25 mai 2004

Mauvais timing 

Libération publie aujourd'hui une tribune de Norman Birnbaum, conseiller auprès du Congressionnal Progressive Causus, le club parlementaire de Denis Kucinich (aile gauche du parti démocrate). Notre auteur est, sans surprise, déçu par le positionnement centre-gauche mollasson de John Kerry et s'inquiète d'emblée du manque d'enthousiasme que suscite la campagne du candidat démocrate :
A la mi-mai, on peut dire que la campagne présidentielle américaine défie les lois de la gravité politique. Bush est en train de sombrer, mais son adversaire, le sénateur Kerry, ne prend pas non plus son envol. Les chiffres sont fluctuants, mais disons que Bush et Kerry se partageront probablement 95% des votes, tandis que Ralph Nader recueillera les 5% restants. Ce qui profite au score de Nader (et à condition qu'il se maintienne jusqu'à novembre, il pourrait peser de manière décisive dans la réélection de Bush), c'est le manque de conviction de Kerry.
Ceux qui suivent un peu la scène politique américaine savent que cet argument a été largement rebattu au cours du mois dernier. Le New York Times s'était même fendu il y a quelques semaines d'un article en première page où nombre de responsables du parti démocrate s'inquiétaient publiquement du fait que Kerry ne parvienne pas à décoller dans les sondages.

Il y avait pas mal de bonnes raisons, à l'époque, de prendre ces frissons de panique avec d'énormes pincettes. Il y en a encore plus aujourd'hui, au vu du sondage qu'a publié CBS hier et aujourd'hui. Parmi les résultats frappants :
  • Seulement 41% des sondés jugent positivement l'action de Bush (contre 52% négativement), soit le plus mauvais résultat depuis son entrée en fonction en janvier 2001.

  • 30% des sondés considèrent que les Etats-Unis vont dans la bonne direction (65% dans la mauvaise). La dernière (et seule) fois où les réponses à cette question étaient aussi mauvaises remonte à novembre 1994, juste avant que les républicains menés par Newt Gingrich ne prennent les deux chambres du Congrès aux démocrates.

  • En ce qui concerne les intentions de vote, Kerry est à 47%, Bush à 41% et Nader à 5% (49% contre 41% en faveur de Kerry si Nader n'est pas dans la course)
Certes, les autres sondages parus aujourd'hui sont un peu moins désastreux pour Bush. Certes, l'élection est encore loin et beaucoup de choses vont encore se passer d'ici au 2 novembre. Mais, sur le coup, Libération a décidément un train de retard.

Addendum : Pascal Riché s'explique sur la publication de ce "rebond" ici.