21 avril 2004

Bien essayé mais... 

Fidèle à son combat contre le clan des apaiseurs (aka "l'axe des belettes"), Vincent Bénard écrit :
Le groupe Ansar al Islam possédait une base arrière dans le Kurdistant irakien, base qui fut démantelée par l'alliance Américano-kurde quelque jours avant la prise de Bagdad. Malgré ces faits difficiliment contestables, les ''pacifistes'' de tout bord continueront de clamer que les liens entre l'Irak et l'une des branches les plus dangereuses d'Al Qaeda ne sont pas du tout confirmés...
Pour ne rien cacher à mes lecteurs, j'étais parti pour écrire une réponse pleine d'ironie mordante sur le mode "mais mon pauvre ami, cette assertion ridicule a déjà été démontée depuis des lustres".

En fait les choses sont un peu plus compliquées. Je pensais, en me fiant à ma mémoire sélective et à ce post, que les camps d'Ansar al-Islam se situaient dans la zone de non-survol du nord de l'Irak, donc protégée par les Américains et hors du contrôle du régime baasiste. En fait, comme le montre cette carte, c'est partiellement inexact : les activités d'Ansar se déroulaient au sud de la "no fly zone" mais dans un territoire contrôlé par les autorités kurdes, protégé par les Américains et hors du contrôle direct de Bagdad. Mon erreur initiale ne change donc pas grand chose.

Ce qui en change pas mal, par contre, c'est que la carte mentionnée plus haut est accompagnée d'un article (en fait, c'est plutôt le contraire mais je m'autorise, en raison de l'heure tardive, un certain relâchement dans le style) et que l'article mentionne des témoignages de dirigeants kurdes faisant état de liens -certes ténus- entre Ansar et le régime de Saddam Hussein. Je note qu'un article plus récent, d'une source a priori fiable, développe également ce point, en citant à la fois des responsables du PKK et de l'administration Bush. L'ennui est qu'aucun des deux articles ne se prononce vraiment sur la véracité de ces accusations, l'article de l'IISS soulignant par ailleurs qu'il "faut prendre avec prudence les affirmations du PKK". Au vu de ce que l'on sait désormais, j'ajoute qu'il n'est pas inutile de faire la même chose avec les affirmations de l'administration Bush.

Dans ces cas-là, autant se tourner vers plus spécialiste que soi pour débrouiller l'écheveau. Et il me semble bien que Daniel Drezner -qu'on ne saurait accuser de sympathies gauchistes et qui a une bonne expérience des relations internationales et des débats épineux- avait clôt le débat en mars 2003 :
First, contrary to many skeptics' assertions, there is an Al Qaeda presence in Iraq. Second, it's also clear that Saddam Hussein has little to do with this presence. At worst, Hussein's policy on Al Qaeda might be characterized as benign neglect -- he's not helping them but he doesn't mind them being in parts of Iraq he can't control. There might be other reasons to support regime change in Iraq, but the Al Qaeda connection is a weak reed.