basées sur les résultats du premier tour de la présidentielle : elles <a href="https://twitter.com/imparibus/status/857181939249422336">montraient</a> une courte défaite de la droite, qui devait gagner 276 sièges contre 297 à la gauche. L'UMP en a en fait obtenu eu 398. En 2007, le quotidien <a href="http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2007/04/24/469-triangulaires-virtuelles-en-juin_900994_3208.html">annonçait</a> 469 "triangulaires virtuelles" en raison du score élevé de François Bayrou au premier tour de la présidentielle. Il y en a eu finalement... <a href="http://www.lemonde.fr/societe/article_interactif/2007/06/13/le-deuxieme-tour-en-chiffres-465-duels-une-triangulaire-et-un-tiers-de-femmes_922641_3224_1.html">une seule</a>.</div>
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<b>Des vieilles maisons en ruine</b><o:p></o:p></div>
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Pour être juste, une
partie des observateurs sceptiques sur les chances d’En Marche à la
présidentielle avaient bien à l’esprit cette dynamique post-présidentielle.
Mais elle pensait qu’elle se briserait sur la force des partis traditionnels, le PS et les Républicains bénéficiant des positions (des députés sortants) et des moyens (un appareil, des militants et un budget) nécessaires pour emporter une campagne législative.</div>
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Cette erreur d'analyse est un peu plus subtile, mais elle n'en restait pas moins largement évitable. Parce que toute la séquence électorale commencée à l'automne dernier, comme d'ailleurs les sondages d'opinion, montraient la grande faiblesse de la position des partis dominants.</div>
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Depuis l'été 2016 en effet, tous ceux qui croyaient que la réussite électorale passait par le contrôle d'un parti ont été démentis par les scrutins : Nicolas Sarkozy a été éliminé au premier tour de la primaire de la droite; les candidats proches de la direction du PS (Valls et Peillon) ont échoué à la primaire de la gauche; de façon plus anecdotique, la primaire des écologistes a vu la défaite de Cécile Duflot, et la confirmation de la règle. Partout, ce sont les candidats qui en ont appelé aux militants contre la direction qui l'ont emporté.</div>
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Cette dynamique du sortez les sortants s'est appliquée, à un niveau supérieur, aux partis eux-mêmes. Les candidats des Républicains et du Parti socialiste n'ont pas franchi le premier tour de la présidentielle. Cela reflète bien sûr en partie les faiblesses de leurs candidats, mais aussi l'impopularité profonde des grands partis eux-mêmes. En mars 2017, selon le baromètre Kantar TNS, le PS était <a href="http://www.tns-sofres.com/dataviz?type=3&code_nom=ps">proche</a> de son record d'impopularité atteint en 1993 et en 2014 (60 % de mauvaises opinions, seulement 27 % de bonnes). Les Républicains étaient dans une <a href="http://www.tns-sofres.com/dataviz?type=3&code_nom=ump">position très similaire</a> (58 % de mauvaises opinions contre 27 % de bonnes), proches eux aussi de leur plus mauvais scores depuis la création de l'UMP en 2002.</div>
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Le seul moyen pour de tels partis de gagner des législatives aurait été d'affronter des partis aussi ou encore plus impopulaires qu'eux, comme le Front National (23 % de bonnes opinions contre 68 % de mauvaises <a href="http://www.tns-sofres.com/dataviz?type=3&code_nom=fn">en mars</a>). Mais ils se trouvent dans une situation de grande faiblesse face à LREM, qui bénéfice pour l'instant à plein de la popularité qui va avec la nouveauté.</div>
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<b>Pas populaire sans raisons<o:p></o:p></b></div>
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La troisième erreur a consisté à sous-estimer la popularité d'Emmanuel Macron. Ce mauvais diagnostic avait à mon sens deux ressorts principaux : d'une part, la présence de 4 candidats autour de 20 % d'intention de vote dans les sondages de premier tour pouvait laisser croire qu'ils étaient également populaires (ou impopulaires) ; d'autre part, ceux que la personne et le programme du Président hérissent (j'en connais) ont pu en conclure qu'il ne <i>pouvait pas être </i>populaire parmi une majorité des Français. Un exemple fameux de cette dernière position est la "<a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/05/04/francois-ruffin-lettre-ouverte-a-un-futur-president-deja-hai_5122151_3232.html">lettre ouverte à un futur président déjà haï</a>" de François Ruffin, publiée par <i>Le Monde</i> dans l'entre deux tours. </div>
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En réalité, Emmanuel Macron était avant la présidentielle un homme politique apprécié des Français. Dans le <a href="http://www.parismatch.com/Actu/Politique/Sondage-popularite-le-grand-bond-de-Melenchon-1231187">baromètre politique Ifop d'avril</a>, il obtenait 55 % de bonnes opinions et était la 3e personnalité politique la plus populaire, derrière Jean-Luc Mélenchon et Alain Juppé (Marine le Pen et François Fillon étaient eux très impopulaires). Comme on pouvait s'y attendre, la victoire présidentielle a encore renforcé le jugement positif sur Emmanuel Macron. Il recevait en mai 67 % de bonnes opinions, seulement dépassé par Nicolas Hulot (81 %).</div>
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Ce niveau de soutien montre qu'Emmanuel Macron n'est pas (encore?) aussi polarisant que certains avaient pu le croire. Dans les enquêtes d'opinion précédant le 1er tour, il était <a href="https://twitter.com/imparibus/status/849734734481678336">ainsi</a> souvent le 2e ou le 3e choix non seulement des électeurs de François Fillon et Benoît Hamon, mais aussi de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, </div>
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Le soutien au candidat (et au Président aujourd'hui) était certes très différenciée sociologiquement : <a href="http://www.ipsos.fr/sites/default/files/doc_associe/ipsos-sopra-steria_sociologie-des-electorats_23-avril-2017-21h.pdf">l'enquête Ipsos</a> sur la sociologie des électorats du premier tour fait bien apparaître un gradient selon la catégorie socio-professionnelle (vote Macron à 16 % pour les ouvriers mais 33 % pour les cadres), le revenu ou le diplôme, Mais il l'est nettement moins géographiquement, à rebours de l'image d'une France coupée en deux : Emmanuel Macron obtenait par exemple au 1er tour 21 % des voix en milieu rural, où il n'était devancé que par Marine Le Pen (23 %). </div>
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Comme le notait l'excellent <a href="https://twitter.com/mathieugallard">Matthieu Gallard</a>, LREM se trouve donc en position de force aux législatives : à l'inverse du Front National, son soutien est bien reparti géographiquement, ce qui lui permet d'être compétitif dans une grande majorité de circonscriptions; en outre, la position sinon centriste, du moins centrale, du mouvement lui permet de rallier des soutiens venus de gauche comme de droite au second tour. </div>
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Cette martingale, combinée à la dynamique de la présidentielle, devrait ainsi offrir au Président une majorité et les moyens de sa politique. Sans surprise.</div>
Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com17tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-40146557431186616892014-11-05T00:23:00.001+01:002014-11-05T05:47:37.468+01:00Mardi soir en direct (2014 midterms edition)<b>00H20</b> : s'il ne fallait qu'un graphique pour expliquer la spécificité des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, ce serait celui-là (piqué à la <a href="http://www.bbc.co.uk/news/magazine-29485463">BBC</a>)<br />
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<img alt="Bar chart on voter turnout" src="http://news.bbcimg.co.uk/media/images/78559000/gif/_78559274_us_mid_term_turnout_gra624.gif" height="257" width="400" /></div>
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Pour le dire vite : une seule élection vous manque, et les urnes sont désertées. </div>
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L'absence d'une élection présidentielle fait que la participation est toujours beaucoup plus faible à mi-mandat, alors que le reste des élections est le même : renouvellement de l'ensemble de la Chambre des représentants, du tiers du Sénat, d'une partie des 50 gouverneurs (et d'ailleurs de davantage de gouverneurs l'année des <i>midterms </i>: 36 sur 50 cette fois-ci), de la grande majorité des assemblées des Etats fédérés (46 sur 50 en 2014). Sans compter la pléiade d'élections secondaires et de référendums qui font le charme de la démocratie américaine.</div>
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Cette moindre participation n'arrange pas les démocrates, car la plus faible participation s'explique surtout par la tendance d'une partie de leur électorat traditionnel (jeunes et minorités) à rester chez eux. Ce qui arrange encore moins les démocrates est que les <i>midterms </i>sont tout aussi traditionnellement des élections défavorables au parti du président en place. Depuis un siècle, seuls Roosevelt (1934), Clinton (1998) et Bush (2002) ont réussi à faire mentir cette règle électorale.</div>
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Il est déjà certain qu'Obama ne sera pas le quatrième. Les républicains vont confortablement garder le contrôle de la Chambre des représentants : il comptent 233 sièges sur 435 et devraient augmenter leur total d'une dizaine de sièges. Il est sûr aussi qu'ils vont augmenter leur nombre de sénateurs - il en ont 45 aujourd'hui. L'enjeu essentiel de la soirée est de savoir s'ils attendront le total de 51 qui leur permettrait de prendre le contrôle du Sénat.</div>
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Cela semble désormais probable, si l'on en croit les derniers sondages : Nate Silver estime à <a href="http://fivethirtyeight.com/features/final-update-republicans-have-a-3-in-4-chance-of-winning-the-senate/">76 %</a> et le <i>New York Times</i> à <a href="http://www.nytimes.com/newsgraphics/2014/senate-model/">75 %</a> la probabilité que les républicains remportent le Sénat.<br />
<br />
<b>00H45</b>: La situation au Sénat est assez simple. Il y a 10 élections sénatoriales (sur 36 disputées en 2014) où le résultat reste incertain. Il s'agit, dans <a href="http://www.nytimes.com/newsgraphics/2014/senate-model/">l'ordre décroissant</a> de probabilité de victoire républicaine des Etats suivants : Kentucky, Arkansas, Louisiane, Colorado, Iowa, Géorgie, Alaska, Kansas, New Hampshire et Caroline du Nord. Les républicains doivent en remporter 6 pour prendre le contrôle du Sénat, les démocrates 5 pour le conserver.<br />
<br />
<b>00H55</b> : La carte des horaires de fermeture des bureaux de vote de <a href="http://www.dailykos.com/story/2014/11/02/1340444/-An-hour-by-hour-guide-to-election-night">Daily Kos</a> est d'autant plus précieuse que les Etats américains s'évertuent à ne pas respecter la logique géographique. Les premiers dépouillements ont commencé à minuit heure française dans l'Indiana et le Kentucky, alors que ces deux Etats comptent une partie de leur territoire dans le fuseau horaire du Centre des Etats-Unis.<br />
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<img alt="Map of Nov. 4, 2014 poll closing times" src="http://images.dailykos.com/images/112634/large/Poll_closing_times_map_-_Nov._4__2014.gif?1414104239" height="333" width="400" /><br />
<br />
<b>01H10</b> : Les tous premiers résultats du Kentucky (4 % des bulletins dépouillés) vont dans le sens d'une nette victoire du sénateur républicain sortant Mitch McConnell (près de 10 pts d'avance selon les <a href="http://elections.nytimes.com/2014/senate-model">simulations</a> du <i>New York Times</i>). Ce n'est pas une surprise, ce qui est en soi une mauvaise nouvelle pour le camp démocrate. Le vrai test sera le New Hampshire, où la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen était donnée favorite face au républicain Scott Brown. Si elle perd, on peut s'attendre à une débâcle pour les démocrates.<br />
<br />
<b>01H15</b> : Ca n'a pas traîné. Toutes les télés américaines annoncent la victoire au Kentucky de Mitch McConnell, qui deviendrait le chef de la majorité au Sénat (<i>Senate Majority Leader</i>) si les républicains en prenaient le contrôle. Il ne leur manque plus que cinq sièges.<br />
<br />
<b>01H20</b> : Les deux choses les plus dures, dans ce exercice de bloguage en direct, c'est de jongler entre 50 onglets ouverts et de trouver un lien vers le flux vidéo d'une télé américaine. Mission accomplie pour la deuxième (<a href="http://abcnews.go.com/Live/">ABC</a>).<br />
<br />
<b>01H25</b> : Nate Silver sur ABC : "It could be a pretty good night for the Republicans". C'est une manière diplomatique de le dire.<br />
<br />
<b>01H35</b> : Les républicains reprennent sans surprise la Virginie occidentale. Shelley Moore Capito sera la première sénatrice républicaine de cet Etat depuis 1958. Le fait de tirer avec son fusil lors de rassemblements politiques (<i>sic </i>- <a href="https://www.youtube.com/embed/zRA-SeGuMjU">vidéo</a>) n'a pas suffi pour la démocrate <span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: 12pt;">Nathalie Tenant.</span></div>
<span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: 12pt;"><br /></span>
<b>01H40</b> : Ce qui est une vraie surprise, c'est que le sénateur démocrate Mark Warner soit en difficulté en Virginie (<a href="http://fivethirtyeight.com/interactives/senate-forecast/">538</a> prévoyait une victoire de Warner avec 9 pts d'avance). Tout cela sent <i>très </i>mauvais pour les démocrates.<br />
<br />
<b>01H50</b> : Il est encore un peu tôt pour dire que <i>Perdue a gagné</i>, mais le candidat républicain semble bien parti pour l'emporter en Géorgie face à la démocrate Michelle Nunn.<br />
<br />
<b>02H05</b> : Au fait, le faible niveau de popularité de Barack Obama qui explique en partie la mauvaise nuit des démocrates est de... <a href="http://polltracker.talkingpointsmemo.com/contests/obama-job-approval-us">43 %</a>.<br />
<br />
<b>02H20</b> : Encore une élection serrée en Floride. Cette fois pour le poste de gouverneur. Si le sortant républicain Rick Scott l'emporte, son opposant démocrate Charlie Crist aura réussi une performance rare : réussir à perdre une élection à la fois comme candidat républicain (sénatoriale 1998), comme candidat indépendant (sénatoriale 2010) et comme candidat démocrate (2014).<br />
<br />
<b>02H30</b> : Le modèle américain de soirée électorale (pas un seul politique sur les plateaux télévisés) est très supérieur au modèle français (presque uniquement des politiques sur les plateaux télévisés).<br />
<br />
<b>02H35</b> : Plus que 4 pour les républicains. Le républicain Tom Cotton, un ancien militaire qui avait <a href="http://www.snopes.com/politics/soapbox/tomcotton.asp">accusé</a> le <i>New York Times</i> de trahison, reprend l'Arkansas au sortant démocrate Mark Pryor.<br />
<br />
<b>02H40</b> : Enfin une bonne nouvelle pour les démocrates! Jeanne Shaheen conserve son siège dans le New Hampshire.
