29 avril 2004

Retour au Soudan 


Voilà plusieurs jours que j'avais l'intention d'écrire sur l'évolution de la situation au Darfour, histoire de ne pas succomber à l'indifférence générale que je dénonçais début avril. Je m'aperçois que Versac* l'a fait hier, en critiquant justement l'attitude de la Commission des droits de l'homme de l'ONU, qui ne sert ni les droits de homme, ni l'image des Nations Unies.

Je me permets de rajouter quelques éléments d'information :


  • La bonne nouvelle est que la presse s'est enfin bougée au cours de la semaine : un double éditorial dans le Washington Post de lundi, un reportage multimédia par Nicholas Kristof -qui a eu le grand mérite d'attirer l'attention sur le Soudan il y a deux mois- dans le dernier New York Times Magazine et un deuxième éditorial (archivé) du Monde sur la question le week-end dernier.

  • La mauvaise est que le cessez-feu conclu il y a trois semaines semble allégremment violé par les milices soutenues par Khartoum.

  • Un autre signe inquiétant, comme le remarque Nicolas, est l'attitude mollassone de la France sur le dossier : rien depuis le voyage de Muselier de début avril et surtout des propos publics complétement lénifiants :
    Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée aux affaires européennes - [...] La situation dans le Darfour nous préoccupe gravement, d'une part parce qu'il s'agit d'une terrible crise humanitaire, d'autre part parce qu'elle menace la stabilité de toute une région. C'est pourquoi M. de Villepin s'était rendu au Tchad et au Soudan en février dernier. Et la France a fortement soutenu, avec ses partenaires européens, la médiation du président Deby dans les pourparlers de paix qui ont abouti, le 8 avril dernier, à N'Djamena, à la conclusion d'un accord de cessez-le-feu humanitaire entre le gouvernement soudanais et les rebelles. Mais nous devons rester vigilants, car cet accord doit être confirmé sur le terrain.

    Plusieurs missions humanitaires internationales se trouvent actuellement au Darfour. Il faut nous assurer qu'elles ont la possibilité de travailler.

    La situation au Soudan a été évoquée à la commission des droits de l'homme de l'ONU et a donné lieu à une longue concertation entre l'Union européenne et le groupe africain, laquelle a permis un accord sur un mécanisme concret de surveillance de la situation des droits de l'homme. C'est un progrès, qui répond en partie aux préoccupations exprimées par le secrétaire général des Nations unies. La communauté internationale doit maintenant soutenir ce mécanisme de suivi du cessez-le feu, que l'Union africaine doit mettre en place, et bien sûr ne pas abandonner.
    Etait-ce trop demander à Mme Haigneré que de préciser clairement que le cessez-le-feu n'est pas respecté et que la France aurait souhaité que la CDH condamne plus explicitement l'action du gouvernement soudanais?
Je note enfin qu'Human Rights Watch a sorti au début du mois un volumineux rapport sur le sujet. Et que le peu que j'en ai lu pour l'instant fait froid dans le dos.

*Oui, d'ailleurs : pourquoi cet astérisque? Et pourquoi versac? J'ai eu beau chercher dans les archives, je n'ai pas trouvé d'explication. A part une référence tronquée à George Baker Selection, je ne vois pas.