25 octobre 2004
Matthew Yglesias a parfaitement et malheureusement raison :
Since the earth doesn't get any bigger, every year I feel like I get closer to having visited all the places I would like to visit, even if I probably won't ever get around to seeing all of them. But so many books are published every year, and so many were already written before I was born, that I feel like I get further and further away from having read everything I would like to read as time goes by.D'autant que le temps passé chaque jour à lire la presse (et les blogs), pour ne pas se faire dépasser par l'actualité, réduit d'autant celui consacré à la lecture des livres, et en particulier à la littérature. Dès lors, le point de vue exprimé à ce propos par Swann, au début de Du coté de chez Swann (p 25-26 de mon édition Folio), apparaît moins ridicule qu'il n'en a l'air au premier abord :
"Ce que je reproche aux journaux ce de nous faire faire attention tous les jours à des choses insignifiantes tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie les livres où il y a les choses essentielles. Du moment que nous déchirons fiévreusement chaque matin la bande du journal, alors on devrait changer les choses et mettre dans le journal, moi je ne sais pas, les... Pensées de Pascal! (il détacha ce mot d'un ton d'emphase ironique pour ne pas avoir l'air pédant). Et c'est dans ce volume doré sur tranches que nous n'ouvrons qu'une fois tous les dix ans", ajouta-t-il en témoignant pour les choses mondaines le dédain qu'affectent certains hommes du monde, "que nous lirions que la reine de Grèce est allée à Cannes ou que la princesse de Léon a donné un bal costumé. Comme cela la juste proportion serait rétablie."La nature humaine étant ce qu'elle est, le manque de temps ne nous empêche pas, au contraire, de continuer à acheter des livres, même quand les précédents n'ont pas été finis. Schopenhauer avait déjà magnifiquement résumé le problème :
Es wäre gut Bücher kaufen, wenn man die Zeit, sie zu lesen, mitkaufen könnte, aber man verwechselt meistens den Ankauf der Bücher mit dem Aneignen ihres Inhalts.Sur ce, je vous laisse, il faut que j'aille me rencarder sur la dernière tempête dans un verre d'eau qui secoue la blogosphère américaine. Il sera toujours temps de finir plus tard les livres entamés qui s'empilent sur mes étagères.
Mis en ligne par Emmanuel à 17:37 | Lien permanent |