<br />
<br />
<b>02H45</b> : L'adversaire de Shaheen, Scott Brown, faisait partie des possibles candidats républicains pour la présidentielle de 2016. Plus maintenant.<br />
<br />
<b>02H55</b> : ABC meuble en attendant la flopée de résultats de 21H heure de Washington. Je me demande gravement si j'ai encore des lecteurs éveillés.<br />
<br />
<b>03H00</b> : Très déçu de la défaite dans le Dakota du Sud du candidat indépendant Larry Pressler, qui avait plaisanté sur ses faibles chances en affirmant <span style="text-align: justify;">qu’il </span><span lang="EN-GB" style="text-align: justify;"><a href="http://fivethirtyeight.com/datalab/senate-update-whats-the-matter-with-south-dakota/"><span lang="FR">demanderait</span></a></span><span style="text-align: justify;"> « un recompte » s'il gagnait l’élection.</span><br />
<span style="text-align: justify;"><br /></span>
<span style="text-align: justify;"><b>03H05</b> : Pour l'instant, c'est une excellente nuit pour les sites qui prévoient le résultat des élections à partir des sondages. Tous les résultats connus avaient été annoncés par 538 et The Upshot (<i>New York Times</i>).</span><br />
<span style="text-align: justify;"><br /></span>
<span style="text-align: justify;"><b>03H15</b> ; Les électeurs de l'Illinois votent pour augmenter le salaire minimum de 8,25 à 10 $ (7,25 $ au niveau fédéral). Les économistes du travail qui cherchent à répliquer la fameuse étude de Card et Krueger (<a href="http://davidcard.berkeley.edu/papers/njmin-aer.pdf">pdf</a>) se frottent les mains.</span><br />
<span style="text-align: justify;"><br /></span>
<span style="text-align: justify;"><b>03H35</b> : Le problème avec les soirées électorales américaines, c'est qu'il y a des moments où il ne se passe pas grand chose. Comme maintenant. Pour patienter, et ceux qui l'ont manqué, LE <a href="https://www.youtube.com/watch?v=p9Y24MFOfFU">spot électoral</a> de 2014, de la candidate républicaine dans l'Iowa, Joni Ernst.</span><br />
<span style="text-align: justify;"><br /></span>
<span style="text-align: justify;"><b>03H45</b> : Il suffisait de demander! Il y aura donc un second tour le 6 décembre en Louisiane, où Marie Landrieu essaye de sauver le siège de sénateur qu'elle occupe depuis 1997. Cela promet une mémorable "Battle on the Bayou" si les républicains n'ont pas réussi à remporter le Sénat dès cette nuit.</span><br />
<span style="text-align: justify;"><br /></span>
<span style="text-align: justify;"><b>03H50</b> : Marie Landrieu est la fille de Maurice "Moon" Landrieu qui a été le maire de la Nouvelle Orléans dans les années 1970 et a eu 9 enfants : Marie, Mark, Melanie, Michelle, Mitchell, Madeleine, Martin, Melinda et Maurice Jr. </span><br />
<span style="text-align: justify;"><br /></span>
<span style="text-align: justify;"><b>03H55</b> : <a href="https://twitter.com/mattyglesias/status/529827982333214720">Too late</a>.</span><br />
<span style="text-align: justify;"><br /></span>
<span style="text-align: justify;"><b>04H05</b> : On a tendance à l'oublier mais il y a une autre chambre que le Sénat au sein du Congrès américain. Elle s'appelle <span illement="">la Chambre des représentants et les républicains vont en garder le contrôle. Oui, on le savait déjà.</span></span><span style="text-align: justify;"></span><br />
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><br /></span></span>
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><b>04H20</b> : si l'on reprend les <a href="http://fivethirtyeight.com/datalab/five-scenarios-for-the-senate-election/">cinq scénarios</a> possibles pour le Sénat décrits par Nate Silver, on est à mi-chemin entre la nette victoire républicaine et la déferlante républicaine - ce serait le cas si les démocrates perdaient la Caroline du Nord et/ou la Virginie.</span></span><br />
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><br /></span></span>
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><b>04H30</b> : ABC annonce la défaite du sénateur démocrate Mark Udall dans le Colorado. <b><i>Ceteris Paribus</i> annonce que les républicains vont reprendre le Sénat.</b></span></span><br />
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><br /></span></span>
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><b>04H35</b> : Le républicain Rick Scott conserve son siège de gouverneur en Floride. Le républicain Scott Walker conserve son siège de gouverneur dans le Wisconsin. Quand ça veut pas...</span></span><br />
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><br /></span></span>
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><b>04H40 </b>: L'autre grand perdant de la soirée : les commentaires sur les blogs. En tout cas sur celui-là. </span></span><br />
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><br /></span></span>
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><b>04H45</b> : La moitié des résultats n'est pas connu que ABC a déjà lancé le débat sur la présidentielle de 2016, et sur les chances de Jeb Bush contre Hillary Clinton. <i>I can't wait</i>,</span></span><br />
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><br /></span></span>
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><b>04H55</b> : Je peux enfin l'écrire. (David) Perdue a gagné en Géorgie. A supposer que Marie Landrieu soit battue en Louisiane, il serait l'un des deux sénateurs américains avec un patronyme français (Perdue vient de "par Dieu") avec le sénateur de l'Idaho Mike Crapo.</span></span><br />
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><br /></span></span>
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><b>05H00</b> : le site progressiste Daily Kos <a href="http://www.dailykos.com/story/2014/11/04/1341435/-Midterms-liveblog-12-Ah-f-ck-this-night">titre</a> "Ah, f*uck this night". Kay Hagan est mal partie en Caroline du Nord, Le scénario de la déferlante républicaine est désormais le plus probable. </span></span><br />
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><br /></span></span>
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><b>05H05</b> : Ce qui rend les discussions sur ABC sur la façon dont les démocrates pourraient garder le Sénat d'autant plus ridicules.</span></span><br />
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><br /></span></span>
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><b>05H25 </b>: Et le suspense désormais proche de zéro, surtout avec la victoire du sénateur républicain Pat Roberts dans le Kansas. Concluons, puisqu'il est tard : c'est une très bonne nuit pour les républicains, une mauvaise pour les démocrates. A part la (presque?) surprise en Virginie, les sondages ont correctement permis de prévoir le résultat des principales élections sénatoriales, mais ont sous-estimé l'amplitude de la victoire des républicains. Obama devra faire face à un Congrès entièrement acquis aux républicains jusqu'en 2016 mais cela pourrait paradoxalement forcer le GOP à coopérer davantage avec le président. L'élection de 2016 sera très différente, car la participation sera plus forte, et la "carte" des sièges en jeu au Sénat sera beaucoup mois favorable aux républicains. Mais les résultats de ce soir sonnent comme un avertissement pour les démocrates, qui sont en difficulté dans des Etats qu'ils pensaient acquis (Colorado, Virginie à un moindre degré) et n'ont pas réussi à progresser en territoire républicain (notamment en Géorgie, qui semblait démographiquement plus favorable). Et l'hypothèse d'une reprise du Sénat par les démocrates dès 2016 est très compromise au vu de la taille de la majorité républicaine - les républicains pourraient obtenir 54 sièges s'ils l'emportent en Louisiane et dans l'Alaska.</span></span><br />
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><br /></span></span>
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><b>05H30</b> : Le mot de la fin, pour rappeler que les Etats-Unis sont un pays fascinant, divers et qui n'est pas à une contradiction près.</span></span><br />
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><br /></span></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEfvWz_B62KSOBOIXPFnvDj9LxFHpDD6E-YM1dLIPijx6VxKcDfhqfHud0twxm2WOfuyYnMI-9ZqFDksDFJJkdYmcjSxIkme04i6IqZf531xsPhPwewFRec6UVSE2TOGW0hOWt/s1600/538.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEfvWz_B62KSOBOIXPFnvDj9LxFHpDD6E-YM1dLIPijx6VxKcDfhqfHud0twxm2WOfuyYnMI-9ZqFDksDFJJkdYmcjSxIkme04i6IqZf531xsPhPwewFRec6UVSE2TOGW0hOWt/s1600/538.jpg" height="160" width="400" /></a></div>
<span style="text-align: justify;"><span illement=""><br /></span></span>Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-84775862946415535852013-05-01T22:01:00.001+02:002018-04-08T21:42:40.100+02:00Et les OPA sauveront l'économie françaiseLe <i>Wall Street Journal</i> <a href="http://allthingsd.com/20130430/yahoo-scraps-deal-for-french-video-site/">l'affirmait</a> ce matin, et le ministre <a href="http://www.lemonde.fr/technologies/article/2013/05/01/montebourg-confirme-etre-intervenu-pour-bloquer-le-rachat-de-dailymotion-par-yahoo_3169306_651865.html">l'a confirmé</a> cet après-midi : Arnaud Montebourg est bien personnellement intervenu pour bloquer le rachat de Dailymotion par Yahoo!. En se justifiant ainsi :<br />
<blockquote class="tr_bq">
Nous souhaitons un développement équilibré. Nous sommes pour
une solution 50-50 du type de celle qui a existé entre Renault et
Nissan, où l'identité des deux entreprises est préservée. C'est l'intérêt de la France et l'intérêt de Dailymotion.</blockquote>
Vu la façon dont Yahoo! <a href="http://gizmodo.com/5910223/how-yahoo-killed-flickr-and-lost-the-internet">a traité</a> les sociétés qu'il a rachetées par le passé, la thèse selon laquelle cette intervention politique était dans l'intérêt de Dailymotion (ou au moins de ses utilisateurs) peut se plaider. Je suis en revanche beaucoup beaucoup plus réservé sur l'idée que les solutions "où l'identité des deux entreprises est préservée" soit dans l'intérêt de la France.<br />
<br />
Je suis même persuadé qu'ouvrir très largement la porte au rachat des entreprises françaises par des sociétés étrangères serait l'une des meilleures choses qui puisse arriver à l'économie française. Ou à tout le moins, mais cela revient à mon sens au même, à l'état des relations sociales en France. Et c'est l'économiste <a href="http://people.stern.nyu.edu/tphilipp/">Thomas Philippon</a> qui m'en a convaincu.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<a href="http://www.amazon.fr/Le-Capitalisme-dh%C3%A9ritiers-fran%C3%A7aise-travail/dp/2020917637"><img align="right" height="230" hspace="10" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgH8qfJBo98-QfB4M2zBaCmlQhRsuLL2hEv_G_qzBP6MrvGh2UUH7KVDrMe_Aq2ubNMeHt9ojmB0F5fA7yVM8UlLf_4dRQT5GUzN5IV5oiC2yRGEG2NcPnm_BsaCXTZdKKZC-6K/s1600/capitalismeheritiers.jpg" vspace="5" /></a>En 2007, bien avant d’atterrir au <a href="http://www.gouvernement.fr/gouvernement/pierre-moscovici/cabinet">cabinet</a> de l'actuel ministre de l'économie et des finances, Philippon avait en effet commis un excellent petit livre sur les relations sociales en France, publié à la non moins excellente République des idées. Le <i>Capitalisme d'héritiers</i> (voir les critiques de <i><a href="http://lectures.revues.org/448">Lectures</a> </i>et d'<a href="http://econo.free.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=18&Itemid=2&codenote=169">Econoclaste</a>) s'appuyait sur des enquêtes internationales d'opinion pour montrer que :
<br />
<ol>
<li>contrairement à ce qu'affirment régulièrement certains commentateurs et hommes politiques, il n'y a pas de faiblesse ou de déclin post-35 heures de la "valeur travail" en France : la place qu'accorde les Français au travail est en réalité extrêmement élevée, et nettement supérieure à celle que disent lui donner les habitants des autres pays développés ; </li>
<br />
<li>l'état des relations sociales en France est en revanche catastrophique : que l'on interroge les patrons ("les relations entre syndicats et patronats sont-elles constructives ou conflictuelles?") ou les salariés ("êtes-vous personnellement satisfait au travail?"), la France se retrouve systématiquement en queue des classements internationaux.</li>
</ol>
Selon Philippon, et pour le résumer à gros traits, cette singularité française trouve son origine à la fois dans l'histoire du syndicalisme français (développement tardif par rapport à d'autres pays, en raison de la méfiance de l’État à l'égard des corporations) et dans celle du patronat français (caractère paternaliste d'un capitalisme familial beaucoup plus présent en France).<br />
<br />
En dehors de toute considération macroéconomique, une telle situation est évidemment néfaste en soi : les salariés préfèrent en général trouver de la satisfaction dans leur travail et l'immense majorité des syndicalistes et des patrons préfèrent entretenir entre eux des relations constructives. Mais Philippon montre en outre, études économiques à l'appui, qu'il est probable que la mauvaise qualité des relations sociales soit aussi un facteur de chômage élevé, sans doute parce qu'elle réduit la probabilité que patronat et syndicats parviennent à se coordonner efficacement pour répondre à un choc sur le marché de l'emploi.<br />
<br />
Ce diagnostic le conduit à proposer des réformes pour renforcer la représentativité des organisations syndicales et patronales, revoir la formation des managers ou encore réduire les incitations (par exemple fiscales) à la transmission dynastique des entreprises. Autant de prescriptions intéressantes mais qui laissent à mon sens de côté une solution vers laquelle conduisait logiquement son étude. Pour démontrer que capitalisme familial à la française est bien une des causes des mauvaises relations sociales, Philippon relève en effet que les entreprises qui arrivent en tête des réguliers classements sur "les boîtes où il fait bon travailler" sont souvent en France les filiales de groupes étrangers. Dans les autres pays, au contraire, ce sont des entreprises nationales qui occupent les premières places.<br />
<br />
Si tel est bien toujours le cas, la prise de contrôle de sociétés françaises par des groupes étrangers apparaît alors une solution beaucoup plus directe et efficace, parce qu'elle permet de remplacer un management à la française peu performant par un management étranger qui a de grandes chances de lui être supérieur. (d'accord, Mittal est probablement un contre-exemple).<br />
<br />
Conclusion : sauf dans des cas limités où des enjeux de souveraineté nationale peuvent se poser (pas Danone), laisser les étrangers racheter librement les fleurons de notre industrie et de nos services nationaux est sans doute une excellente idée. Et la solution de Montebourg consistant à permettre de telles opérations <i>à condition de préserver l'identité de l'entreprise française rachetée</i> pourrait bien être la pire des options.Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-12545389413829416682012-05-01T23:44:00.003+02:002018-04-08T22:32:19.352+02:00Pourquoi Sarkozy va perdre*Je l'avais <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.fr/2004/12/pas-si-plat.html">écrit en 2004</a> et je n'ai pas changé d'avis depuis :<span style="color: black;"> en dépit de mes sympathies partisanes (auxquelles s'ajoute ces jours-ci un haut-le-cœur certain quand j'entends certains propos de l'actuel président), je continue à "<i>trouver François Hollande désespérément médiocre, et Nicolas
Sarkozy invariablement impressionnant.</i>"</span><br />
<br />
Et pourtant, je suis depuis longtemps persuadé que Nicolas Sarkozy ne sera pas réélu président de la République. Pour une raison fort simple : il est <i>extrêmement impopulaire</i>. Pas juste impopulaire comme un président en fin de mandat, qui a subi la classique usure du pouvoir. Pas seulement impopulaire comme un dirigeant politique confronté à une crise économique grave et à la nécessité de redresser les comptes publics. Mais exceptionnellement et durablement impopulaire, comme on n'en trouve que peu d'exemples à l'étranger ou dans l'histoire politique française.<br />
<br />
Une première manière de l'envisager est de revenir sur l'évolution de la cote de popularité de Nicolas Sarkozy depuis 2007. Une manière simple de jauger la popularité d'un homme politique est de
considérer si le pourcentage de ceux qui approuvent son action est
supérieure à celle qui la désapprouvent. C'est ce que les sondeurs
appellent le solde d'opinion, la cote ou l'indice de confiance.<br />
<br />
A cette aune (<i>cf</i>. graphique ci-dessous, version grand format en cliquant dessus), le président Sarkozy a été populaire pendant exactement 7 mois, de mai à
décembre 2007. Depuis janvier 2008, seuls trois sondages, au tournant de l'année 2009, lui ont donné un indice de confiance (marginalement) positif. Ce qui veut dire que l'action de Nicolas Sarkozy est depuis plus de 4 ans continûment rejetée par une majorité de l'opinion, ce rejet étant massif depuis plus de 2 ans.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3XZenOXptUNlArJFb5OFCs-Rr4a9iOUN_CHjzmR79og89K4R9plQPh5HqJCgCfV5sCT79kNuGnavClitX9zyDz7oBymNHQuCIXMprCmN45QYl1ayIjiw5mmjT7k36plEYk2rw/s1600/20120501_Sarkozy.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3XZenOXptUNlArJFb5OFCs-Rr4a9iOUN_CHjzmR79og89K4R9plQPh5HqJCgCfV5sCT79kNuGnavClitX9zyDz7oBymNHQuCIXMprCmN45QYl1ayIjiw5mmjT7k36plEYk2rw/s1600/20120501_Sarkozy.png" width="620" /></a>
<br />
<br />
<br />
Mais cette impopularité n'a-t-elle pas aussi frappé les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy à l’Élysée? Non, à une exception près.<br />
<br />
Si l'on fait la moyenne des indices de confiance enregistrés pour chaque mandat présidentiel depuis 1981 (données TNS Sofres, retracées dans le graphique ci-dessous), on obtient un résultat de +6 pour le premier mandat de François Mitterrand, de -1 pour son second mandat et de - 1 également pour le premier mandat de Jacques Chirac.<br />
<br />
Ledit Chirac a ensuite décidé d'oublier les conditions de son élection en 2002, ce qui lui a permis de battre (largement) le record d'impopularité établi par Mitterrand au début 1993 et à parvenir à une moyenne de -27 sur l'ensemble de son second mandat. C'est à dire que le pourcentage de ceux qui désapprouvaient son action étaient, en moyenne sur 2002-2007, supérieur de 27 points au pourcentage de ceux qui l'approuvaient. Autant dire un gouffre.<br />
<br />
Et Sarkozy depuis 2007? -27 points également. <br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXBhnbS45AaUb3dj_LhwJ4VEEFK0hT3e7hJMvi8oqbYrzZIdUPt0M04QMH-CS-NHpHnIxSvgDdaBrVXDqNvOk1dOuZYo_2CvIi_ypiflKVBJpsOldJQrLZyVsdnxYWbaTmvJ2g/s1600/20120501_Prsidents.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiXBhnbS45AaUb3dj_LhwJ4VEEFK0hT3e7hJMvi8oqbYrzZIdUPt0M04QMH-CS-NHpHnIxSvgDdaBrVXDqNvOk1dOuZYo_2CvIi_ypiflKVBJpsOldJQrLZyVsdnxYWbaTmvJ2g/s1600/20120501_Prsidents.png" width="620" /></a>
<br />
<br />
<br />
Pour enfoncer le clou de mon argument au-delà des moyennes et des courbes, je m'autorise un petit détour historique.<br />
<br />
