24 avril 2004

Fondapolgate? 

Versac décide d'explorer les dessous du nouveau joujou de Jérôme Monod, "l'Association pour la fondation pour l'innovation politique". Et se pose la question inévitable : mais comment fait la bande à Juppé pour accoucher de noms aussi ridicules? Hum, non. En fait, Nicolas s'interroge sur le financement des actifs immobiliers de la Fondation :
La fondation dispose de magnifiques locaux : [un] superbe immeuble datant des années 30, sur le quai d'Orsay. Celà m'a amené à me demander : mais qui finance ? [...]

Dans les statuts, il est expliqué que la fondation pour l'innovation politique a touché 750 K€ de ... l'association pour la fondation de l'innovation politique. Soit. Mais qui finance l'association ? Une fondation ? La fondation doit vivre des subventions, revenus de ce fonds de 750K€, et publications... Imaginons le loyer de ces locaux. Imaginos qu'ils ont au moins 1.000 m², à en juger par les photos, estmamation basse : 30 € par mois le m² (sauf si de sombres histoires de mairie de Paris se cachent derrière tout ça) coûte grosso modo : 360 K€ !

Comment fait la fondation pour se les payer ? Avec les intérêts à, disons 4%, de 750 K€, soit 30 K€ ? Ou bien, elle est propriétaire. Et elle a acheté ces 1.000 m² ave cses 750 K€ (bonne affaire, non ?).
Comme cette histoire m'intrigue et que j'ai du temps à perdre mettre à profit, j'ai évidemment cherché à creuser le sujet. Et il s'avère qu'un peu de googling bête et méchant permet de se faire une meilleure idée de la situation :
  • L'immeuble sis au 53 quai d'Orsay, a été vendu en mai 2003 par le promoteur britannique Hammerson au fonds allemand KanAm Grund Kapitalanlagegesellschaft, pour la coquette somme de 105 millions €.

  • Il contient 9 200 m2 de bureaux, loués depuis novembre 2002 au cabinet d'avocats d'affaires américain Latham & Watkins pour un loyer annuel de 6,8 millions € (soit près de 740 € au m2).

  • Altadis, ex-Seita, était précédemment occupant des locaux (sans doute avant novembre 2002), mais a depuis déménagé dans le XIIIe arrondissement. Il semble que Latham et la bande à Monod soient aujourd'hui les seuls occupants de l'immeuble.

Deux choses sont donc certaines : la fondation n'a pas acheté l'immeuble et elle ne loue qu'une très petite partie des locaux. Le doute demeure cependant sur l'étendue exacte des bureaux de l'association, même si les photos présentes sur leur site permettent de se faire une petite idée : a priori, ils fonctionnent avec une bibliothèque / open space (photo de gauche) et un petit nombre de bureaux individuels. Au besoin, ils peuvent toujours se faire prêter ponctuellement des salles de réunion par Latham.

Le problème, c'est qu'au prix où coûte le m2 dans cet immeuble, 30k € par an (le rendement garanti de 750k€) permettent tout juste de louer un deux pièces (40 m2). Et les locaux sont clairement beaucoup plus étendus. Le bail de sous-location proposé par Latham peut être avantageux, mais pas à ce point là.

En conclusion, il me semble que la Fondation ne peut pas être financée uniquement sur les rendements financiers de son fonds de dotation. Une bonne part de ses ressources (n'oublions pas qu'il faut aussi payer les permanents) devra donc provenir des subventions publiques et de dons individuels majoritairement défiscalisés, comme le mentionne l'article 13 des statuts. C'est à dire que la fondation vivra en partie, directement ou indirectement, sur fonds publics. Est-ce nécessairement une mauvaise chose? Je laisse le lecteur en juger par lui-même.

NB : Je précise à toutes fins utiles que je ne suis un spécialiste ni de l'immobilier de bureau, ni des finances associatives. Par contre, je connais un peu le monde des thinks tanks à la française. Mais cela ne m'a pas servi à grand chose pour écrire ce post.