02 avril 2004

Symétrie hyperbolique 

Et c'est ainsi que la gauche française renforce constamment l'interventionnisme étatique lorsqu'elle est au pouvoir, sous prétexte de renforcer la cohésion sociale, et que la droite croit à tort que, pour gagner des élections ou pour réagir à des élections décevantes, il faut mettre en avant la «dimension sociale» de son action, contre une prétendue «tentation libérale». Ce faisant, la droite ne fait pourtant qu'aggraver la situation. Elle déplace le centre de gravité de la vie politique vers plus de socialisme et elle prépare donc les échecs électoraux du futur.

Pascal Salin, Le Figaro, 3 avril 2004

La droite a beau perdre les élections, cela n'altère pas l'irrésistible progression de son modèle de société. Ce paradoxe tient à un effet de cliquet asymétrique : la gauche ne revient pas ou trop peu sur les réformes libérales, tandis que la droite n'hésite pas à casser les acquis sociaux et les réformes progressistes engagées par la gauche. Résultat : après vingt-trois ans d'alternance gauche-droite systématique, ce n'est pas la société pacifiée par l'égalité et la solidarité qui prospère, mais bel et bien la société de marché déchirée par l'inégalité et l'insécurité sociale. (...) Au train où va la marchéisation de notre société, il ne manque plus à la droite qu'une ou deux défaites pour parachever en fait la victoire de son modèle.

Jacques Généreux, Libération, 31 mars 2004