Pour le meilleur et pour le pire, je suis suffisamment <strike>vieux</strike> expérimenté pour avoir de vagues souvenirs du climat politique du début des années 1990. François Mitterrand avait alors eu la brillante idée de congédier un premier ministre populaire et de le remplacer par une proche dont la capacité à s'imposer à Matignon était pour le moins discutable. Le PS essayait tant bien que mal de retrouver un semblant d’unité après le désastre du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Congr%C3%A8s_de_Rennes">congrès de Rennes</a> de mars 1990. Le ralentissement économique mondial du début des années 1990 et la politique du franc fort allaient finir par précipiter la France dans la récession au printemps 1992, le taux de chômage dépassant les 10 % pour la première fois depuis 1945 un an plus tard. Et les "affaires"se rapprochaient de plus en plus du président de la République.<br />
<br />
Le discrédit qui pesait sur les socialistes était tel que certains constitutionnalistes avaient pu se demander à l'époque si la gauche aurait suffisamment de députés après les législatives de mars 1993 pour pouvoir saisir le Conseil constitutionnel (60 députés sont nécessaires). Ce fut le cas. De justesse : 52 députés socialistes, 22 communistes. Contre 458 députés RPR et UDF.<br />
<br />
La gauche parlementaire a bien sûr vécu d'autres périodes difficiles depuis 1945 : <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_de_mai_1958">1958</a>, <span id="goog_394203893"></span><a href="http://www.blogger.com/">1969<span id="goog_394203894"></span></a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Tournant_de_la_rigueur">1983</a> ou <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lection_pr%C3%A9sidentielle_fran%C3%A7aise_de_2002#Premier_tour">2002</a> en particulier. Mais on peut soutenir que celle-là était la pire. Ce qui rend d'autant plus frappant le fait que la cote de popularité de Sarkozy (33 % de popularité, indice de confiance de -30 dans le dernier baromètre TNS Sofres) est aujourd'hui à peine supérieure au pire score de Mitterrand sur la période 1991-1993 (31 % et -36 dans le baromètre de février 1993). Je répète : Sarkozy, même après la remobilisation de ses soutiens depuis son entrée en campagne, est aujourd'hui presque aussi (im)populaire que Mitterrand avant la débâcle socialiste des législatives de 1993.<br />
<br />
Dans ce contexte, le fait pour le président de parvenir au second tour en réalisant (au forceps) l'unité dans son camp est déjà une performance politique. Mais compte tenu du rejet massif dont il fait l'objet, la seule voie vers la victoire pour Nicolas Sarkozy était de discréditer irrémédiablement son adversaire auprès de l'opinion. Il n'y est pas parvenu. Il sera donc battu*.<br />
<br />
* intervalle de confiance à 95 % (<a href="http://xkcd.com/882/"><i>confer</i></a>)Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com13tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-48231834919290241462012-04-23T00:25:00.001+02:002018-04-08T22:55:24.832+02:00[Sondages] Les sondeurs se sont-ils plantés?Sur TF1 ce soir, Nadine Morano <a href="http://elections.lefigaro.fr/flash-presidentielle/2012/04/22/97006-20120422FILWWW00240-morano-c-est-le-plantage-des-sondages.php">a fustigé</a> "le plantage total des instituts de sondage", en mettant en avant le fait que "ce qui est arrivé ce soir, c'est que les deux [premiers] candidats sont arrivés dans un mouchoir de poche".<br />
<br />
La ministre chargée de l'apprentissage et de la formation professionnelle ne pouvait pas plus parfaitement se tromper. Une comparaison des derniers sondages des 8 instituts avec les résultats du premier tour (la moyenne des estimations à minuit) montre en effet que la performance des sondeurs a été plutôt bonne.<br />
<br />
En 2007, comme <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.fr/2012/04/le-premier-tour-approchant-certains.html">je le notais vendredi</a>, l'erreur moyenne de l'ensemble des sondeurs sur les scores des 4 grands candidats avait été de 2,6 pt, le meilleur institut (Ipsos) présentant une erreur moyenne de 2,2 pt. En 2012, comme le détaille le tableau ci-dessous (cliquer pour agrandir), l'erreur moyenne sur les 5 grands candidats n'est que de 1,8 pt, et le meilleur institut (TNS Sofres) est à seulement 1,4 pt.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiinlxUx6gYQkLXXP3aEo1G3Q7GnKEW1zDhZhs-HFYLifq4jatBP2VtuREI94qh1w5z_8HPkmPjFv47GpRbR_6ZUrR5G1zdPVyUHRLqj6eWhzVco8dxypqwGqLF8k_YHj9XzFNB/s1600/20120422_Sondeurs2.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiinlxUx6gYQkLXXP3aEo1G3Q7GnKEW1zDhZhs-HFYLifq4jatBP2VtuREI94qh1w5z_8HPkmPjFv47GpRbR_6ZUrR5G1zdPVyUHRLqj6eWhzVco8dxypqwGqLF8k_YHj9XzFNB/s1600/20120422_Sondeurs2.png" width="620" /></a><br />
<br />
<br />
Certes, comme le montre le graphique ci-dessous, l'écart entre le score final (triangulé) de Marine Le Pen a été de plus de deux point supérieur à la moyenne des dernière enquêtes. Et Jean-Luc Mélenchon se trouve à près de trois points plus bas.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZRsLCpT7L2VchQFaTO_1q-4ji3PZ4YaXGYRmDUbb760nT8vpw_aF38TN4c_LCrUutuTJIqQxP9VvLU9Lm7KVuO8ONtBvgKqyjdEXXG1DLmO6UU7X5zgK9FB0DJOyvGERPjSIC/s1600/20120422_Prez7j.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZRsLCpT7L2VchQFaTO_1q-4ji3PZ4YaXGYRmDUbb760nT8vpw_aF38TN4c_LCrUutuTJIqQxP9VvLU9Lm7KVuO8ONtBvgKqyjdEXXG1DLmO6UU7X5zgK9FB0DJOyvGERPjSIC/s1600/20120422_Prez7j.png" width="620" /></a><br />
<br />
<br />
Mais, à l'inverse de 2007, les scores des deux premiers candidats ont été très correctement prévus. Ce qui explique que, contrairement à ce que laisse penser Nadine Morano, l'écart au premier tour entre François Hollande et Nicolas Sarkozy est <i>exactement </i>celui auquel on pouvait s'attendre en suivant la tendance des sondages.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvUB8FK_ZEEZYYnSYmeCncgPOxJKSxAVRysmRYXPQ6BY66FzwLzsre1kORUCJnAvTIQAluiea8-ow38DLCJfczw2rajk0v629F4dKwelTGRXjDydYRpZmPH6B-DlN6_yyp8yT1/s1600/20120422_Ecart_top2.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvUB8FK_ZEEZYYnSYmeCncgPOxJKSxAVRysmRYXPQ6BY66FzwLzsre1kORUCJnAvTIQAluiea8-ow38DLCJfczw2rajk0v629F4dKwelTGRXjDydYRpZmPH6B-DlN6_yyp8yT1/s1600/20120422_Ecart_top2.png" width="620" /></a><br />
<br />
<br />
Et le score de <i>Ceteris Paribus</i>, dans tout ça? Il est correct, sans plus : une simulation sur la base des tendances des derniers sondages aurait présentée une erreur moyenne de 1,8 pt. Soit exactement le même score que la moyenne des sondages. Ce n'est pas déshonorant. Mais pas spécialement glorieux non plus. Finalement, <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.fr/2012/04/sondages-stupida-lex-sed-lex.html">la loi de 1977</a> a peut-être du bon.<br />
<br />
<i>Post scriptum</i> (25/04) : avec les <a href="http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2012/declaration-premier-tour-presidentielle-2012/decision-declaration-premier-tour-presidentielle-2012-du-25-avril-2012.105561.html">résultats définitifs</a>, la performance des sondeurs est encore meilleure. L'erreur moyenne (RMSE) est à 1,6. Les bons élèves : TNS Sofres (erreur moyenne à 1,3), Harris et Opinion Way (1,4 tous les deux). Soit un sondeur par téléphone et deux par Internet. Comme quoi...Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-51557600492419311852012-04-21T20:16:00.000+02:002012-04-21T20:54:06.783+02:00[sondages] Stupida lex, sed lexLes <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.fr/2012/04/le-premier-tour-approchant-certains.html">courbes finales</a> de premier tour pour 2012 devront attendre. Et je ne publierai pas de prévision.<br />
<br />
La <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=B1FDF0DEC2183E11B6B91E4D7C03BF5E.tpdjo16v_1?cidTexte=LEGITEXT000006068614&dateTexte=20120421">loi n° 77-808 du 19 juillet 1977</a> relative à la publication et à la diffusion de certains sondages d'opinion, modifiée en particulier par la <a href="http://www.senat.fr/dossier-legislatif/pjl01-184.html">loi n° 2002-214 du 19 février 2002</a>, m'en empêche. Son article 11 dispose en effet que :<br />
<blockquote class="tr_bq">
La veille de chaque tour de scrutin ainsi que le jour de celui-ci, sont
interdits, par quelque moyen que ce soit, la publication, la diffusion
et le commentaire de tout sondage tel que défini à l'article 1er. Cette
interdiction est également applicable aux sondages ayant fait l'objet
d'une publication, d'une diffusion ou d'un commentaire avant la veille
de chaque tour de scrutin. Elle ne fait pas obstacle à la poursuite de
la diffusion des publications parues ou des données mises en ligne avant
cette date.</blockquote>
L'article 1 définit un "sondage" de la façon suivante :<br />
<blockquote class="tr_bq">
Sont régies par les dispositions de la présente loi la publication
et la diffusion de tout sondage d'opinion ayant un rapport direct ou
indirect avec un référendum, une élection présidentielle ou l'une des
élections réglementées par le code électoral ainsi qu'avec l'élection
des représentants à l'Assemblée des Communautés européennes.<br />
<br />
Les opérations de simulation de vote réalisées à partir de
sondages d'opinion sont assimilées à des sondages d'opinion pour
l'application de la présente loi.</blockquote>
<i>Contra </i><a href="https://twitter.com/#%21/Maitre_Eolas/status/193686100634636288">Maître Eolas</a>, je considère, sur la base de la logique élémentaire et de la claire volonté du législateur, que les sondages visés à l'article 1 sont uniquement ceux qui ont un lien direct ou indirect avec l'élection en cours. Autrement dit, le fait d'être à la veille du premier tour de la présidentielle ne m'empêche nullement de commenter des sondages ayant trait à la présidentielle 2007 et <i>a fortiori</i> à d'autres élections passées.<br />
<br />
Je suppose,<i> a contrario</i>, qu'un sondage ayant trait aux prochains élections législatives (ou à la prochaine élection présidentielle) pourrait être considéré comme ayant un lien indirect avec l'élection en cours. La Cour de Cassation avait ainsi <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000007066517&fastReqId=1497712326&fastPos=1">jugé</a> en 1996 qu'une enquête comportant la question "êtes-vous personnellement très favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou très opposé à la construction de l'Europe?" présentait un rapport indirect avec le référendum sur le traité de Maastricht du 20 septembre 1992 et que sa publication moins d'une semaine avant le scrutin n'était en conséquence pas licite.<br />
<br />
La loi du 19 février 2002 a ramené ce délai à une journée avant le scrutin, suite <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000007071393&fastReqId=1998949593&fastPos=6">un arrêt</a> de la Cour de Cassation du 4 septembre 2001 jugeant la législation française incompatible avec la Convention européenne des droits de l'homme. Mais elle a également étendu l'interdiction de commenter et de diffuser aux sondages déjà publiés avant la veille du scrutin. Si bien que la législation actuelle se retrouve sur ce point plus restrictive que la loi de 1977, qui avait été élaborée par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Bonnet">des</a> <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Peyrefitte">ministres</a> dont l'amour des libertés publiques n'était pas la première caractéristique.<br />
<br />
Les dispositions ajoutées en 2002 m'interdisent donc publier un graphique présentant de manière synthétique l'évolution du score des principaux candidats (ce qui s’apparenterait à une diffusion de sondages déjà publiés). Tandis que le texte de 1977 m'empêche de m'essayer à une prévision des résultats du premier tour (car "les opérations de simulation de vote réalisées à partir de
sondages d'opinion sont assimilées à des sondages d'opinion").<br />
<br />
Au cours du débat au Sénat en 2002 sur la modification de la loi de 1977, le toujours sénateur socialiste Jean-Pierre Sueur <a href="http://www.senat.fr/seances/s200202/s20020207/sc20020207004.html">notait fort justement</a> :<br />
<blockquote class="tr_bq">
il est probable que le nombre de personnes ayant accès aux
informations diffusées soit par la presse étrangère, soit par Internet, soit
par les deux, ira croissant. Monsieur le ministre, il sera par conséquent
utile, à l'avenir, de réfléchir, peut-être à la faveur de l'expérience, sur
l'article 2 et de nous interroger sur l'interdiction faite de commenter les
sondages existant depuis six mois, depuis quatre mois, depuis huit jours, alors
que pourront toujours être diffusés les commentaires et informations publiés
avant le vendredi. C'est une question délicate, car il n'est pas facile de
trouver le bon équilibre. Il faudra sans doute revenir sur certaines
dispositions pour tâcher de les améliorer, étant entendu que ce n'est pas là
chose aisée.</blockquote>
Cette amélioration nécessaire a failli avoir eu lieu. Une <a href="http://www.assemblee-nationale.fr/13/dossiers/garantir_sincerite_debat_politique.asp">proposition de loi sur les sondages</a> visant à mieux garantir la sincérité du débat politique et électoral a été déposée le 25 octobre 2010. Elle <a href="http://www.senat.fr/rap/l10-276/l10-276_mono.html#toc127">prévoyait</a> en particulier de "<i>modifier le droit en
vigueur en autorisant le commentaire de sondages publiés avant la veille
du scrutin</i>". Elle a été votée à l’unanimité par le Sénat le 14 février 2011. Le Gouvernement avait <a href="http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/02/15/loi-sur-la-transparence-des-sondages-le-gouvernement-veut-torpiller-le-texte_1480263_823448.html">jugé bon</a> de s'opposer à ce que l'Assemblée nationale lui emboîte le pas.<br />
<br />
Il ne serait pas stupide que la nouvelle majorité à l'Assemblée nationale, quelle qu'elle soit, inscrive ce texte à l'ordre du jour et l'adopte rapidement.Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-9066048570684149402012-04-20T21:34:00.000+02:002018-04-08T23:46:50.586+02:00[sondages] Retour sur 2007Le premier tour approchant, certains camarades en lecture de courbes ont eu la bonne idée de s’intéresser à la performance prédictive des sondages avant le premier tour des présidentielles précédentes. C’est en particulier le cas de Thomas Wieder du <i>Monde</i>, qui <a href="http://sondages.blog.lemonde.fr/2012/04/19/le-vendredi-connait-on-les-resultats-du-dimanche/">rappelle</a> fort justement que les sondeurs se sont plantés grave en 2002, au moins sur l’essentiel, et que leur performance était beaucoup plus respectable en 2007, à un <i>swap </i>Sarkozy (plus haut) et Le Pen (plus bas) près. Tout en démontrant qu’il est encore possible en 2012 de faire des tableaux sous DOS.<br />
<br />
Comme d’habitude, je pense qu’on peut affiner l'analyse. Au moins sur 2007, dans la mesure où je n’ai pas (encore ?) pris la peine de rassembler les données de sondage de 2002.
Il y a 5 ans, donc, les 3 derniers mois de campagne considérés au prisme des sondages ressemblaient à ça (cliquer sur l'image pour l'agrandir, tendance calculée comme dans les <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.fr/2012/03/925fr.html">notes</a> <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.fr/2012/03/sondages-hollande-et-sarkozy-egalite-au.html">précédentes</a>, résultats électoraux triangulés).<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjB2BRDq62KKmj-Pp-jE4cqi8ZpCb9HPVXeEezSHV47wm3VyDNEcE5h_SuwzJxfCmPDxb9HqnimeGNFe8n-xQx9QRvce4OFwh-jasZZFxn-Rwtl6zI3Cpp4rK0uwpQ5OPsbUON-/s1600/20120420_Prez2007-1.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjB2BRDq62KKmj-Pp-jE4cqi8ZpCb9HPVXeEezSHV47wm3VyDNEcE5h_SuwzJxfCmPDxb9HqnimeGNFe8n-xQx9QRvce4OFwh-jasZZFxn-Rwtl6zI3Cpp4rK0uwpQ5OPsbUON-/s1600/20120420_Prez2007-1.png" width="620" /></a><br />
<br />
<br />
Vu de 2012, l’élément le plus frappant est la relative stabilité des rapports de force. Certes, il y a la très spectaculaire percée de François Bayrou, qui part de très bas (6 % dans un sondage CSA du 6 janvier 2007), parvient à rattraper Ségolène Royal (au moins selon Ifop, qui les place tous les deux à 23 % dans un sondage du 9 mars), avant de voir sa courbe piquer du nez jusqu’à la présidentielle. Mais la tendance des intentions de vote en faveur de Jean-Marie Le Pen selon les sondeurs était quasiment constante de janvier à avril 2012, entre 12 et 14 %.<br />
<br />
Surtout, comme le montre le zoom ci-dessous, la tendance de l’écart entre Nicolas
Sarkozy et Ségolène Royal est aussi restée très stable, entre 3 et 4
points de janvier à avril 2007, même si quelques rares sondages
pouvaient faire croire à un croisement des courbes (2 points d’avance
pour Royal dans une enquête Ifop du 5 janvier, 1 point dans un sondage
CSA du 20 février).<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVPzkzmtg4Z6Buka6lXiIY8JNff7mdkfeqZxGibPJy7C5lt7-GoYTAdJeJw1JL0sy_NRB_6zDmlJ1N_LGyW-8V2iyvUcU2sRLSnf6g_ybvgGt-13xYn2M9ujOuNMwOImbChYws/s1600/20120420_Prez2007_top2-1.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVPzkzmtg4Z6Buka6lXiIY8JNff7mdkfeqZxGibPJy7C5lt7-GoYTAdJeJw1JL0sy_NRB_6zDmlJ1N_LGyW-8V2iyvUcU2sRLSnf6g_ybvgGt-13xYn2M9ujOuNMwOImbChYws/s1600/20120420_Prez2007_top2-1.png" width="620" /></a><br />
<br />
Si bien que la dernière présidentielle apporte un démenti cinglant (version hollandaise) / une exception qui confirme la règle (version sarkozyste) à l’adage selon lequel « le favori de janvier n’est pas le vainqueur de juin ».<br />
<br />
Comment s’étaient comportés alors les sondeurs ? Une façon frustre de le faire est de calculer une moyenne sur les derniers sondages publiés par les différents instituts et de la comparer ensuite avec les votes effectifs du premier tour. Une manière plus élaborée consiste à calculer une erreur moyenne pour chaque institut de sondage. Le tableau ci-dessous donne l’erreur moyenne (plus précisément la racine carrée de l'<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Erreur_quadratique_moyenne">erreur quadratique moyenne</a>, RMSE en anglais, qui permet de surpondérer les erreurs importantes) de chaque institut pour les 4 candidats arrivés en tête en 2007 : je pars du principe que la bonne prévision du score des petits candidats est moins importante. On constate qu'Ipsos avait eu la meilleure performance, LH2 et surtout CSA les moins bonnes.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiggxeEoBqOxgpazHRXWsT9Tk_lqmFWSSzfUNGlX5_fVoa5sT5AoWHA8QBS3GtkYlWhaX3m4Z98W2i-eD1aqBvybehQZrTbDInYubuQ0YNMeLZHOFJFvjLAG-AIA-U4DlLScy9s/s1600/20120420_Sondeurs2007-2.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiggxeEoBqOxgpazHRXWsT9Tk_lqmFWSSzfUNGlX5_fVoa5sT5AoWHA8QBS3GtkYlWhaX3m4Z98W2i-eD1aqBvybehQZrTbDInYubuQ0YNMeLZHOFJFvjLAG-AIA-U4DlLScy9s/s1600/20120420_Sondeurs2007-2.png" width="620" /></a><br />
<br />
Est-ce que mes outils permettaient de prévoir de façon satisfaisante les résultats du premier tour ? Pour le savoir, j’ai regardé ce que donnait la tendance des sondages, calculée sur les 7 derniers jours, au samedi 21 avril 2007. Et j’ai comparé le résultat à ceux du premier tour et à une prévision naïve (la moyenne des dernières enquêtes des différents instituts). La bonne nouvelle est que mon modèle aurait obtenu un bon classement : s’il était en compétition avec les autres instituts, il aurait été deuxième derrière Ipsos, avec une erreur moyenne de 2,5 pts. La moins bonne nouvelle est qu’il n’est que légèrement plus performant (0,1 pt) qu’une prévision consistant à faire la moyenne des différents instituts.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitkTlqxV44Wnd1gCF0YwMR1zz-dVAZnf-u-k9gyV1haxZiDgfWdaMzZcXFEzZ_2D852_EWv6OpvRmjnaBGWjX2a-X-84VQDb52Qs_dtiAoANoDqON7onkEjHsvdAgr8pzI01NP/s1600/20120420_Sondeurs2_2007-1.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitkTlqxV44Wnd1gCF0YwMR1zz-dVAZnf-u-k9gyV1haxZiDgfWdaMzZcXFEzZ_2D852_EWv6OpvRmjnaBGWjX2a-X-84VQDb52Qs_dtiAoANoDqON7onkEjHsvdAgr8pzI01NP/s1600/20120420_Sondeurs2_2007-1.png" width="620" /></a><br />
