21 septembre 2008
Avec la vague rose qui a déferlé aujourd'hui sur le palais du Luxembourg, cela fait au moins 7 élections nationales sur les 9 qui ont eu lieu depuis 2004 où la gauche en général, et le PS en particulier, obtient des résultats bien meilleurs que prévus : régionales, cantonales et européennes en 2004, législatives en 2007, municipales, cantonales et sénatoriales en 2008 (la gauche avait progressé aux sénatoriales de 2004, mais je ne me rappelle plus si le résultat était vraiment inattendu).
Encore une fois, le contraste entre les résultats électoraux et l'image d'un PS en proie au déchirement interne et incapable de se fixer une ligne programmatique claire est frappant. Une partie de l'explication vient du fait que la droite est au pouvoir depuis 2002 et qu'elle est généralement impopulaire quand elle gouverne (sensiblement plus que la gauche, d'ailleurs), ce qui met l'opposition en position de force à chaque élection intermédiaire. Mais cet élément est déjà pris en compte dans les prévisions pré-élections. Et la gauche fait néanmoins mieux que prévu quasiment à chaque fois.
Evidemment, toutes ces victoires (et la défaite à la Publius Decius Mus aux législatives de 2007) ne sauraient compenser les lourdes défaites aux présidentielles de 2002 et de 2007. Mais elles relativisent sacrément l'analyse d'un PS incapable de l'emporter dans les urnes. Reste à expliquer pourquoi la gauche arrive à vaincre aux élections intermédiaires et pas (plus) aux élections présidentielles.
Je me demande en fait si ces fortunes diverses ne sont pas les deux faces d'une même médaille : la droite a réussi à créer un parti fort, centralisé, largement uni derrière un seul homme quand la gauche reste divisée, plurielle et culturellement rétive à s'unir derrière un leader providentiel. Cela donne un avantage structurel à l'UMP pour les présidentielles mais le dessert pour les autres élections, qui sont soit moins personnalisées, soit favorables aux partis les plus à même de s'adapter à la diversité des cultures politiques sur le territoire français.
Dit autrement : la fin du mitterandisme et l'avénement du sarkozysme ont permis à la gauche de s'imposer de plus en plus largement dans les élections locales, au-delà de ce qui paraissait concevable il y a seulement 10 ans. Mais ces deux mouvements rendent en même temps encore plus difficile une victoire d'un candidat de gauche aux élections présidentielles. Est-ce nécessairement, du point de vue du PS, une si mauvaise opération? Si le Sénat bascule à gauche en 2011, comme cela devient, sinon probable, du moins possible après les résultats du jour, on pourra à mon sens légitimement se poser la question.
Mis en ligne par Emmanuel à 23:42 | Lien permanent |