02 février 2005

Chemical brothers 

Les opposants à la libéralisation du marché de l'électricité en France viennent de trouver un allié de poids : l'Union des Industries chimiques, le lobby du secteur français de la chimie :
Les industriels de la chimie se sont à nouveau inquiétés mardi de "l'évolution problématique du prix de l'électricité", énergie dont ils sont les premiers consommateurs institutionnels en France et dont les tarifs ont bondi de plus de 55% en quatre ans. [...]

"On est passé d'un monopole de droit d'EDF, encadré dans un environnement lisible et prévisible, à un oligopole avec de fortes incertitudes sur l'avenir", a commenté [Thierry Vassalo, le directeur de l'énergie d'Arkema, une filiale de Total] lors d'une conférence de presse.
Conférence de presse qui s'est tenue hier matin, au Press Club de France, avec l'inévitable présentation Powerpoint (pdf) et l'essentiel communiqué de presse qui est largement repris dans la dépêche de l'AFP. Comme d'habitude, la défense des intérêts catégoriels s'est drapé dans le discours de la "compétitivité" et des risques de délocalisation. La dixième diapositive du Powerpoint ("les risques pour l'industrie chimique en France") annonce ainsi, en gros caractères :
Perte de compétitivité de l’industrie française,

Fermetures temporaires/définitives d’usines –
Délocalisations
(impacts sociaux-économiques).
Loin de moi l'idée de soutenir la délocalisation des industries françaises ou de porter des jugements définitifs sur un sujet que je ne connais pas du tout (ce sont des choses qui ne se font pas sur un blog, n'est-ce pas?). Mais je m'interroge : la grogne des industries chimiques ne provient-elle pas de la disparition d'une subvention implicite accordée par l'Etat français via EDF? Subvention évidemment très favorable pour le secteur de la chimie, mais, comme toute subvention, payée par le reste des consommateurs et/ou des contribuables. Mes soupçons s'appuient surtout sur cette phrase du communiqué de presse de l'UIC (mes italiques) :
[L]es industriels français de la chimie sont dans une situation particulièrement délicate, car les avantages historiques dont ils bénéficiaient grâce aux choix nationaux de politiques énergétiques et de par leurs profils de consommation à travers des tarifs adaptés, disparaissent au profit d’un nivellement par le haut des prix de l’électricité européens.
Je le répète : ma connaissance du fonctionnement du marché de l'électricité (et surtout de la façon dont s'opère, sur le plan règlementaire, l'ouverture à la concurrence) est minimale. J'aimerais bien avoir la réaction de ceux (AD, par exemple) qui ont une réelle expertise à ce sujet.