<br />
Est-il possible d'améliorer la prévision pour faire mieux ? Ma méthode actuelle permet de sous-pondérer des prévisions datées, ce qui était utile en 2007 pour diminuer le poids accordé à l’enquête LH2, achevée une semaine avant le premier tour, et qui s’est avérée loin du compte. Mais elle ne permet pas d’écarter les mauvaise prévisions récentes, ce qui était le cas de l’enquête CSA du vendredi 20, qui avait considérablement surestimé le score de Jean-Marie Le Pen et sous-estimé celui de Nicolas Sarkozy.<br />
<br />
Une idée serait d’utiliser les résultats passés pour pondérer de manière différente les instituts en fonction de leur performance. Par exemple, je pourrais faire une prévision 2012 à la lumière des erreurs de 2007. La difficulté est que les méthodes et les équipes ont pu beaucoup changer en 5 ans. Sous les probables sarcasmes de certains de mes lecteurs, j'affirme qu'on peut ainsi espérer que les sondeurs dont les résultats ont été décevants ont cherché à améliorer leurs outils depuis. L’idéal serait de pouvoir juger de la performance des sondeurs dans les mois précédant l’élection. Outre-Atlantique, la tâche est facilitée par l’organisation de primaires dans <a href="http://www.snopes.com/politics/obama/57states.asp"><strike>57</strike></a> 50 Etats l’année de la présidentielle. Primaire socialiste mise à part, il n’existe rien de tel en France pour l’instant.<br />
<br />
Une solution plus créative est de tenter d’évaluer la performance des instituts en calculant un RMSE correspondant à l'écart entre le résultat de leurs enquêtes et la tendance moyenne, qui dépend de l'ensemble des résultats publiés par les sondeurs. L’intérêt de la méthode est de pouvoir pénaliser les instituts qui ont tendance à publier des résultats suffisamment éloignés de la tendance (des <i>outliers</i>, en bon angliche), pour qu'on puisse douter de leur validité. Une telle approche part du principe que la moyenne des sondeurs a plus de chance d’avoir raison qu’un sondeur unique, pris au hasard. Et que les <i>outliers </i>ne sont pas distribués totalement au hasard, mais nous disent quelque chose sur la valeur intrinsèque des méthodes employées par les différents sondeurs.<br />
<br />
C’est un principe qui peut être discuté. Mais la méthode donne des résultats intéressants sur 2007 : l’écart à la tendance moyenne (calculée sur 7 jours, de début janvier 2007 au premier tour) permet ainsi de bien prévoir la capacité prédictive des différents instituts. En particulier, l’institut le plus proche de la tendance (Ipsos) était celui qui était le moins éloigné des résultats et l’inverse était également vrai pour CSA. La seule exception à la règle concerne LH2 mais on peut arguer qu’il était pénalisé par une enquête précoce par rapport au premier tour.<br />
<br />
<a href="hhttps://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhN8od939NM1TbPhrRTqTRRJXm1jD_E-4CR5pXscg2teoS4qN89LtiJvxcvU_ov5caul_WmKOsTfKJtJd7-DwSLxv-iSwMAJJxMVTgh5juSIWtdtZh5qv7bvsPrNewwMESJKElq/s1600/20120420_Sondeurs3_2007-1.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhN8od939NM1TbPhrRTqTRRJXm1jD_E-4CR5pXscg2teoS4qN89LtiJvxcvU_ov5caul_WmKOsTfKJtJd7-DwSLxv-iSwMAJJxMVTgh5juSIWtdtZh5qv7bvsPrNewwMESJKElq/s1600/20120420_Sondeurs3_2007-1.png" /></a><br />
<br />
Si ça intéresse encore quelques lecteurs, je reviendrais demain sur 2012. Avec des courbes finales de premier tour. Et, si je trouve le temps et que mes camarades économètres n’ont pas démoli mes analyses d’ici-là, une prévision argumentée des résultats du premier tour.Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-53019660399630569532012-04-09T02:07:00.001+02:002018-04-08T23:40:03.894+02:00[sondages] Croisement(s) de courbesLes sondeurs se risquent rarement à faire des enquêtes le week-end. Et encore moins les week-end de trois jours, au cours desquels les sondés potentiels ont une fâcheuse tendance à déserter leur domicile. Raison pour laquelle, sauf <a href="https://twitter.com/#%21/search/bva%20fake">livraison surprise</a> d'une enquête BVA pour Orange/RTL ce lundi, la trêve pascale est une période idéale pour faire un point sur les sondages, à tête reposée et à deux semaines du premier tour.<br />
<br />
Douze sondages ont été publiés depuis ma <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.fr/2012/03/sondages-hollande-et-sarkozy-egalite-au.html">dernière note</a>. Une fois passés à la double moulinette d'Excel et de <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Local_regression">Loess</a>, les nouveaux points permettent de prolonger les courbes de tendance et d'affiner le diagnostic.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxkm3Kpfs87nSnqTBj9ohdQ3dwiMcC29IKu1jxrblpQb7heMap0L0gWUvX6EtW4RoshOeT6vx5BOnOjP8rdZLmfBhysZnWL4KfUPTgOWnJuBHzGhroPVSL57aY7-uJVQHCqlFA/s1600/20120408_Prez7j.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxkm3Kpfs87nSnqTBj9ohdQ3dwiMcC29IKu1jxrblpQb7heMap0L0gWUvX6EtW4RoshOeT6vx5BOnOjP8rdZLmfBhysZnWL4KfUPTgOWnJuBHzGhroPVSL57aY7-uJVQHCqlFA/s1600/20120408_Prez7j.png" width="620" /></a><br />
<br />
<br />
Le premier enseignement, qui ne surprendra pas même les fidèles de l'<i>Hebdo des socialistes</i>, est que le croisement des courbes entre François Hollande et Nicolas Sarkozy a bien eu lieu. Aux alentours du 20 mars, si l'on se fie à la tendance (<i>cf.</i> graphique ci-dessous). C'est-à-dire au moment de l'affaire Merah, mais sans que cet événement ait semblé modifier la dynamique en faveur de Nicolas Sarkozy perceptible depuis le début mars. Il reste que l'écart entre Hollande et Sarkozy est encore faible à ce stade (entre 1 et 2 points, d'après mes calculs). Rien qui ne puisse être remis en cause par une semaine de campagne électorale. <i>A fortiori</i> par deux.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiwHTFO14fGMGFl8cYhUcKkqlgLzLuXGtNQEj1VV2XhyrYmQEl_zagmMihYHq4NGdcrMfgclAJzyO6xziNoEfI6nEvbFkVU26ytS7YHnW4AJTp2HivwcYuvONtWm6k_Q0Yt4qz/s1600/20120408_EcartHS.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiwHTFO14fGMGFl8cYhUcKkqlgLzLuXGtNQEj1VV2XhyrYmQEl_zagmMihYHq4NGdcrMfgclAJzyO6xziNoEfI6nEvbFkVU26ytS7YHnW4AJTp2HivwcYuvONtWm6k_Q0Yt4qz/s1600/20120408_EcartHS.png" width="620" /></a><br />
<br />
<br />
Le deuxième fait saillant est la progression de Jean-Luc Mélenchon. Progression qui s'observe de façon quasiment continue depuis le début de l'année mais s'est brusquement accélérée un peu avant la mi-mars, comme le montre le graphique ci-dessous. C'est-à-dire pile au moment où Mélenchon a reçu le <a href="http://www.placeaupeuple2012.fr/soutien-de-didier-porte-a-jean-luc-melenchon/">soutien de Didier Porte</a>. Depuis, Mélenchon a clairement doublé Bayrou, dont le soufflé sondagier commence à furieusement ressembler à celui qu'il avait déjà connu en 2007. Les espoirs crédibles de second tour en moins.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5AU3xLt7JxK8Y1o7-vtaydUOddJ1ebFbUWIC6BlxgZvAVbev0xk4QV3oUnHpDpU3N7UMzIduN7eUcHNoVyKAk24X1ii3avRvQbr_n5Pj2MbzzJ3JqYgKCJRksLJ4Fe6fA7kLn/s1600/20120408_Next3.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5AU3xLt7JxK8Y1o7-vtaydUOddJ1ebFbUWIC6BlxgZvAVbev0xk4QV3oUnHpDpU3N7UMzIduN7eUcHNoVyKAk24X1ii3avRvQbr_n5Pj2MbzzJ3JqYgKCJRksLJ4Fe6fA7kLn/s1600/20120408_Next3.png" width="620" /></a><br />
<br />
<br />
Les positions relatives de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen sont moins claires. La dynamique est clairement du côté du candidat du Front de gauche, mais les sondages récents sont contradictoires concernant son accession à la 3e place. Sur les 6 enquêtes réalisées depuis la fin de semaine dernière, 3 voient ainsi Mélenchon devant et 3 autres placent Marine Le Pen en tête.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOq9amzCSUrX6KznE6ixMdgIVe78BpiaegRk4IOYMZL1b4Ja3KJ_57CbcLufns_YeO_u3UhrDaB9eeJQB7tzpffWqdKiZLNxM8KWD-hAXUrQ1NEAfY_CMhOfeSvxKMZYucptf4/s1600/20120408_Sondages.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOq9amzCSUrX6KznE6ixMdgIVe78BpiaegRk4IOYMZL1b4Ja3KJ_57CbcLufns_YeO_u3UhrDaB9eeJQB7tzpffWqdKiZLNxM8KWD-hAXUrQ1NEAfY_CMhOfeSvxKMZYucptf4/s1600/20120408_Sondages.png" width="620" /></a><br />
<br />
Comme pour le duel Hollande-Sarkozy, on retrouve des écarts assez nets en fonction de la méthodologie des sondages : Mélechon est plus haut que la moyenne, et Le Pen plus basse, dans les enquêtes réalisées par téléphone depuis le début de l'année 2012. L'inverse est vraie pour les sondages effectués par Internet.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibEwFAOFAba-vEa44PCPnrcab5HzM5PnvKFN-thwiWF1xUm_UmDJLXYu6RI-UKkap1XlaJc0C0RDK4eJrm0nUlzThtH9bWatk1kv3rVAsQhLrtdMj4nqI191XxtxjNT12nRXh5/s1600/20120408_Sondeurs.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibEwFAOFAba-vEa44PCPnrcab5HzM5PnvKFN-thwiWF1xUm_UmDJLXYu6RI-UKkap1XlaJc0C0RDK4eJrm0nUlzThtH9bWatk1kv3rVAsQhLrtdMj4nqI191XxtxjNT12nRXh5/s1600/20120408_Sondeurs.png" width="620" /></a><br />
<br />
Hors la piste d'un simple artefact statistique, je n'ai toujours pas d'explication convaincante au phénomène. Et l'analyse des données de 2007 n'est pas d'un grand secours, dans la mesure où toutes les enquêtes étaient réalisées par téléphone il y a 5 ans. Le retour sur la présidentielle précédente n'est cependant pas inutile. Ne serait-ce que pour vérifier que ma méthode a un intérêt réel. Ce sera l'objet de la prochaine note.Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-15616613536884465252012-03-25T21:50:00.006+02:002018-04-08T22:59:54.283+02:00[Sondages] Hollande et Sarkozy à égalité au 1er tourDans ma <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.fr/2012/03/925fr.html">première note</a> sur les sondages de la présidentielle, j'écrivais que "<span style="color: black;"><i>la jonction des courbes [entre Hollande] et Sarkozy sur la période récente [est nette]</i>" et que je considérais Sarkozy comme le favori pour le premier tour. Avant d'ajouter une phrase qui précisait que la vie politique est pleine de rebondissements inattendus et que mes pronostics ne valent pas tripette.</span><br />
<br />
<span style="color: black;">A la réflexion, j'aurais mieux fait de mettre cette dernière phrase en gras. Ou de garder pour moi mes jugements définitifs. Parce que le point sur les sondages qu'on peut réaliser aujourd'hui ressemble étrangement à celui qu'on pouvait faire la semaine dernière. En tout cas concernant le duel pour la première place - la progression très rapide de Mélenchon et la baisse de Le Pen sont des informations nouvelles. </span><br />
<br />
<span style="color: black;">Et à la différence graphique près que l'ensemble des données de sondage est désormais visible, y compris quand plusieurs sondages sont réalisés au même moment. C'est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup (de boulot).<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuAlZcHTfjV_iXQRGAwP9iaMSCFVxRG04pMGape64Y5RvduuNH5R0oD1XNMINOZTMyQXRXDkheJqgTY3qp6erpIQGt7tM7WrTkcFQTzAiTJpPoHwt9kLqGxs5e7R_PeE_EmhN5/s1600/20120325_Prez7j.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuAlZcHTfjV_iXQRGAwP9iaMSCFVxRG04pMGape64Y5RvduuNH5R0oD1XNMINOZTMyQXRXDkheJqgTY3qp6erpIQGt7tM7WrTkcFQTzAiTJpPoHwt9kLqGxs5e7R_PeE_EmhN5/s1600/20120325_Prez7j.png" width="620" /></a><br />
<br />
</span><br />
<span style="color: black;">Comme la semaine dernière donc, la dynamique est clairement du côté de Sarkozy alors qu'Hollande marque le pas (je rappelle qu'un clic sur le graphique permet d'avoir la version full HD). Et comme la semaine dernière, le croisement des courbes apparaît imminent. Preuve qu'il ne l'était pas il y a 8 jours.</span><br />
<br />
<span style="color: black;">Comment expliquer ce paradoxe que Zénon <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_d%27Achille_et_de_la_tortue">n'aurait pas renié</a>? La réponse simple est que les sondages publiés dans la semaine sont venus tempérer l'image qu'on pouvait avoir avec les enquêtes rendues publiques jusqu'au samedi 17 mars. L'histoire globale n'est pas fondamentalement remise en cause mais la progression de Sarkozy apparaît un peu plus lente, alors que les intentions de vote en faveur de François Hollande semblent désormais se stabiliser autour de 28% alors que la tendance paraissait baissière la semaine dernière.<br />
<br />
On le voit beaucoup mieux avec une avancée technologique que j'ai piquée aux retransmissions footballistiques de Canal+ : la loupe.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPKulKhYloZ1TyS_l9nGg35P9e3y60GqCOescPgu4rlCnCMn6IxbTjxrr-akb2C8hPkFpn-Rs9SXt_jVKySVVTF7ZEEOIUxrlteIi_WXwhPTveUEj6p0YCeUk52jv7hUGcU8Az/s1600/20120325_HS7j.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPKulKhYloZ1TyS_l9nGg35P9e3y60GqCOescPgu4rlCnCMn6IxbTjxrr-akb2C8hPkFpn-Rs9SXt_jVKySVVTF7ZEEOIUxrlteIi_WXwhPTveUEj6p0YCeUk52jv7hUGcU8Az/s1600/20120325_HS7j.png" width="620" /></a><br />
<br />
<span style="color: black;"> </span></span><br />
<span style="color: black;"><span style="color: black;">Depuis la retentissante enquête Ifop donnant Sarkozy en tête au premier tour, 9 sondages ont été publiés : cinq voient Hollande devant (TNS, LH2, Ipsos, Harris et BVA), </span></span><span style="color: black;"><span style="color: black;">deux montrent une égalité (CSA et Opinion Way) et </span></span><span style="color: black;"><span style="color: black;">deux autres penchent pour Sarkozy (un 2e sondage Ifop et un 2e sondage CSA). Un élément qui me semble potentiellement intéressant est que 4 des 5 enquêtes plaçant Hollande en tête ont été réalisées par téléphone, tandis que 2 des 3 sondages (les deux enquêtes Ifop) affichant une avance de Sarkozy ont été fait en tout ou partie par Internet.</span></span><br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_D3t_CLV-bUKYFlPciZ8095DGgeGDSyxiYnlOxkt_jsL1o96SogVey6HN6NTnp-B9-drZV-D6vJF0VGOYgfUyV82CVHLjDX9pF6p5Gbg-JQASGrMZWpDTTseDvkQR2vhxXS4P/s1600/20120325_Sondages4.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_D3t_CLV-bUKYFlPciZ8095DGgeGDSyxiYnlOxkt_jsL1o96SogVey6HN6NTnp-B9-drZV-D6vJF0VGOYgfUyV82CVHLjDX9pF6p5Gbg-JQASGrMZWpDTTseDvkQR2vhxXS4P/s1600/20120325_Sondages4.png" width="620" /></a><br />
<br />
<span style="color: black;"><span style="color: black;">Pour essayer d'étayer la thèse d'une influence de la méthodologie sur les résultats, il est intéressant de comparer les résultats des différents sondeurs à la tendance globale des intentions de vote telle que je la calcule. Pour les sondages publiés en 2012 et la tendance pondérée sur les 7 derniers jours, on obtient les résultats affichées ci-dessous. Je précise </span></span><span style="color: black;"><span style="color: black;">que j'ai fait le choix de classer Ifop dans la catégorie "Internet" (l'institut utilise une méthode mixte Internet + téléphone dans des proportions qui ne sont pas connues) </span></span>et BVA dans la catégorie "téléphone" même si trois enquêtes de cet institut ont été réalisées par Internet en janvier et février.<br />
<span style="color: black;"><span style="color: black;"> <br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyfQEVEdSNUUgM40AN2rHge8IJXNSNetvCSnZuBCMHeF9Ty4uMad0LrfgnQmAFJd2TedL-5O-EbEFlLUNcx-TvEBWp73XLBm5cnzjuIdqvmgBfUnhZ_Stp-PEJSXZ0YsKunFkN/s1600/20120325_Sondeur2.png"><img border="0" img="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyfQEVEdSNUUgM40AN2rHge8IJXNSNetvCSnZuBCMHeF9Ty4uMad0LrfgnQmAFJd2TedL-5O-EbEFlLUNcx-TvEBWp73XLBm5cnzjuIdqvmgBfUnhZ_Stp-PEJSXZ0YsKunFkN/s1600/20120325_Sondeur2.png" width="620" /></a><br />
<br />
Ce qui me frappe est que les écarts concernant Sarkozy sont relativement bien distribués entre sondeurs, sans qu'un impact de la méthode employée apparaisse nettement. Par contre, pour Hollande, l'influence de la méthode semble claire </span></span><span style="color: black;"><span style="color: black;">: les 3 sondeurs qui procèdent par Internet voient tous le candidat socialiste plus bas que la tendance et sont en outre plus bas que les 4 autres qui sondent par téléphone. Le constat est le même en prenant les sondages depuis la primaire socialiste (64 sondages au lieu de 44) et la tendance pondérée sur les 20 derniers jours.</span></span><br />
<br />
<span style="color: black;"><span style="color: black;">Cela ne veut pas dire qu'une méthode de sondage soit nécessairement meilleure que l'autre (le téléphone est par contre incontestablement plus cher). On peut juste dire qu'elles semblent donner des résultats différents, pour des raisons qui ne sont pas évidentes : après le "<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Shy_Tory_Factor"><i>shy Tory factor</i></a>", y-a-t'il un "<i>shy socialist traitor factor</i>", c'est-à-dire que certains sondés, en particulier les sympathisants socialistes, n'oseraient pas reconnaître par téléphone qu'il ne voteront pas pour Hollande (au moins au premier tour) mais le font plus volontiers si on les interroge par Internet?<br />
<br />
<b>NB </b>: Un mot d'avertissement, en particulier pour les journalistes qui me lisent : il est tentant de considérer les écarts moyens à la tendance comme le biais, volontaire ou pas, des différents sondeurs. Ainsi, LH2 serait plutôt pro-Hollande alors que Opinion Way favoriserait Sarkozy. Tentant mais faux. Un biais n'a en effet de sens que si l'écart est mesuré par rapport à une grandeur objective qu'on cherche à prévoir. On peut ainsi parler du biais des prévisions de croissance d'un gouvernement ou d'un institut de recherche par rapport au chiffre tel qu'il a été mesuré <i>a posteriori</i>. Par définition, la tendance que je construis n'est que le reflet de la moyenne de l'ensemble des données de sondage publiées. Elle est utile pour synthétiser visuellement l'information publique disponible mais elle n'a pas de réalité objective. Le seul juge de paix est l'élection : c'est à ce moment-là qu'on verra si la tendance centrale était la meilleure prévision ou bien si un sondeur dont les résultats s'écartent de la moyenne avait raison contre les autres.</span></span>Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com12tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-11591394835280866732012-03-18T01:12:00.013+01:002018-04-08T22:41:47.725+02:00925.frLes lecteurs historiques de ce blog se rappelleront peut-être une époque où j’avais entrepris, <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.com/2006/02/mais-pourquoi-est-il-aussi-impopulaire.html">graphiques pourris</a>™ sous Excel à l’appui, de <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.com/2005/10/sondages-et-poudre-de-villepinpinpin.html">démonter</a> le discours sur la prétendue popularité de l’alors Premier ministre Dominique de Villepin dans les sondages. Alors que Villepin était en fait extrêmement impopulaire pour un chef de gouvernement en début de mandat.<br />
<br />
Un quinquennat sarkozien après, il serait absurde de ne pas reconnaître les progrès faits par les médias français, qui proposent désormais en série des <a href="http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/infographe/2012/02/21/presidentielle-2012-comparez-toutes-les-intentions-de-vote_1637470_1471069.html">comparateurs</a> de <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/sondage-presidentielle-2012/20120207.OBS0739/infographie-le-comparateur-des-sondages-de-la-presidentielle.html">sondages</a> et en option des <a href="http://sondages.blog.lemonde.fr/">décryptages</a> des méthodes des sondeurs. L'analyse quantitative reste toutefois minimale, surtout quand on la compare avec ce qui existe aux Etats-Unis, le <a href="http://fivethirtyeight.blogs.nytimes.com/">blog de Nate Silver</a> sur le site du <i>New York Times</i> étant l'exemple le plus remarquable.<br />
