28 septembre 2008

Politique de l'Autriche 

En 1999, le parti de Jörg Haider avait réalisé 27% des voix, un souffle devant les conservateurs de l'ÖVP, avec qui le FPÖ allait s'allier début 2000 et mettre un temps l'Autriche au ban de l'Europe. 9 ans et une scission retentissante plus tard, le FPÖ et le BZÖ de Jörg Haider réalisent à eux deux 29% des voix. Un score élevé de l'extrême droite était attendu. Mais pas à ce niveau-là. Et surtout pas à ce niveau-là pour le BZÖ, qui semblait cantonné au rôle de parti régional : fort en Carinthie (25% des voix aux élections de 2006), le fief de Haider, quasi-inexistant jusqu'à maintenant ailleurs.

La première leçon du scrutin, traditionnelle, est que les grandes coalitions sont rarement bénéfiques pour les partis au pouvoir. La seconde est que l'euroscepticisme paie. D'abord, bien sûr, pour le FPÖ et le BZÖ, qui, au-delà de leurs différences programmatiques et sociologiques (Der Standard a un schéma fascinant qui montre que le FPÖ a surtout rallié des électeurs du SPÖ social-démocrate alors que le BZÖ conquiert d'abord des déçus de l'ÖVP chrétien-démocrate) se retrouvent sur une ligne anti-UE et anti-immigration.

Mais aussi pour le SPÖ, déchiré par les luttes internes et donné perdant face à l'ÖVP au début de l'été, et qui a réussi à limiter la casse en mettant en avant sa promesse de soumettre tout nouveau traité européen à référendum.

(Au passage, ce traité de Lisbonne était décidément une brillante idée. Non seulement parce qu'il renforce l'image d'une Union où les grandes décisions se prennent à l'abri des peuples. Mais aussi parce que l'eurosceptisme qu'il provoque profite avant tout à des partis qui sont par ailleurs très peu fréquentables.)

Il reste que l'Autriche se retrouve ce soir dans une situation plus qu'inconfortable. Le gouvernement le plus probable est une nouvelle grande coalition, alors qu'elle vient d'être clairement désavouée par les électeurs (et par l'ÖVP pendant la campagne, qui avait fait de l'abandon de la nouvelle ligne européenne du SPÖ un préalable à toute nouvelle alliance).

Mais c'est ça ou le retour de l'extrême droite au pouvoir, soit avec les conservateurs (mais il faudrait alors gouverner avec les frères ennemis du FPÖ et du BZÖ, autrement dit faire cohabiter Le Pen et Mégret), soit avec les sociaux-démocrates (ce qui s'est déjà produit par le passé au niveau fédéral, mais en des temps où le FPÖ était beaucoup plus modéré).

Avec la perspective de nouvelles élections anticipées dans un futur pas si lointain.