04 décembre 2007
Les querelles internes du PS m'ennuient presque autant que les primaires démocrates américaines, mais il me semble qu'Harlem Désir soulève un argument très juste en réaction au livre de Ségolène Royal :
«La distance entre le parti et la candidate a certes été une faille dans la campagne , estime Harlem Désir, proche de Lionel Jospin. Mais a-t-elle essayé d’y remédier ? J’ai plutôt le sentiment qu’elle en a joué comme d’un élément de différenciation et d’un atout. Le problème, c’est que c’est devenu une faiblesse.»Plusieurs raisons expliquent la victoire de Ségolène Royal aux primaires internes du PS mais la première a sûrement été sa critique radicale de la vieille garde du parti. Le discours de l'appel à la base contre les éléphants a séduit une part importante des nouveaux adhérents à 20€, dont l'immense majorité se contrefichait des courants établis et n'était pas animé par une dévotion particulière à l'égard du premier secrétaire en place.
Le problème avec cette stratégie est qu'elle est aussi périlleuse au cours de la campagne nationale que potentiellement payante pendant les primaires. La raison la plus évidente est que les apparatchiks du parti, pris comme têtes de turcs à l'automne, ont eu, et c'est humain, quelque mauvaise grâce à vous soutenir avec un fol enthousiasme quand l'hiver fut venu.
Mais il y en a une autre, peut-être plus fondamentale : aussi imparfaits soient-ils, les grands partis politiques restent un formidable réservoir de compétences, d'expérience et de mécanismes de coordination sans qui -a fortiori, contre qui- gagner une campagne présidentielle devient extrêmement difficile. Pas impossible, certes. Mais très difficile néanmoins, et à mon sens beaucoup plus aujourd'hui qu'en 1974.
Je me rappelle d'une période où les plus brillants analystes de la vie politique française (et aussi d'autres qui le sont moins) expliquaient que Ségolène avait beau être très populaire auprès de l'opinion (et donc présidentiable au vu des sondages), elle n'avait aucune chance de l'emporter au sein du parti socialiste, faute d'y avoir constitué un courant digne de ce nom. En réalité, c'est le contraire qui était vrai.
Add. (11/12) : perseverare diabolicum.
Mis en ligne par Emmanuel à 23:34 | Lien permanent |