<br />
Et ce retard français s'avère particulièrement dommageable dès que les résultats de différents instituts apparaissent contradictoires. La polémique de la semaine sur le "creusement des courbes" d'intentions de vote de premier tour entre Hollande et Sarkozy l'illustre bien : faute de disposer d'outils adéquats, le commentaire médiatique s'est enferré dans une logique binaire (croisement ou pas) qui n'aura réussi qu'à embrouiller le public et à renforcer la suspicion à l'égard des sondages. <br />
<br />
Je pense qu'il est possible de faire mieux, grâce à des méthodes quantitatives (relativement) simples. <br />
<br />
La première étape consiste à présenter en même temps l'ensemble des données des différents instituts de sondage. C'est ce que fait le graphique ci-dessous, pour tous les sondages parus depuis le 2e tour de la primaire socialiste et pour les cinq principaux candidats (et modulo une petite perte d'information liée à des raisons techniques -<i> cf.</i> infra).<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiF1E0yOmOA6Rm00P7xlYSLajaCgz4R4ZPpu6G1AGQeyy7hKkFhyrT4MhkFSZBMi7WN9ip_NK8zm230PVo0Rd7OYOGPyFtxijN75RIrcuCoUOV6GnH1yalH_P0bW7wqHK5pvu7L/s1600/20120318_Prez20j_sans.png"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiF1E0yOmOA6Rm00P7xlYSLajaCgz4R4ZPpu6G1AGQeyy7hKkFhyrT4MhkFSZBMi7WN9ip_NK8zm230PVo0Rd7OYOGPyFtxijN75RIrcuCoUOV6GnH1yalH_P0bW7wqHK5pvu7L/s1600/20120318_Prez20j_sans.png" img="" width="620" /></a><br />
<br />
<br />
Outre la confirmation que la trêve des confiseurs n'est pas propice aux sondages, le graphique rappelle qu'il n'est pas toujours aisé de dégager des tendances à l’œil nu, surtout quand on considère plusieurs nuages de points en simultané.<br />
<br />
Il faut donc une seconde étape pour déterminer statistiquement une tendance. Je m'inspire ici des méthodes utilisées sur les blogs américains, en particulier de <a href="http://fivethirtyeight.blogs.nytimes.com/2011/12/16/how-our-primary-forecasts-work/">ce que fait Nate Silver</a>. Dans un premier temps, on calcule pour chaque candidat une moyenne des intentions de vote de l'ensemble des sondages parus sur une période déterminée (les 15 derniers jours par exemple). Pour ne pas qu'un sondage paru il y a deux semaines compte autant qu'un sondage publié le jour même, on attribue des poids différents aux sondages en fonction de leur nouveauté. Dans un deuxième temps, on lisse cette série en utilisant un filtre statistique (une <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Local_regression">régression locale</a>) qui permet de déterminer quelle est la trajectoire sous-jacente la plus probable compte tenu des données dont on dispose.<br />
<br />
Voilà ce qu'on obtient graphiquement après quelques bonne heures de manipulations sous Excel.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9oKXt9F4EuisqvnvIBKUTN_Z46IpIjgtnY_hp6Jon3mGt6kAmtSCxlJmWNYD6inDoSXhwTmuSws1hGkQ43M7V8XFtaLa1Y5lYjsbXtcOanpGSD5TVrIxC7VrGHQYcqIUmR6qB/s1600/20120318_Prez20j.png"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9oKXt9F4EuisqvnvIBKUTN_Z46IpIjgtnY_hp6Jon3mGt6kAmtSCxlJmWNYD6inDoSXhwTmuSws1hGkQ43M7V8XFtaLa1Y5lYjsbXtcOanpGSD5TVrIxC7VrGHQYcqIUmR6qB/s1600/20120318_Prez20j.png" img="" width="620" /></a><br />
<br />
On retrouve beaucoup plus facilement des éléments connus de la campagne : le dégonflement des intentions de vote pour Hollande après l'euphorie de la primaire, avant un rebond en janvier au moment du meeting du Bourget ; la montée rapide de Bayrou au mois de décembre ; ou encore la lente progression de Mélenchon depuis le début 2012. Et les tendances confirment le tassement récent de François Hollande et la légère progression de Nicolas Sarkozy depuis le début de l'année.<br />
<br />
Le graphique ne montre toutefois pas de croisement des courbes. Faut-il en conclure que le <a href="http://www.ifopelections.fr/component/article/?eid=483">sondage Ifop</a> de cette semaine, qui donnait Sarkozy en tête au premier tour, est un point aberrant? Pas nécessairement. Le graphique est en effet construit sur des tendances de moyenne période, avec la prise en compte des sondages sur les 20 derniers jours : la prime donnée à la nouveauté ne suffit pas à compenser le stock des sondages qui donnaient Hollande en tête, parfois nettement.<br />
<br />
L'analyse est différente si l'on choisit des paramètres plus agressifs, par exemple en ne considérant que les sondages réalisés au cours des 7 derniers jours (depuis le début de l'année 2012).<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOeyOn_U2UJGRJezzSeTR8VkJo0Kl7K6TIHg5zQ8sxZ-1kCBjxdB2uGc3XsP3YuPEAIwyhcbtwpxaajndyg04a0FIFyqe2s231SPxU07BvdwGe7LvlTwGt0D7zrCDhhoX2UJ9X/s1600/20120318_Prez7j-2.png"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOeyOn_U2UJGRJezzSeTR8VkJo0Kl7K6TIHg5zQ8sxZ-1kCBjxdB2uGc3XsP3YuPEAIwyhcbtwpxaajndyg04a0FIFyqe2s231SPxU07BvdwGe7LvlTwGt0D7zrCDhhoX2UJ9X/s1600/20120318_Prez7j-2.png" img="" width="620" /></a><br />
<br />
Le rebond temporaire d'Hollande après le discours du Bourget est net. La jonction des courbes avec Sarkozy sur la période récente aussi. Si le premier tour avait lieu ce dimanche, cela m'inciterait à placer Nicolas Sarkozy en favori du premier tour. Dans la mesure où il reste plus d'un mois avant le vote, je préfère ranger mes pronostics au placard et rappeler que les semaines en politique se suivent et ne se ressemblent pas.<br />
<br />
J'ajoute que ma méthode est encore loin d'être parfaite, à cause des limitations d'Excel et des miennes. Sur le plan graphique, je n'ai pas réussi à régler simplement le problème de sondages réalisés le même jour : pour l'instant, un seul point est affiché, représentant la moyenne des sondages du jours au lieu d'un point pour chaque sondage. Cela n'influe en rien sur le calcul de la tendance mais la perte d'information graphique est réelle. De même, j'adorerais pouvoir construire des graphiques dynamiques <a href="http://polltracker.talkingpointsmemo.com/contests/obama-job-approval-us">à la TPM</a>. Mais cela supposerait que mes connaissances en programmation web aillent plus loin que la maîtrise de 3 balises html et demi.<br />
<br />
Sur le plan statistique, j'aimerais pouvoir faire varier le poids lié à la nouveauté des sondages selon leur <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Demi-vie#Loi_de_d.C3.A9croissance_radioactive">demi-vie</a> plutôt qu'avec une fonction linéaire. Mais c'est très complexe à faire sous Excel. Idéalement, je voudrais aussi faire varier le poids attribué aux sondages en fonction de la méthode utilisée (Internet ou téléphone), de la taille de l'échantillon, de la fréquence de publication des sondeurs et de leur performance passée, comme le fait Nate Silver. Et qu'on m'offre un poney.<br />
<br />
Ces limitations ne m'empêcheront pas de renouveler l'exercice d'ici au 22 avril si mon lectorat y trouve quelque intérêt. Et si je trouve moi-même un peu de temps.<br />
<br />
<b>Add.</b> : j'ai ajouté la possibilité de cliquer sur les graphiques pour voir la version grand format.<br />
<br />
<b>Re-add.</b> (19/03) : toujours pas de poney mais des <a href="http://lelab.europe1.fr/t/les-courbes-se-croisent-elles-vraiment-1365">articles</a> <a href="http://www.slate.fr/france/51789/sondages-alternative-analyse-binaire">élogieux</a> de Ioana Doklean du Lab d'Europe 1 et d'un anonyme rédacteur de Slate.fr. Merci! J'aimerais actualiser la note avec les sondages publiés hier et ce soir mais, comme prévu, je manque cruellement de temps (et de détails sur le dernier <a href="http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/sondage-hollande-et-sarkozy-au-coude-a-coude-au-premier-tour-19-03-2012-1913736.php">Ipsos</a>). Allez donc lire Arthur Charpentier <a href="http://freakonometrics.blog.free.fr/index.php?post/2012/03/17/Sondage-et-pr%C3%A9visions-de-s%C3%A9ries-temporelles">prolonger l'analyse</a>, démontrer qu'il suffit de prendre d'autres paramètres pour que les courbes ne se croisent pas et illustrer au passage la supériorité de R sur Excel.Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com13tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-17129461911923625842012-01-22T16:49:00.007+01:002012-01-22T19:34:26.390+01:00La dernière blague d'André Santini<img align="right" hspace="10" src="http://i200.photobucket.com/albums/aa166/ceteris-paribus/Santini.jpg" vspace="5" width="200" />Le <i>Journal du Dimanche</i> soulève un intéressant problème juridique, au détour d'une <a href="http://www.lejdd.fr/Politique/Depeches/Santini-betonne-467554/">brève</a> que je cite en intégralité, en y rajoutant mes italiques :<br />
<blockquote class="tr_bq">Ancien ministre et maire d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), André Santini a décidé de briguer un sixième mandat de député. Le centriste, proche de Nicolas Sarkozy, ne veut prendre aucun risque dans cette circonscription où Jean-Paul Huchon a, pour la première fois, dépassé la droite lors des régionales. André Santini a donc demandé à Isabelle Debré, sénatrice UMP, d’être sa suppléante. <i>Une rareté qui soulève des interrogations constitutionnelles.</i></blockquote>Sans qu'il soit besoin de mêler la constitution à cette affaire (<i>de minimis non curat constitutio</i>), l'interrogation est la suivante : une <a href="http://www.senat.fr/senateur/debre_isabelle04081k.html">sénatrice</a> peut-elle être la suppléante d'un candidat à l'Assemblée nationale?<br />
<br />
Contrairement à ce que pourrait laisser penser l'article du JDD, la réponse est en réalité fort simple : non. <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=631BA57294535ABB70AF5A0D396B24FF.tpdjo12v_1?idSectionTA=LEGISCTA000006148465&cidTexte=LEGITEXT000006070239&dateTexte=20120122">L'article L.O. 134 du code électoral</a> proscrit en effet expressément une telle hypothèse, de façon à assurer la <a href="http://www.assemblee-nationale.fr/connaissance/collection/8.asp#P644_110853">disponibilité permanente et effective</a> du remplaçant d'un député :<br />
<blockquote class="tr_bq">Un député, un sénateur ou le remplaçant d'un membre d'une assemblée parlementaire ne peut être remplaçant d'un candidat à l'Assemblée nationale.</blockquote>La suppléante envisagée par M. Santini est donc inéligible, ce qui conduirait le Conseil constitutionnel, dans sa fonction de juge électoral et en vertu d'une <a href="http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/1973/73-686/687/decision-n-73-686-687-du-05-juillet-1973.7342.html">jurisprudence ancienne</a>, à annuler son éventuelle réélection.<br />
<br />
Que faire pour éviter une aussi fâcheuse extrémité?<br />
<br />
La solution la plus simple serait de trouver un suppléant éligible.<br />
<br />
Une autre option serait qu'Isabelle Debré démissionne de son mandat de sénatrice avant les élections législatives, l'éligibilité des candidats s'appréciant à la date des élections. Cela ferait le bonheur de <s>Rocco</s> <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Siffredi">Georges Siffredi</a>, premier candidat non-élu sur la liste que l'UMP avait présenté pour les <a href="http://www.senat.fr/senatoriales_2011/92/92.html">élections sénatoriales dans les Hauts-de-Seine</a> en septembre 2011. Mais on peut douter que cette solution suscite un franc enthousiasme de la part d'Isabelle Debré.<br />
<br />
La solution la plus élégante, en fait, serait qu'André Santini accepte d'être le suppléant d'Isabelle Debré. Ce serait tout à fait conforme au droit : un sénateur peut être candidat à l'Assemblée nationale (son mandat de sénateur <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=616903AD327604E69914A5AA58B66CDA.tpdjo12v_1?idSectionTA=LEGISCTA000006148466&cidTexte=LEGITEXT000006070239&dateTexte=20120122">cessant automatiquement</a> s'il est élu député) et André Santini pourrait être suppléant dans la mesure où son mandat actuel de député aura expiré à la date de l'élection. Il ne reste plus qu'à convaincre le maire d'Issy-les-Moulineaux que, passé un certain stade, le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Santini#Carri.C3.A8re_politique">cumul des mandats</a> est "plus une faiblesse qu'une force".Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-24672994757896272872011-10-05T00:47:00.003+02:002012-01-22T17:01:41.681+01:00Non, l'UMP n'est pas "à gauche" du parti démocrateA propos de toute autre chose (l'intérêt de taxer les produits gras), Matthew Yglesias <a href="http://thinkprogress.org/yglesias/2011/10/04/335749/taxes-and-inelastic-goods/">note en passant que</a> :<br />
<blockquote>The thing about Denmark is that it’s a very high tax country. It’s just been governed for a decade by an anti-tax center-right coalition government, whose big achievement was to get total taxes down to 50 percent of GDP. In the United States, I think the Progressive Caucus would laugh at you if you suggested making taxes that high.</blockquote>C'est le genre de remarque qu'on entend fréquemment (exemple type : "la droite française est tellement étatiste qu'elle serait à gauche du parti démocrate aux États-Unis") mais qui me semble en fait très peu éclairante.<br />
<br />
Parce qu'en pratique, la structuration du débat gauche-droite ne se fait jamais<i> </i>de manière <i>absolue</i>, en fonction d’idéaux politiques abstraits, mais bien <i>relativement </i>aux institutions et aux politiques existantes, qui différent grandement d'un pays à l'autre.<br />
<br />
Pour l'illustrer simplement et à gros traits, la droite va généralement proposer de baisser les impôts <i>par rapport au niveau existant à l'échelle nationale</i>, en souciant assez peu de savoir si ce niveau est élevé ou pas en comparaison internationale. Si le taux de prélèvements obligatoires est à 50%, promettre de les baisser à 45% sera la plupart du temps une proposition portée par la droite. Si le taux de PO est à 40%, un candidat qui propose de les porter à 45% aura de fortes chances d'être de gauche - et d'une gauche bien colorée de surcroît, la promesse d'une nette augmentation des impôts étant rarement vue comme un gage de réussite électorale dans les rangs de la gauche parlementaire. <br />
<br />
Le fait que les partis et les candidats se positionnent de manière relative n'est pas étonnant : les électeurs demandent en général du changement, mais peu sont partisans d'un bouleversement complet. Il y a quelques exceptions, par exemple quant un bord de l'échiquier politique est discrédité (1945 pour la France), quand le système en place semble inapte à répondre aux urgences du moment (1958) ou quand une alternance survient après une longue période d'exercice du pouvoir par un camp (1981). Mais, la plupart du temps, les politiques publiques progressent de manière incrémentale, et pas par grands bonds en avant (ou en arrière).<br />
<br />
Ce qui fait que la "<a href="http://rationalitelimitee.wordpress.com/2009/01/25/lidee-de-dependance-au-sentier-est-elle-empiriquement-pertinente/">dépendance du sentier</a>" est souvent importante en ce qui concerne les politiques publiques : dans <a href="http://newamerica.net/publications/books/the_divided_welfare_state"><i>The Divided Welfare State</i></a>, Jacob Hacker montre bien comment la décision, en 1954, de défiscaliser les contributions des employeurs aux mutuelles d'entreprises a empêché, et empêche encore, l'émergence d'un système d'assurance maladie universelle aux États-Unis. La prise en compte de cet élément fait que les tentatives de placer sur une même échelle gauche-droite des partis politiques qui s'inscrivent dans des systèmes politiques différents sont largement vaines.<br />
<br />
Ou alors, il faudrait aussi considérer que le parti conservateur britannique est à la gauche du PS, parce que les Tories ne proposent pas de démanteler le <i>National Health Service</i> et que les socialistes français ne remettent pas frontalement en cause la charte de la médecine libérale de 1927.Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com9tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-14747217644424261492011-08-29T23:53:00.024+02:002011-09-24T16:16:04.705+02:00Le pays où la vie est plus chère (quoique)<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBbwnw-k7w2kZI4kA1AGCUPElgeG8ZhikINmyFOZhhNmQIKca-XWPGEdezXM7fXmZ8qNWBoj7G5jxjWtHMCAFRxH-yl50ltEocTheocik7qGI3PAbvQkY_v5uxT9QGspR87B6B/s1600/Swiss.png" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="171" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBbwnw-k7w2kZI4kA1AGCUPElgeG8ZhikINmyFOZhhNmQIKca-XWPGEdezXM7fXmZ8qNWBoj7G5jxjWtHMCAFRxH-yl50ltEocTheocik7qGI3PAbvQkY_v5uxT9QGspR87B6B/s320/Swiss.png" title="Les arbres ne montent pas jusqu'au Matterhorn" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td></tr>
</tbody></table>Pauvres Suisses !<br />
<br />
Non seulement la <i>Nati</i> est <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89liminatoires_du_championnat_d%27Europe_de_football_2012,_groupe_G">décrochée</a> dans la course à la qualification de l'Euro 2012, non seulement Federer semble désormais lentement engagé sur la voie du déclin (même si le regain de forme de Murray pourrait lui laisser <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.com/2011/07/roger-federer-ne-gagnera-plus-aucun.html">quelques chances</a> pour l’US Open), mais les Helvètes sont en plus victimes du succès de leur monnaie.<br />
<br />
Les investisseurs internationaux, à la recherche de valeurs refuges, se sont en effet rués pour acheter du franc suisse au cours de ces derniers mois. Résultat : une appréciation qui atteignait 30% face à l’euro en un an à la mi-août, comme le montre le graphique ci-dessus, honteusement piqué sur <a href="http://finance.yahoo.com/echarts?s=CHFEUR=X+Interactive#symbol=CHFEUR=X;range=">Yahoo Finance</a>.<br />
<br />
Tout cela ne fait rire que très modérément la <a href="http://www.snb.ch/fr">Banque nationale suisse</a>, qui jugeait le 3 août dernier le franc "<i>extrêmement surévalué</i>" et met en œuvre depuis cette date des "<i>mesures contre la fermeté du franc</i>" (<a href="http://www.snb.ch/fr/mmr/reference/pre_20110803/source/pre_20110803.fr.pdf">pdf</a>).<br />
<br />
Et l'appréciation de l’une des neuf dernières devises en circulation portant le joli nom de franc (avec les francs burundais, CFA, comorien, congolais, djiboutien, guinéen, Pacifique et rwandais) n’amuse guère davantage les citoyens helvètes, du moins si l'ont en croit le chapeau d'un article du <i><a href="http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/08/19/04016-20110819ARTFIG00560-les-suisses-essaient-de-s-adapter-a-la-vie-chere.php">Figaro</a> </i>publié le samedi 21 août :<br />
<blockquote>L'envolée du franc suisse pénalise les consommateurs helvètes, qui se précipitent en France pour faire leurs courses.</blockquote><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9CVvjOZQYVcrcTn4hyaE2fy8aBmqdpfH7Sfb-ckossOtiCnw5d9O7jT1NstOG3RzgOSdlP6D_Yay8LEesKvV58ws8BF700i7E58PvtPMOUyrSZ-szN-R7Sxt7wyUa9JxFDQ4o/s1600/Berne.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9CVvjOZQYVcrcTn4hyaE2fy8aBmqdpfH7Sfb-ckossOtiCnw5d9O7jT1NstOG3RzgOSdlP6D_Yay8LEesKvV58ws8BF700i7E58PvtPMOUyrSZ-szN-R7Sxt7wyUa9JxFDQ4o/s200/Berne.jpg" title="Un drapeau suisse en Berne" width="128" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td></tr>
