28 mai 2004

L'affaire Chalabi 

Je vois que l'ours en colère a déjà eu la même réaction : cet article de Sidney Blumenthal sur l'affaire Chalabi vaut plus que largement la peine de se taper les trente secondes de pub qu'impose Salon.com à ses visiteurs non-abonnés. Le texte est d'abord une synthèse honorable des révélations récentes concernant le double jeu de Chalabi, pour ceux qui n'ont pas le temps de suivre l'affaire dans ses moindres détails sur le site de Laura Rozen. Mais le glaçage sur le cake est le dernier paragraphe, qui atteint à une puissance littéraire assez extraordinaire :
Washington, which was just weeks ago in the grip of neoconservative orthodoxy and absolute belief in Bush's inevitability and righteousness, is now in the throes of agonizing events and being ripped apart by investigations. Things fall apart; all that was hidden is revealed; all sacred exposed as profane: the military, loyal and lumbering, betrayed and embittered; the general in the field, Lt. Gen. Sanchez, disgraced and cashiered; and the most respected retired generals training their artillery on those who have ill-used the troops, still dying in the field; the intelligence agencies, a nautilus of chambers, abused and angry, its retired operatives plying their craft with the press corps, seeping dangerous truths; the press, hesitatingly and wobbly, investigating its own falsehoods; the neocons, publicly redoubling their passionate intensity, defending their hero and deceiver Chalabi, privately squabbling, anxiously awaiting the footsteps of FBI agents; Colin Powell, once the most acclaimed man in America, embarked on an endless quest to restore his reputation, damaged above all by his failure of nerve; everyone in the line of fire motioning toward the chain of command, spiraling upward and sideways, until the finger pointing in a phalanx is directed at the hollow crown.
Un aspect qui est peu évoqué dans la presse française est le degré d'aigreur qui existe entre l'état major de l'armée américaine, la CIA et le département d'Etat d'une part, et les hauts fonctionnaires civils du département de la Défense et la Maison Blanche de l'autre. Cette combinaison exclut que l'affaire soit étouffée d'ici aux élections de novembre.

L'administration Bush peut donc s'attendre à rencontrer prochainement de très gros problèmes, surtout s'il se confirme que les Etats-Unis se sont fait intoxiqués comme des bleus par les services secrets iraniens. Les jours du petit clan des conjurés auprès de Cheney et Rumsfeld (les Paul Wolfowitz, Douglas Feith, William Luti, John Hannah ou Scooter Libby), déjà impliqué dans le fiasco des armes de destruction massive et -sans doute- dans l'affaire Plame, semblent en tout cas comptés.