</tbody></table>Sauf que si l’on peut à la rigueur comprendre l’émoi des gnomes confédéraux de Zurich (les variations brusques et excessives du taux de change compliquent effectivement la tâche des banquiers centraux), la grogne des consommateurs helvètes annoncée dans le <i>Figaro</i> est beaucoup plus surprenante. Parce qu’elle va à l’exact rebours de ce que prévoit la logique économique élémentaire.<br />
<br />
Je dois à la vérité de reconnaître que le corps de l'article est un peu moins croustillant que ce laisse espérer le chapeau, les consommateurs suisses interrogés ne corroborant pas réellement, au moins dans sa version maximaliste, la thèse de la cherté de la vie en Suisse liée à la hausse récente du franc.<br />
<br />
Mais l'occasion est trop belle pour ne pas utiliser la confusion figaroesque à des fins pédagogiques. Quelles sont en effet les conséquences prévisibles de l’appréciation du franc suisse sur l’économie helvète ? Comme souvent lorsqu’il est question de variation de prix relatifs, l’effet global est a priori ambigu, et dépend surtout des agents économiques que l’on considère.<br />
<br />
<span class="shortpost"><a href="http://ceteris-paribus.blogspot.com/2011/08/le-pays-ou-la-vie-est-plus-chere.html">Lire la suite et la fin pédagogiques</a></span><br />
<span class="fullpost">Pour les producteurs installés en Suisse, c’est le plus souvent une mauvaise nouvelle. Comme la hausse du franc renchérit mécaniquement le coût relatif des produits suisses par rapport aux produits étrangers, les entreprises basées en Suisse sont potentiellement perdantes sur deux tableaux. Sur les marchés étrangers, elles sont obligées d’accepter une baisse de leurs marges en franc suisse (si l'on prend comme référence une hausse du franc suisse de 0,75 à 0,95 €, une marge de 10 € sur un produit vendu 100 € en Allemagne ne représente plus que 10,5 francs suisses, contre 13,3 francs il y a un an), ou d’augmenter leurs prix, au risque de perdre des parts de marché. C'est la situation à laquelle sont par exemple confrontés les producteurs suisses d'emmental <a href="http://news.yahoo.com/strong-swiss-franc-punches-holes-cheese-exports-072710619.html">rencontrés récemment</a> par un journaliste d'Associated Press.<br />
<br />
Sur le marché suisse, c’est l’effet inverse qui joue en faveur des producteurs étrangers : leur marge exprimée en devises augmente mécaniquement (une marge de 10 francs suisses constituait 7,50 € il y a un an mais 9,50 € maintenant), et elles peuvent se permettre de baisser leurs prix pour tailler des croupières aux producteurs helvètes.<br />
<br />
Tous les producteurs de service qui dépendent de la clientèle étrangère sont également perdants : avec un franc suisse 50% plus élevé, les touristes ont en effet étrangement tendance à trouver les Alpes françaises ou autrichiennes ou allemandes ou italiennes ou <strike>liechstenstinoises</strike> australiennes beaucoup plus attirantes ; et les organisateurs de congrès se disent subitement que Vienne ou Lyon ou Milan peuvent avantageusement remplacer Genève ou Zürich pour accueillir le salon mondial de la sclérose en plaques ou la conférence européenne des arpenteurs-géomètres.<br />
<br />
Est-ce à dire que la hausse du franc suisse est une catastrophe absolue pour la Confédération et ses habitants? Evidemment pas. <br />
<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgV3YlPrfFqSqQuCW8QLVAY4hhbGG2shgbf9o6topKSBdTc9CRbGiwF6P53mdcUbaTcSCCMlluJC_o5HyH00jKM7Nif6SwivVhbmNHngyb26r-aDprSqfe_or4DjJ3uTs9YmrO1/s1600/Rosti.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="153" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgV3YlPrfFqSqQuCW8QLVAY4hhbGG2shgbf9o6topKSBdTc9CRbGiwF6P53mdcUbaTcSCCMlluJC_o5HyH00jKM7Nif6SwivVhbmNHngyb26r-aDprSqfe_or4DjJ3uTs9YmrO1/s320/Rosti.jpg" title="Un rösti, sans chocolat au lait" width="213" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td></tr>
</tbody></table>D’abord parce que, dans un <a href="http://www.nypress.com/article-11419-flathead.html">monde aplani</a> par l’interconnexion des échanges économiques, la majorité des entreprises a besoin d’importer des matières premières et des composants pour fabriquer ses produits. C’est encore plus vrai en Suisse, où l’importation est un passage obligé sauf sur quelques marchés de niche, type production de rösti à la graisse de marmotte et au chocolat au lait. Comme l’appréciation du franc suisse va avoir tendance à diminuer le coût des consommations intermédiaires, les entreprises basées en Suisse vont ainsi pouvoir compenser (mais la plupart du temps seulement partiellement) la perte de compétitivité évoquée plus haut. <br />
<br />
Mais l’irrésistible ascension du franc est avant tout une excellente nouvelle pour les consommateurs suisses. De deux choses l’une, en effet. Soit ils font leurs achats en Suisse et ils bénéficient de la baisse des prix des produits importés : on a vu plus haut que les producteurs étrangers avaient intérêt à diminuer leurs prix sur le marché suisse pour gagner des parts de marché vis-à-vis des producteurs locaux. Soit ils achètent des biens et services en se rendant à l’étranger et ils profitent d’un taux de change beaucoup plus favorable; pour reprendre un exemple de l'article du <i>Figaro</i>, un kilo de jambon cru espagnol vendu en France pour 21,5 € pouvait être acheté pour seulement 22;5 francs suisses à la mi-août, contre 28,5 francs il y a un an.<br />
<br />
A partir de là, comme disent mes amis footballeurs, l’effet total sur l’économie helvète n’est ni univoque, ni évident. On peut imaginer que la balance commerciale suisse va d’abord s’améliorer, grâce à la diminution du prix des produits importés, puis se détériorer, en raison des pertes de parts de marché des entreprises suisses à l’étranger. Pour ceux qui ont de vagues souvenirs de la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Courbe_en_J">courbe en J</a> de Marshall et <strike>Lilly</strike> Lerner, c’est la même chose, mais en inversé. Si l’on est maso-trichetien, on peut conjecturer que le franc suisse fort va forcer les entreprises suisses à faire des gains de productivité, et ainsi améliorer à terme la balance commerciale de la Suisse. On peut aussi penser que les employeurs suisses vont pouvoir moins augmenter leurs salariés, qui ont connu une appréciation de leur revenu réel grâce à la hausse du franc, et donc que le choc de change sur la compétitivité des entreprises va être résorbé à moyen terme.<br />
<br />
Les modèles macroéconomiques basés sur l'économie française ont généralement tendance à montrer que les effets négatifs d’une hausse du taux de change l’emportent au bout d’1 ou 2 ans sur les effets positifs. Mais ils ne prennent tout aussi généralement pas en compte le fait que la baisse de l’inflation (via la diminution des prix des importations) permet à la banque centrale de mener une politique monétaire plus accommodante. Exactement ce que fait la Banque nationale suisse en ce moment.<br />
<br />
Une chose est sûre, en tout cas : sur sa thèse principale, l’article du <i>Figaro </i>a tout faux. Ce n’est pas que la vie en Suisse soit devenue plus chère (en tout cas pour les résidents suisses), c’est juste que la vie en France (ou en Allemagne, ou en Italie, ou en Autriche <strike>ou au Lieschtentien</strike>) est devenue bien meilleure marché pour les Suisses grâce à l’appréciation du franc. Et donc qu’il est beaucoup plus avantageux aujourd’hui pour l’Helvète moyen de prendre sa Porsche ou sa Ferrari, de traverser la frontière et d’aller remplir son coffre et son réservoir au premier Carrefour ou au premier Lidl qu’il trouve sur sa route.<br />
<br />
Comment alors <i>Le Figaro</i> a-t-il pu se tromper à ce point ?<br />
<br />
La réponse la plus évidente est à l’intersection de « parce que la culture économique des journalistes français est déplorablement faible » et « parce que <i>Le Figaro</i> est devenu un tel torchon sous la période Dassault qu’on en vient à regretter l’époque Hersant ». Mais l’intérêt pédagogique d'une telle explication est somme toute assez limitée.<br />
<br />
Elle est aussi incomplète. A bien lire l’article, on comprend en effet que ce que reprochent les consommateurs suisses n’est pas tant la hausse des prix dans la Confédération que l’absence de baisse des prix de certains biens importés. La tendance théorique à la diminution du prix des importations suite à une appréciation de la monnaie n’a en effet rien d’automatique. <br />
<br />
Il faut d’abord que ce soit juridiquement possible. Dans la mesure où les contrats entre fournisseurs et distributeurs peuvent fixer un prix pour une période de temps longue, la traduction de la variation du taux de change dans les prix des produits importés ne se fera que progressivement.<br />
<br />
Il faut ensuite que le producteur étranger décide de baisser ses prix. En général, il ne le fera que s'il pense pouvoir pouvoir gagner suffisamment de parts de marché ou au contraire s'il craint d'en perdre, ce qui ne sera le cas que s’il a des concurrents capables de baisser eux aussi leur prix ou - spéciale dédicace <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/March%C3%A9_contestable">Bill</a> - des concurrents potentiels capables d’entrer rapidement sur le marché. Si le marché est peu concurrentiel, ou peu contestable, ou si un produit est peu substituable, la baisse sera peu probable. Je doute ainsi fortement qu’Apple ait baissé le prix de son IPhone en Suisse à hauteur de l’appréciation du franc.<br />
<br />
Il faut enfin que le distributeur choisisse dans le prix de vente la baisse de prix qu’il aura obtenu auprès de ses fournisseurs étrangers. Là encore, ce choix va dépendre de la structure concurrentielle. Si les distributeurs se tirent la bourre, on peut raisonnablement parier que le prix de vente va rapidement baisser. Sinon, non.<br />
<br />
Les consommateurs suisses de l’article du <i>Figaro </i>ont donc certainement mis le doigt sur un vrai problème. Mais le vrai coupable, s’il faut en trouver un, n’est pas l’appréciation du franc mais l’absence de concurrence dans le secteur de la distribution en Suisse. <br />
<br />
Finalement, les Suisses ne sont pas si différents des Français. Ce n’est pas qu’ils n’aient pas de bonnes raisons de se plaindre. C’est juste, pour citer Desproges qui citait Senghor, qu’ils ont une fâcheuse tendance à se tromper de colère.</span>Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-86160023434255751182011-08-26T21:52:00.001+02:002011-08-26T21:54:53.903+02:00A dinosaure, dinosaure et demi<blockquote>The [French Socialist] party is not out of tune with public opinion. The French are almost uniquely hostile to the capitalist system that has made them one of the world’s richest people. Fully 57% say France should single-handedly erect higher customs barriers. The same share judge that freer trade with India and China, whose consumers snap up French silk scarves and finely stitched leather handbags, has been “bad” for France.<br />
<br />
<div align="right"><i>The Economist</i>, 27 août 2011, "<a href="http://www.economist.com/node/21526894">Among the dinosaurs</a>"</div></blockquote><br />
<blockquote>"Do you think the recent economic expansion in countries like China and India has been generally good for the U.S. economy, or bad for the U.S. economy, or had no effect on the U.S. economy?"<br />
<ul><li>Good : 14 %</li>
<li>Bad : 62 %</li>
<li>No effect : 10 %</li>
<li>Unsure : 14 %</li>
</ul><div align="right"><a href="http://www.pollingreport.com/trade.htm"><i>CBS News Poll</i></a>, 31 juillet au 5 août 2008</div></blockquote>Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-56407931602506181342011-07-05T22:16:00.007+02:002011-08-20T00:35:48.154+02:00Roger Federer ne gagnera plus aucun tournoi du Grand Chelem (sauf si Andy Murray se met à en gagner)La victoire de Novak Djokovic en finale de Wimbledon a été célébrée comme il se doit par les fans éperdus de Roger Federer (dont je suis).<br />
<br />
<img align="right" hspace="5" src="http://i200.photobucket.com/albums/aa166/ceteris-paribus/Fed.png" vspace="5" />D'abord, évidemment, parce que la défaite de Rafael Nadal l'a empêché de se rapprocher encore un peu plus du record de victoires dans les tournois du Grand Chelem détenu par le Suisse : Rafa reste à 10, tandis que Rodgeur en compte 16 depuis son succès à l'Open d'Australie en janvier 2010.<br />
<br />
Mais peut-être aussi parce que la thèse selon laquelle Djokovic serait devenu la bête noire de Rafael Nadal semble redonner toutes ses chances à Federer pour les prochains tournois du Grand Chelem. Le raisonnement sous-jacent est le suivant :<br />
<ul><li>Nadal a un avantage psychologique certain sur Federer. Les deux joueurs se sont affrontés 25 fois dans leur carrière et Nadal mène <a href="http://www.atpworldtour.com/Players/Head-To-Head.aspx?pId=F324&oId=N409">17 à 8</a>, dont 7 à 2 pour les matchs disputés en Grand Chelem, <s>à chaque fois en finale</s> qui étaient tous, sauf un (1/2 finale de Roland Garros 2005), des finales. Nadal a battu Federer sur terre battue (5 finales de Roland Garros), sur gazon (la mémorable finale de Wimbledon de 2008) et sur dur (la finale de l'Open d'Australie de 2009). Federer n'a plus vaincu Nadal en Grand Chelem depuis 2007, et les matchs disputés depuis lors ont amplement prouvé les difficultés particulières du Suisse quand il joue l'Espagnol.</li>
</ul><ul><li>Djokovic a pris l'ascendant mentalement sur Nadal. Ça ne se voit pas encore vraiment quand on regarde les confrontations directes (<a href="http://www.atpworldtour.com/Players/Head-To-Head.aspx?pId=N409&oId=D643">16 à 12</a> pour Nadal) et encore moins les matchs en Grand Chelem (5 à 1 Nadal). Mais Djokovic a battu Nadal 5 fois de suite en 2011, sur toutes les surfaces : 2 fois en finale sur dur, 2 fois en finale sur terre battue et 1 fois en finale sur gazon. Surtout, Djokovic a réussi à prendre Nadal à son propre jeu, à gagner les échanges longs et à l'asphyxier à coups de balles longues, comme personne n'avait réussi à le faire jusqu'à présent.</li>
</ul><ul><li>Federer serait toujours la bête noire de Djokovic. Pour le coup, c'est nettement plus discutable : certes Federer mène <a href="http://www.atpworldtour.com/Players/Head-To-Head.aspx?pId=F324&oId=D643">14 à 9</a> dans leurs confrontations directes (5 à 4 dans les tournois du Grand Chelem) ; certes, il est le seul à l'avoir battu cette année. Mais Djokovic avait quand même battu Federer en 1/2 finale à l'US Open 2010 et à l'Open d'Australie 2011. Ce qui semble à peu près sûr, néanmoins, est que Federer ne fait pas de complexe face à Djokovic et l'on peut même soutenir que la demi-finale de Roland Garros, qui a brisé pour quelques jours l'aura d'invincibilité du Serbe, lui donne un léger avantage psychologique pour l'avenir.</li>
</ul><ul><li>Donc Nadal > Federer > Djokovic > Nadal...</li>
</ul><ul><li> ... et en vertu du principe d'intransitivité et en oubliant pour l'instant de possibles trouble-fête, on se dit que les trois devraient se partager à peu près équitablement les tournois du Grand Chelem à venir. </li>
</ul>Sauf que. Sauf que Federer est en réalité beaucoup plus mal placé qu'il n'y paraît. Les tournois de tennis sont ainsi faits que les têtes de série 1 (Djokovic depuis hier) et 2 (Nadal) sont faites pour se retrouver en finale. Tant qu'il reste numéro 3 mondial, et à supposer toujours que les deux autres ne se fassent pas sortir avant, Federer doit donc nécessairement battre à la fois Djokovic et Nadal pour remporter un tournoi du Grand Chelem. Ce qui n'est pas envisageable tant que le complexe face à Nadal demeure. Dès lors, les deux autres vont se partager les tournois du Grand Chelem selon la règle suivante :<br />
<ul><li>soit Federer est dans la partie de tableau de Djokovic, et c'est Nadal qui gagne le tournoi (Federer bat Djokovic en 1/2 et perd contre Nadal en finale); </li>
</ul><ul><li>soit Federer est dans la partie de tableau de Nadal, et c'est Djokovic qui gagne le tournoi (Federer perd contre Nadal en 1/2 et Djokovic bat Nadal en finale).</li>
</ul>Il suffirait évidemment que Federer redevienne au moins numéro 2 mondial pour qu'il ait à nouveau une chance de gagner en Grand Chelem. Mais la situation actuelle a justement tendance à renforcer la position des deux premiers, qui se partagent les titres du Grand Chelem, et les points au classement, alors que Federer ne peut pas faire mieux que finaliste. La malédiction du numéro 3 a ainsi tendance à se perpétuer d'elle-même - Djokovic en sait d'ailleurs quelque chose, qui a vécu ça de 2007 à 2010.<br />
<br />
Que faire? Une solution est d'emmagasiner beaucoup de points en dehors des Grands Chelems, pour retrouver une place dans les deux premiers mondiaux. Ce n'est pas impossible mais Federer semble moins bien placé à ce jeu-là que Nadal (pour qui la saison sur terre battue reste une chasse largement gardée) ou Djokovic (qui est plus jeune et sans doute davantage capable d'enchaîner beaucoup de matchs sur une saison).<br />
<br />
Paradoxalement, la meilleure solution est que d'autres joueurs entrent dans le cercle des possibles vainqueurs réguliers des tournois du Grand Chelem. Ce serait une vraie nouveauté : depuis <s>Roland Garros 2004</s> l'Open d'Australie 2005, tous les titres du Grand Chelem sauf 1 ont été remportés par Federer (13), Nadal (10) et Djokovic (3). Le spectacle aurait en tout cas tout à y gagner. Et Federer aussi, pour peu que le numéro 4 (ou 3) au classement ATP ait la bonne idée de battre de temps en temps Nadal en 1/2 finale en Grand Chelem. Ce qui permettrait au Suisse de continuer à remporter des titres majeurs, comme il l'a fait à 4 reprises depuis 2008 sans avoir à rencontrer l'Espagnol.<br />
<br />
Il ne reste donc plus à Federer qu'à prier pour que Murray n'ait pas déjà lui aussi attrapé un méchant complexe d'infériorité face à Nadal, que le <a href="http://www.bbc.co.uk/sport2/hi/tennis/13991175.stm">vilain raté</a> alors qu'il menait 1 set 0, 2-1 et 15-30 en demi-finales vendredi dernier n'aurait pas franchement arrangé.<br />
<br />
<b>Add.</b> (07/07) : quelques erreurs factuelles ont été corrigées. Merci à <a href="http://robinryder.wordpress.com/">Robin Ryder</a> d'avoir relevé la plus embarrassante.Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-31848471129900164462011-01-15T17:31:00.000+01:002011-01-15T17:31:22.257+01:00Bienvenue chez les WelchesAu Journal officiel du <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichJO.do?idJO=JORFCONT000023412832">13 janvier 2011</a> :<br />
<br />
<blockquote><span><strong>Décret du 11 janvier 2011 portant nomination (magistrature) - Mme Thomas (Monique) </strong> </span> <!-- end entete --><br />
<br />
Par décret du Président de la République en date du 11 janvier 2011, vu la décision du Conseil supérieur de la magistrature statuant comme conseil de discipline des magistrats du siège en date du 21 juillet 2010, prononçant la sanction de l'interdiction d'être nommée ou désignée dans des fonctions à juge unique pendant une durée de cinq ans assortie du déplacement d'office, vu la notification de cette décision à l'intéressée en date du 10 août 2010, Mme Monique Thomas, juge au tribunal de grande instance de Valence, est nommée juge au tribunal de grande instance d'Epinal.</blockquote><div> <div> <contenu> </contenu></div><!-- end visas --> <div> <a href="" id="JORFARTI000023413253" name="JORFARTI000023413253" style="text-decoration: none;" xmlns:const="java:fr.djo.legifrance.struts.Consts" xmlns:my="java:fr.djo.legifrance.util.FormatDate" xmlns:urlt="java:fr.djo.legifrance.tools.UrlTools"> </a><div class="article" xmlns:const="java:fr.djo.legifrance.struts.Consts" xmlns:my="java:fr.djo.legifrance.util.FormatDate" xmlns:urlt="java:fr.djo.legifrance.tools.UrlTools"> </div></div><!-- end texte --> <div> <contenu> </contenu></div><!-- end signataires --> <div class="article"> <contenu></contenu> </div></div><!-- end contenu -->Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-53490706131442978362010-11-02T19:39:00.039+01:002010-11-03T04:31:14.954+01:00Mardi soir en direct (still the economy stupid edition)Oui, ce blog est toujours complètement mort mais il serait vraiment dommage de ne pas perpétuer la tradition du blogage en direct des élections américaines, commencée il y a 4 ans. Surtout que ça avait plutôt porté aux chances aux démocrates les <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.com/2006/11/mardi-soir-en-direct.html">deux</a> <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.com/2008/11/mardi-soir-en-direct.html">premières</a> fois.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://voices.washingtonpost.com/ezra-klein/assets_c/2010/08/first-term_presidential_midterms_since_1900-thumb-454x274-23964.png" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="193" src="http://voices.washingtonpost.com/ezra-klein/assets_c/2010/08/first-term_presidential_midterms_since_1900-thumb-454x274-23964.png" width="320" /></a></div>Autant le dire tout de suite : il n'y aucune chance que ça continue pour ces <i>midterm</i>-ci. Tout indique en effet que les démocrates vont se prendre une méchante branlée dans les urnes. Branlée qui n'est <a href="http://www.newyorker.com/talk/comment/2010/11/01/101101taco_talk_hertzberg?printable=true">pas vraiment surprenante</a> au vu de la mauvaise conjoncture économique aux Etats-Unis et de la fâcheuse mais logique tendance du parti du Président à perdre un nombre conséquent de sièges aux élections de mi-mandat. Mais qui devrait assurer aux républicains le contrôle de la Chambre des représentants (il leur faut gagner au moins 39 sièges et les dernières projections leur en donnent une cinquantaine) et de la majorité des sièges de gouverneurs d'états. Et aussi des gains conséquents au Sénat, même si la chambre haute devrait rester acquise aux démocrates, au vu de leur position actuelle (59 sièges sur 100) et du fait que seul un gros tiers des sièges est en jeu.<br />
<br />
Tout l'enjeu de la soirée, considérations <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/California_Proposition_19_%282010%29">fumeuses mais pas sans intérêt</a> mises à part, est donc de savoir jusqu'à quel point les résultats seront mauvais pour les démocrates. Au vu des sondages, ils s'en tireraient à bon compte en gardant 51 sièges au Sénat et en limitant les gains républicains à la Chambre en deçà du score de 1994 (54 sièges gagnés). Au-delà, et surtout si le GOP détient au moins 50 sièges au Sénat (ce qui rendrait une défection côté démocrate plausible), on peut s'attendre à un déluge de métaphores géologiques et à plusieurs mois d’auto-flagellation dans le camp démocrate.<br />
<br />
Je rappelle que les premiers résultats (Indiana et Kentucky) tomberont à partir de 18H00 heure de la côte est, soit 23H00 heure française, grâce à la magie du décalage transatlantique dans le passage à l'heure d'hiver. Pour ceux qui, contrairement à moi, dédaignent le foot et voudraient se remettre à niveau d'ici-là, <a href="http://www.lemonde.fr/imprimer/article/2010/11/01/1433855.html">l'analyse historique</a> de Justin Vaïsse et les deux scénarios polaires (<a href="http://fivethirtyeight.blogs.nytimes.com/2010/10/31/5-reasons-republicans-could-do-even-better-than-expected/">déferlante républicaine</a> ou <a href="http://fivethirtyeight.blogs.nytimes.com/2010/11/01/5-reasons-democrats-could-beat-the-polls-and-hold-the-house/">résistance démocrate</a>) brossés par Nate Silver sont d'utiles mises en bouche. A tout à l'heure.<br />
<br />
<b>23H15</b> : 37 élections sénatoriales, 435 élections à la Chambre des représentants, 36 élections pour le poste de gouverneur et 47 états fédérés qui renouvellent leurs parlements. Sans compter les dizaines de referendums locaux, et les élections pour pourvoir les juges et les "ministres" dans les différents états. Ça fait beaucoup. Et il manque une élection présidentielle qui focalise l'attention et permet de regarder le reste comme secondaire. Le mieux à faire pour survivre à l'avalanche d'information est d'avoir sous la main le guide des élections qui comptent, comme ceux de <a href="http://fivethirtyeight.blogs.nytimes.com/2010/10/31/the-ultimate-hour-by-hour-district-by-district-election-guide/">538</a> (enrichi en stats), de Daily Kos (pour les démocrates indécrottables qui préfèrent se coucher tôt en cas de mauvais résultat à la <a href="http://www.dailykos.com/storyonly/2010/10/31/915354/-Bellwethers-2010:-An-hour-by-hour-guide">Chambre</a> ou au <a href="http://www.dailykos.com/storyonly/2010/11/1/915635/-Bellwethers-2010:-The-Senate-and-Gubernatorial-Races">Sénat</a>) ou de <a href="http://www.tnr.com/print/blog/ed-kilgore/78782/comprehensive-2010-election-guide">TNR</a> (pour une vue d'ensemble).<br />
<br />
<b>23H25</b> : Il y a aussi des listes moins sérieuses, comme celle des <a href="http://www.tnr.com/article/politics/77630/republican-nutjobs-november-beyond-rand-paul-sharron-angle?page=0,0">candidats les plus détestables</a> cette année (comme ce <a href="http://www.tnr.com/article/politics/77630/republican-nutjobs-november-beyond-rand-paul-sharron-angle?page=0,5">candidat</a> <i>démocrate </i>du Tea Party dans l'Indiana), celles des <a href="http://www.tnr.com/slideshow/politics/78801/democrats-big-losses-good-riddance-reid-grayson">démocrates qu'ont va regretter</a> (ou pas) et celles des <a href="http://tpmdc.talkingpointsmemo.com/2010/11/every-cloud-has-a-silver-lining-the-gop-house-seats-that-could-go-dem-tonight.php?ref=fpblg">démocrates qui ont une chance de reprendre un siège</a> à la Chambre aux républicains (c'est la plus courte).<br />
<br />
<b>23H30</b> : Ah, les sites officiels (et tout pourris) de résultats des élections au niveau des états. Ça m'avait manqué. Pour l'instant, pas grand chose ne bouge dans<a href="http://www.in.gov/apps/sos/election/general/general2010?page=office&countyID=-1&officeID=5&districtID=-1&candidate="> l'Indiana</a>.<br />
<br />
<b>23H35</b> : parce ce que ça manque de couleur, la traditionnelle (et bien utile) carte des horaires de fermeture des bureaux de vote, piqué chez <a href="http://www.swingstateproject.com/">Swing State Project</a>.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://img844.imageshack.us/img844/8605/sspmap2010bsmall.gif" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="332" src="http://img844.imageshack.us/img844/8605/sspmap2010bsmall.gif" width="400" /></a></div><br />
<b>23H50</b> : les premiers éléments des sondages sortie des urnes commencent à tomber. 41% des électeurs se disent de sensibilité "conservatrice" dans le <a href="http://www.breakingnews.com/filter/election-2010">sondage pour NBC</a>. C'est beaucoup plus qu'en 2006 et 2008 mais en-dessous du seuil critique de 45% dont parlait <a href="http://www.tnr.com/print/blog/ed-kilgore/78782/comprehensive-2010-election-guide">Ed Kilgore</a> dans son guide pour TNR. Et "seulement" 56% souhaitent moins d'intervention de l'Etat. Ça aurait pu être pire pour les démocrates.<br />
<b><br />
23H55</b> : "Sacramento Bee exit polls show age a major indicator of support for Prop 19". Quelque part, on s'en doutait un peu. (Pour ceux qui ne sont pas accros, la proposition 19 est le référendum sur la légalisation de la marijuana en Californie.)<br />
<br />
<b>00H20</b> : je profite du fait qu'il ne se passe pas encore grand chose au niveau des résultats pour faire un <strike>petit</strike> gros point sur le Sénat. Les démocrates possèdent actuellement 59 sièges à la chambre haute et 19 de leurs sièges sont en jeu cette année. Au vu des sondages, 3 sièges sont déjà irrémédiablement perdus (Dakota du nord, Indiana, Arkansa). C'est un peu plus serré mais sans grand espoir dans le Wisconsin (hélas pour <a href="http://www.tnr.com/print/blog/jonathan-cohn/78783/the-tragedy-russ-feingold">Russ Feingold</a>) et la Pennsylvanie. Plus que 54 sièges pour les démocrates. Ca semble mal parti aussi dans l'Illinois, le Colorado et le Nevada, où la candidate soutenue par le Tea Party Sharron Angle est favorite pour battre le leader démocrate au Sénat Harry Reid. Si tout se passe comme prévu, on en est à 51. Le sort du Sénat devrait se décider dans 3 autres états où les démocrates ont une légère avance dans les sondages : la Californie, Washington (en haut à gauche, pas D.C.) et la Virginie occidentale. Idéalement, les républicains doivent en gagner au moins 2 sur 3 pour être majoritaire la chambre haute. En pratique, et comme Barbara Boxer (D) semble bien partie en Californie, il leur faut remporter la Virginie occidentale et l'état de Washington. Ou au moins un sur deux pour être en position de force au Sénat et pouvoir tenter de se rallier un démocrate conservateur (au hasard Joe Lieberman). En espérant éviter une mauvaise surprise en Alaska, où la bataille entre républicain <i>tea-partite</i> et républicain canal historique donne une petite chance au démocrate de tirer les marrons du feu.<br />
<br />
<b>00H35</b> : pour l'instant, les résultats partiels dans l'Indiana ne sont pas vraiment encourageants pour les démocrates. Les résultats vont être gais. Comme le <a href="http://politics.mycn2.com/2010/11/02/lexington-mayors-race-update-on-jim-newberry-vs-jim-gray/">candidat démocrate élu maire</a> à Lexington, la deuxième ville du Kentucky. Félicitations à lui.<br />
<br />
<b>00H50</b> : si j'avais un candidat démocrate à sauver ce soir, ce serait <a href="http://voices.washingtonpost.com/thefix/house/ask-freshman-rep-tom-perriello.html">Tom Perriello</a> (5e circonscription de Virginie), élu de justesse en 2008 dans une circonscription à majorité républicaine, et qui a néanmoins voté au Congrès selon ses principes plutôt qu'en fonction de sa réélection. Inutile de dire qu'il n'a quasiment aucune chance de gagner.<br />
<br />
<b>01H00</b> : selon <a href="http://fivethirtyeight.blogs.nytimes.com/2010/11/02/live-blogging-election-night/?src=twt&twt=fivethirtyeight#yarmuth-wins-kentucky-3rd-district">Nate Silver</a>, la victoire de John Yarmuth dans la 3e du Kentucky est un signe que la soirée ne sera peut-être pas apocalyptique pour les démocrates. Mouais. Yarmuth était 102e sur la <a href="http://fivethirtyeight.blogs.nytimes.com/2010/11/02/3225/">liste de 538</a> des démocrates les plus vulnérables. Autrement dit, s'il avait perdu, on pouvait s'attendre à une <i>centaine</i> de sièges repris par les républicains. Heureusement qu'on en est pas encore là...<br />
<br />
<b>01H05</b> : BREAKING NEWS! Le <a href="http://www.c-span.org/Special/Live-Social.aspx">live de C-Span</a> (la chaîne parlementaire américaine) a commencé.<br />
<br />
<b>01H10</b> : les médias annoncent la défaite de Christine "I'm not a witch, I'm you" O'Donnell dans le Delaware. Il vaut mieux entendre ça que <a href="http://tpmdc.talkingpointsmemo.com/2010/09/christine-odonnells-1996-anti-masturbation-campaign-on-mtvs-sex-in-the-90s.php">d'être sourd</a>, je suppose.<br />
<br />
<b>01H15</b> : On a retrouvé les électeurs démocrates! Ils sont tous (<i>all three of them</i>) en train d'appeler le standard de C-Span. Si quelqu'un a trouvé un lien vers l'édition spéciale d'une chaîne américaine un peu moins confidentielle, je suis preneur.<br />
<br />
<b>01H20</b> : les démocrates reprennent l'unique siège de représentant du Delaware. Total provisoire à la Chambre des représentants : démocrates + 1 siège. On peut s'arrêter là?<br />
<br />
<b>01H30 </b>: une <a href="http://tpmdc.talkingpointsmemo.com/2010/11/senate-in-the-balance-tpms-look-at-the-9-key-races-still-up-for-grabs.php?ref=fpa">bonne synthèse</a> des élections qui comptent pour le Sénat.<br />
<br />
<b>01H45</b> : Caller on C-Span: "<i>with all the attacks on the Constitution, I had to vote Republican this year"</i>. Like <a href="http://voices.washingtonpost.com/plum-line/2010/10/sharron_angle_and_christine_od.html">the attacks</a> on the <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Establishment_Clause_of_the_First_Amendment">establishment clause</a>, right?<br />
<br />
<b>01H50</b> : en 2008, les républicains avaient perdu tous leurs sièges de représentants en Nouvelle Angleterre. Ils en reprennent au moins deux, sûrement 3 ou 4 ce soir. Une défaite pour les démocrates, mais pas forcément une mauvaise nouvelle concernant la composition idéologique du groupe républicain à la Chambre.<br />
<br />
<b>01H55</b> : le <strike>républicain </strike>démocrate Joe Manchin remporte le siège de sénateur en Virginie occidentale. Ce qui complique beaucoup les affaires des républicains pour le Sénat. Il leur faut reprendre la Californie et Washington pour avoir une majorité 51-49. Ou gagner Washington, se retrouver à 50-50 et espérer une défection côté démocrate.<br />
<br />
<b>02H05</b> : le discours de Jack Conway (qui a perdu contre Rand Paul dans le Kentucky) est vraiment très bon. Contrairement à sa campagne.<br />
<br />
<b>02H20</b> : <b>la Chambre des représentants sera républicaine.</b> Pas de surprise. Les média prévoient un gain net entre 50 et 60 sièges. Ce n'est pas une surprise non plus. On dit que c'est une grande mais pas totalement écrasante victoire des républicains et on va se coucher? Ou on attend de voir s'il y a quelques surprises en réserve dans les sénatoriales qui restent?<br />
<br />
<b>02H35</b> : les électeurs de l’Oklahoma approuvent une proposition interdisant aux juges de faire référence dans leurs décisions au droit international et à la charia. <a href="http://www.ktul.com/Global/story.asp?S=13433018">Pour de vrai</a>.<br />
<br />
<b>02H50</b> : "GOP over-performing in the House and the Dems, possibly, doing the same in the Senate" (<a href="http://www.talkingpointsmemo.com/archives/2010/11/so_where_are_we.php">Josh Marshall</a>). C'est effectivement l'impression qu'on peut avoir, au milieu de la soirée aux Etats-Unis. Mais l'impression ne sera confirmée que si les démocrates parviennent à remporter au moins un siège qui semblait promis aux républicains (en Pennsylvanie, Colorado, Illinois ou Nevada), tout en gardant la Californie et Washington.<br />
<br />
<b>02H55</b> : quelqu'un me lit encore? (<i>question rituelle</i>)<br />
<br />
<b>03H00</b> : "Frankly, this night is looking slightly anticlimactic" (<a href="http://fivethirtyeight.blogs.nytimes.com/2010/11/02/live-blogging-election-night/?src=twt&twt=fivethirtyeight#g-o-p-now-has-95-chance-to-control-house">Nate Silver</a>) Traduction libre : on s'emmerde un peu, là.<br />
<br />
<b>03H05</b> : discours de Ron Paul (<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Tea_Party_movement">Lunatic Party</a>, Kentucky) sur C-Span. Mes oreilles saignent.<br />
<br />
<b>03H10</b> : quelqu'un a des nouvelles des candidats du <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Rent_Is_Too_Damn_High_Party">Rent is Too Damn High Party</a>?<br />
<br />
<b>03H20</b> : Joe Stestak (D) garde une avance significative (80 000 voix) avec plus de 80% des bureaux de vote comptés dans la sénatoriale de Pennsylvanie. Ça s'annonce beaucoup plus serré que prévu.<br />
<br />
<b>03H30</b> : si Michelle Malkin <a href="http://twitter.com/michellemalkin/status/29531663475">fait la gueule</a>, c'est forcément une excellente nouvelle.<br />
<br />
<b>03H50</b> : "Joe Sestak, Alexi Giannoulias, and Michael Bennet all holding leads in their races (although each of those leads are tenuous and Democrats would be relatively fortunate to win 2 of the 3)" (<a href="http://fivethirtyeight.blogs.nytimes.com/2010/11/02/live-blogging-election-night/#the-house-senate-split">Nate Silver</a>) Je pense plutôt que les démocrates seraient déjà contents de garder <i>un </i>de ces trois sièges. Pat Toomey a désormais <a href="http://www.blogger.com/goog_1082665644">3</a><a href="http://www.electionreturns.state.pa.us/ElectionsInformation.aspx?FunctionID=13&ElectionID=39&OfficeID=2">0 000 voix</a> d'avance en Pennsylvanie, avec 10% des votes à compter.<br />
<br />
<b>04H00</b> : le <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Rush_D._Holt,_Jr.">seul membre</a> du Congrès vainqueur de Jeopardy! conserve (de peu) son siège.<br />
<br />
<b>04H30</b> : le constat de mi-soirée semble désormais un peu optimiste. Les républicains font mieux que prévu concernant la Chambre des représentants et pour l'instant, les résultats sont conformes aux prévisions pour le Sénat (c'est mort pour Sestak en Pennsylvanie et Giannoulias en Illinois). Le résultat le plus probable semble une courte majorité démocrate, 51-49, au Sénat -à condition que Patty Muray s'en sorte dans l'état de Washington- et environ 60 sièges de perdus à la Chambre. Pas un désastre absolu certes, mais une cuisante défaite quand même. Certes, il y aura sans doute quelque <i>Schadenfreude </i>dans les semaines à venir à observer la confrontation des fanatiques du Tea Party avec la dure réalité politique, juridique et économique de Washington. Mais la paralysie prévisible du pouvoir au cours des deux prochaines années aux Etats-Unis est la pire chose qui pouvait arriver au vu de la situation économique actuelle. Sale soirée, vraiment.Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-64791322848998768422010-01-04T22:37:00.002+01:002010-11-04T14:48:50.664+01:00Un tweet vaut mieux que deux tu l'auras<img align="left" hspace="10" src="http://i200.photobucket.com/albums/aa166/ceteris-paribus/Imparibus.jpg" vspace="10" />Non, ce blog n'est toujours pas mort. Mais c'est tout comme, vu la fréquence des mises à jour. Et puisque que j'ai toujours autant de mal à trouver le temps de bloguer sérieusement, mais encore, parfois, deux ou trois choses à dire sur l'actualité, la migration vers une plateforme <span style="font-style: italic;">apparemment</span> moins chronophage s'imposait.<br />
<br />
Ca se passe à l'adresse suivante, principalement (<span style="font-style: italic;">famous last words</span>) pour des commentaires bâclés sur des articles d'éco et des liens vers des graphiques sous Excel encore plus mal faits :<br />
<a href="http://twitter.com/imparibus">http://twitter.com/imparibus</a><br />
<br />
Qui sait, peut-être que ça me redonnera l'envie de bloguer. Parce que l'exercice des 140 signes est une sacré souffrance quand on est du genre verbeux.<br />
<br />
Rendez-vous sur Twitter, donc, et bonne année 2010 aux 3 lecteurs qui sont encore là.<br />
<br />
<span style="font-weight: bold;">Add.</span> (05/01) : ok, <a href="http://embruns.net/logbook/2010/01/05.html#respectons-langlois-">Capitaine</a>, je m'incline, c'est moi qui suis un <span style="font-style: italic;">twit</span>. Le titre est dûment corrigé.Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-47891074480611843372009-09-10T23:00:00.006+02:002009-09-10T23:25:59.368+02:00Le bouclier arverne<a href="http://www.lefigaro.fr/politique/2009/09/10/01002-20090910ARTFIG00596-polemique-apres-une-reflexion-equivoque-d-hortefeux-.php">5 septembre 2009</a><br /><blockquote>Le ministre de l'Intérieur s'est expliqué jeudi sur la polémique née d'une vidéo où on l'entend dire, après qu'on lui a présenté un jeune issu de l'immigration: «Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes».<br /><br />«Dans ma bouche, il n'y a aucune référence à une origine ethnique, explique-t-il sur RTL. <span style="font-weight: bold;">Je faisais référence aux Auvergnats</span>. Je prenais des dizaines de photos avec la délégation auvergnate, un jeune m'arrête et me demande une photo, et le public fait des commentaires sur le fait que l'Auvergne était très présente, et j'ai dit» cette phrase.</blockquote><br /><a href="http://www.lemonde.fr/web/depeches/texte/0,14-0,39-40316602,0.html">15 janvier 2009</a><blockquote>Brice Hortefeux, alors ministre du Travail, avait déclaré en janvier dernier que la nationalité française de la secrétaire d'Etat chargée de la Politique de la Ville, Fadela Amara, n'était pas "forcément" évidente.<br /><br />La secrétaire d'Etat avait assuré qu'elle n'en voulait pas à Brice Hortefeux, la remarque étant une <span style="font-weight: bold;">référence à leurs </span><span style="font-weight: bold;">origines auvergnates</span> communes.</blockquote>Les bougnats ont bon dos.Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-30642359274056320482009-05-02T21:30:00.002+02:002009-05-02T21:32:17.194+02:00Jeune et pas con<img src="http://i200.photobucket.com/albums/aa166/ceteris-paribus/esaez.jpg" vspace="5" align="right" hspace="5" />Oui, ce blog est toujours aussi moribond. Mais je sors de ma torpeur printanière pour saluer l'attribution par l'American Economic Association de la prestigieuse médaille John Bates Clark au Français Emmanuel Saez (prof à UC Berkeley). Qui, contrairement aux apparences, n'est pas parent avec Damien. Ni avec <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.com/2005/04/cest-malin.html">Benoît</a>.<br /><br /><a href="http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/index.php/?2009/04/25/1600-bravo-a-emmanuel-saez">Alexandre Delaigue</a> (prestement) et <a href="http://www.ecopublix.eu/2009/04/la-medaille-dor-de-la-gentillesse.html">Camille Landais</a> (longuement) ont publié des notes sur l'apport scientifique des travaux de Saez. Allez les lire sur ce point, je vais me contenter comme d'habitude d'aborder l'anecdotique et le superflu, en essayant de trier ce que ce prix comporte de bonnes et de mauvaises nouvelles, à la paresseuse manière d'Olivier Pastré.<br /><br />Mais avant cela, une réponse à une double question que beaucoup se sont posé à l'annonce du prix : comment diable Saez, qui est Français, a-t-il pu remporter une médaille qui <a href="http://www.vanderbilt.edu/AEA/clark_medal.htm">est attribuée</a> à "<span style="font-style: italic;">l'économiste américain de moins de 40 ans qui a apporté la plus importante contribution à la pensée et à la connaissance économiques</span>"? Et pourquoi donc Thomas Piketty n'a-t-il pas aussi été récompensé, alors qu'il a coécrit avec Saez une <a href="http://scholar.google.com/scholar?q=piketty+saez+&hl=en&lr=&btnG=Search">bonne partie</a> des articles qui valent à ce dernier sa récompense?<br /><br />La réponse est la même : parce que le prix est attribué non pas à un économiste de nationalité américaine mais à un économiste membre de l'AEA qui enseigne dans une université américaine. Ce qui a permis au Canadien <a href="http://www.nber.org/vitae/vita125.htm">David Card</a> de recevoir le prix en 1995. Et empêche aujourd'hui Piketty, professeur à l'Ecole d'économie de Paris, de l'obtenir, au-delà du fait que l'AEA n'admet pas de co-lauréats.<br /><br />En avant pour les bonnes et les mauvaises nouvelles, donc.<br /><br /><span class="shortpost"><a href="http://ceteris-paribus.blogspot.com/2009/05/jeune-et-pas-con.html">La suite</a></span><br /><span class="fullpost">De façon convenue, c'est évidemment une excellente nouvelle pour Emmanuel Saez lui-même, qui obtient une démonstration éclatante de la reconnaissance de ses pairs et au moins <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/John_Bates_Clark_Medal">40% de chances statistiques</a> de remporter un jour un <s>prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel</s> prix Nobel d'économie (au moins, parce que ceux qui ont déjà eu la médaille John Bates Clark et sont toujours en vie peuvent encore obtenir le Nobel).<br /><br />On pourrait croire que c'est une mauvaise nouvelle pour <a href="http://econ-www.mit.edu/faculty/eduflo/">Esther Duflo</a>, une autre star française de l'économie américaine, qui était la <a href="http://www.marginalrevolution.com/marginalrevolution/2009/04/handicappling-the-clark-medal.html">grande favorite</a> pour la médaille cette année. Mais, à 36 ans, il lui reste un peu de temps, d'autant que la médaille John Bates Clark sera attribuée tous les ans à partir de 2010. On voit difficilement l'AEA ne pas la récompenser prochainement.<br /><br />Par contre c'est une vraie mauvaise nouvelle pour le Cercle des économistes (français) qui attribue, chaque année depuis 1999, le "<a href="http://www.lecercledeseconomistes.asso.fr/spip.php?article34">prix du meilleur jeune économiste</a>" à "<span style="font-style: italic;">un (ou une) économiste de moins de quarante ans qui combine expertise reconnue et participation active au débat public</span>" : Emmanuel Saez a bien été nominé une fois, en 2006, mais n'a pas obtenu le prix. Ca la fout un peu mal. A la décharge du Cercle, on pourrait arguer que les critères d'attribution ne sont pas les mêmes, et que, exilé aux Etats-Unis et peu présent dans le débat public français, Saez ne remplissait pas toutes les conditions pour obtenir le prix. Mais <a href="http://socrates.berkeley.edu/%7Epog/">Pierre-Olivier Gourinchas</a> (UC Berkeley) est à vue de nez dans la même situation et a eu le prix en 2008. Ca la fout donc vraiment mal. D'autant qu'il suffisait au jury de <a href="http://ceteris-paribus.blogspot.com/2005/05/john-bates-clark-en-vf.html">lire mon blog</a> pour savoir qui récompenser.<br /><br />C'est aussi une mauvaise nouvelle pour l'état de la presse française, qui a été <a href="http://news.google.fr/news?pz=1&ned=fr&hl=fr&q=%22emmanuel+saez%22">infoutue</a> de relayer l'information et semble toujours autant se désintéresser de l'économie telle que la pratiquent les économistes.<br /><br />On pourrait enfin soutenir que le prix attribué à Emmanuel Saez est plutôt une mauvaise nouvelle pour la recherche économique française, en tant qu'il souligne l'inexorable fuite de nos meilleurs cerveaux vers les universités américains. Phénomène qui ne date pas d'hier (qu'on pense à <a href="http://socrates.berkeley.edu/%7Epog/">Olivier Blanchard</a> ou <a href="http://www.economics.harvard.edu/faculty/aghion">Philippe Aghion</a>), mais qui semble s'accélérer récemment : outre Emmanuel Saez, Esther Duflo et Pierre-Olivier Gourinchas, on peut aussi citer <a href="http://pages.stern.nyu.edu/%7Ealandier/">Augustin Landier</a> (NYU), <a href="http://www.economics.harvard.edu/faculty/farhi">Emmanuel Farhi</a> (Harvard) ou <a href="http://pages.stern.nyu.edu/%7Etphilipp/">Thomas Philippon</a> (NYU). Selon un <a href="http://www.challenges.fr/magazine/enquete/0148.018010/et_la_france_dans_tout_a_.html">article récent </a>de <span style="font-style: italic;">Challenges</span>, 16 des 40 premiers économistes français en termes de citation sont installés aux Etats-Unis.<br /><br />En fait, au delà de l'évident biais de sélection (pour qu'un économiste français remporte la médaille John Bates Clark il faut, <span style="font-style: italic;">par définition</span>, qu'il enseigne aux Etats-Unis), je pense que l'événement prouve plutôt les bienfaits de la mondialisation en matière de recherche scientifique, et le bénéfice que la France peut en tirer.<br /><br />D'une part, il me semble qu'on peut interpréter le parcours des économistes français comme le signe d'une spécialisation efficace des pays en termes d'enseignement : solide formation en mathématiques en France (ENS ou Polytechnique la plupart du temps), puis PhD en économie aux Etats-Unis. On souligne généralement, à raison, le fait que les exilés auraient du mal à trouver, en France, un environnement intellectuel et matériel aussi propice à la recherche scientifique. Mais on peut aussi penser que la formation qu'ils ont reçue en France, en classe préparatoire et en grande école, n'est sans doute pas pour rien dans leur réussite outre-Atlantique. Au final, cet arrangement est sans doute celui qui est le plus profitable du point de vue de la discipline économique.<br /><br />D'autre part, on aurait tort de croire que cette fuite des cerveaux se traduit forcément par une perte nette pour la France. Les exilés n'arrivent en effet pas les mains vides aux Etats-Unis : ils apportent avec eux des références historiques et culturelles françaises. Et ces références influencent, à des degrés divers mais nécessairement, le type de recherche qu'ils conduisent outre-Atlantique. Il en ressort souvent un éclairage nouveau sur la France, à la lueur de l'exemple américain et des comparaisons internationales. Mais l'inverse est aussi possible : ce n'est pas un hasard si ce sont deux Français, Thomas Piketty et Emmanuel Saez, qui ont remis au goût du jour la recherche économique sur le thème des inégalités et ont réussi à l'imposer dans un débat américain qui vivotait sur des références vieillissantes et de plus en plus erronées au "<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Rags_to_riches">rags to riches</a>" et à la <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Courbe_de_Kuznets">courbe de Kuznets</a>.<br /><br />Et ça, c'est clairement une bonne nouvelle.</span>Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-1366387392846689732009-02-11T21:17:00.002+01:002009-02-12T12:08:49.804+01:00You know your blog is dead when...<img src="http://i200.photobucket.com/albums/aa166/ceteris-paribus/tombstone.jpg" vspace="5" align="right" height="200" hspace="5" />10. You haven't posted anything in more than a month.<br /><br />9. Your blogroll is hit by <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Link_rot">link rot</a>, big time.<br /><br />8. When you post something, people <a href="http://twitter.com/versac/status/1028283829">greet</a> it with a "maybe his blog is not dead after all".<br /><br />7. You let spam pile up in comments, and don't care all that much.<br /><br />6. When you meet other bloggers, you don't talk about blogging.<br /><br />5. When people mention that you blog, you immediately add that you <span style="font-style: italic;">used to</span> blog.<br /><br />4. Friends ask if you write for some other website.<br /><br />3. You've become way less paranoid about the preservation of your online anonymity.<br /><br />2. You don't want to turn every single thing you read, see or do into a blog post anymore.<br /><br />1. You're willing to entertain the notion that your blog is dead, <span style="font-style: italic;">on your blog</span>.Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-50019282591619282082008-12-01T19:59:00.001+01:002008-12-01T20:03:10.368+01:00DTC<a href="http://wwwdev.nber.org/dec2008.html">NBER</a> vs <a href="http://instaputz.blogspot.com/2008/10/glenn-reynolds-and-dude-wheres-my.html">Glenn Reynolds</a>.Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-39280835179922437252008-11-27T21:41:00.002+01:002008-11-27T21:47:09.865+01:00Contre la crise, achetons français!<p>Qu'est-ce qu'il ne faut pas <a href="http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-37732350@7-37,0.html">dire</a> pour échapper aux <a href="http://www.liberation.fr/politiques/0101268788-fillon-siffle-au-congres-des-maires">sifflets</a> des maires de France (je grasse) :<blockquote>[Le Président de la République] a souhaité enfin que les collectivités locales puissent, dans leurs appels d'offres, "ne pas avoir la seule religion du prix mais puissent faire une part aux petites et moyennes entreprises, <span style="font-weight: bold;">aux entreprises du pays</span>, aux entreprises qui prennent l'engagement de ne pas délocaliser, aux entreprises qui sont écologiquement responsables".<br /><br />"Il y a un tas de dossiers de routes, d'aménagements, de bâtiments à refaire, d'économies d'énergie à gagner, de prêts à taux zéro qu'on peut doper considérablement qui permettront de donner du travail à <span style="font-weight: bold;">nos</span> entreprises, qui ont en bien besoin, extrêmement rapidement", a-t-il ajouté.</blockquote>Cela fait visiblement un bout de temps que <s>Guaino</s> Sarkozy n'a pas ouvert un code des marchés publics : la religion du seul prix a depuis longtemps disparue, remplacée par la délicieuse notion "d'offre économiquement la plus avantageuse" et il est tout à fait possible de prendre en compte "les performances en matière de protection de l'environnement" pour l'attribution d'un marché (<a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=A80DCBD912695B522A7B4657C9B0B20A.tpdjo07v_3?idSectionTA=LEGISCTA000006161208&cidTexte=LEGITEXT000005627819&dateTexte=20081118">article 53</a> du CMP).<br /><br />Une chose qui n'a pas changé, par contre, c'est le principe d'égalité de traitement entre les candidats. Et <span style="font-style: italic;">particulièrement</span> d'égalité de traitement entre les gentilles PME de notre pays à nous et les méchantes multinationales de chez eux. Le tout en application des <a href="http://europa.eu/scadplus/leg/fr/s11000.htm">directives communautaires</a> en vigueur, dont la raison d'être est <span style="font-style: italic;">justement</span> d'empêcher ce type de discrimination. Autrement dit, les souhaits du Président sont tout aussi juridiquement irréalisables (et c'est heureux) que politiquement opportunistes (et crassement, en plus). Et les édiles qui tenteraient de mettre en oeuvre ses recommandations risqueraient de goûter aux joies de la <a href="http://somni.blog.lemonde.fr/2008/11/06/une-perle-agathoise/">justice pénale</a>.<br /><br />Ca fait déjà un bout de temps que je me dis, en rigolant, "vivement que la gauche revienne au pouvoir, qu'on puisse avoir une politique économique un peu libérale". Aujourd'hui, je ne rigole plus.Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-41151054382729471952008-11-26T12:30:00.001+01:002009-02-12T12:05:11.763+01:00Comme des marins bourrésQuand les Britanniques décident de faire du déficit, ils ne font pas les choses à moitié (et ils <a href="http://krugman.blogs.nytimes.com/2008/11/24/hm-stimulus/">ont raison</a>).<br /><br /><img src="http://i200.photobucket.com/albums/aa166/ceteris-paribus/_45236699_uk_budg_deficit_466gr.gif" /><br /><br />Putain, 8 % de déficit en 2009-2010 (l'année budgétaire britannique va du 1er avril au 31 mars), quand même. De manière assez comique, les Anglais avaient réussi à passer, au moins auprès des <a href="http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2008/11/25/le-plan-britannique-creusera-un-deficit-public-de-8-du-pib_1122856_1101386.html">commentateurs français</a>, pour des parangons de la vertu fiscale, alors qu'ils accumulent des déficits autour de 3% depuis 2002. Ca ne devrait plus durer longtemps.<br /><br />Le plus beau, si l'on en croit le rapport pré-budgétaire du Trésor de Sa Majesté (<a href="http://news.bbc.co.uk/1/shared/bsp/hi/pdfs/24_11_08_pbr_completereport.pdf">pdf</a>, p 3), est que la dégradation du déficit doit assez peu au plan de relance de Gordon Brown (20 %) et énormément (80 %) à des stabilisateurs automatiques gonflés aux stéroïdes :<br /><blockquote>Public sector net borrowing (PSNB) increases from 2.6 per cent of GDP in 2007-08 to 8.0 per cent in 2009-10, reflecting the impact of the economic downturn on receipts, in particular from the financial and housing sectors, the effect of the automatic stabilisers and the action the Government is taking to support the economy. Of this around 1.1 per cent of GDP is as a result of discretionary action to support the economy.</blockquote>Bon, j'avoue avoir un peu de mal à comprendre en quoi ce résumé cadre exactement avec les autres chiffres fournis par le Treasury. Le tableau page 4 fait état d'un déficit structurel (donc <span style="font-style: italic;">corrigé des variations de la conjoncture</span>) qui passe de 0,8 % du PIB en 2007-2008 à 4,4 % en 2009-2010, soit une dégradation de 3,6 %. Etrange.<br /><br />En tout cas, les responsables du Treasury ont gardé le sens de l'humour :<br /><blockquote>The fiscal projections set out in this Pre-Budget Report are consistent with returning to cyclically-adjusted current balance and debt falling as a share of the economy by 2015-16 when the global shocks will have worked through the economy in full.</blockquote>Pareil pour moi : mon passage d'un demi-paquet à un paquet de clopes par jour est tout à fait cohérent avec mon arrêt définitif du tabac à la fin 2009, une fois que la phase de boulot intense sera terminée.Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6532394.post-66412601592000286862008-11-25T13:52:00.001+01:002008-11-25T13:54:04.913+01:00Lâcheté mal placéeEncore un attentat en Corse (contre la voiture banalisée, et heureusement vide au moment de l'explosion, du directeur adjoint de la PJ d'Ajaccio), encore une <a href="http://fr.news.yahoo.com/2/20081125/tfr-attentat-en-corse-contre-la-voiture-8896b6f.html">condamnation rituelle</a> de la part des autorités :<br /><blockquote>La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a condamné "avec la plus grande fermeté" cet attentat. Dans un communiqué, elle a dénoncé "cet acte lâche" et renouvelé "sa confiance et son soutien à l'ensemble des forces de l'ordre engagées en Corse".</blockquote>Rien que de très classique. Mais l'invocation de la lâcheté après chaque acte terroriste ne laisse pas d'être problématique. Supposons, par exemple, que les auteurs de l'attentat aient détruit la voiture à coups de masse, en plein jour, esquivant habilement les tirs des membres des forces de l'ordre arrivés en renfort pour tenter de mettre fin à leurs agissements. A suivre le raisonnement de la ministre de l'Intérieur, leur acte aurait certainement été plus courageux. Aurait-il pour autant été moins condamnable? Evidemment non.<br /><br />De fait, la mention n'est pas seulement inutile. Elle est véritablement dangereuse, dans la mesure où elle laisse à penser qu'il y a lieu de distinguer entre deux types d'actes terroristes : les actes "lâches", qu'il y a lieu de condamner avec la rituelle "plus grande fermeté" ; et les actes courageux, pour lesquels, je suppose, la fermeté de la condamnation pourrait être un peu moins grande. Conclusion absurde, évidemment. Mais qui démontre l'absurdité du discours officiel.<br /><br />Comme <a href="http://www.slate.com/id/1008268/">l'écrivait</a> fort justement Timothy Noah dans <span style="font-style: italic;">Slate</span>, un certain 11 septembre 2001 (et il fallait un certain courage pour l'écrire ce jour-là) :<br /><blockquote>In truth, notions of "cowardice" and "bravery" are entirely irrelevant when we contemplate the horrors of terrorism. To call a terrorist "cowardly" is to substitute testosterone for morality. Somehow it isn't enough to abhor an act of terrorism or even to promise to make the terrorist pay dearly. The rules demand that the terrorist be branded a sissy. This is not only a childish reflex, but one that weakens the moral force of the condemnation and thereby dishonors terrorism's victims. After all, we don't want brave people to slaughter innocent people any more than we want cowardly people to do so.</blockquote>Emmanuelhttp://www.blogger.com/profile/11220120276706953547noreply@blogger.com0