14 mai 2004

Pourquoi oh mais pourquoi ne peut-on avoir de meilleurs journalistes? 

"Le flux des redevables à l'ISF qui s'expatrient ne tarit pas" clame aujourd'hui La Tribune, en titre d'un article en page intérieure. Ce qui, à la lecture des chiffres, est techniquement exact mais sacrément trompeur. Comme l'explique le corps de l'article :
Entre 350 et 370 redevables à l'ISF s'expatrient chaque année depuis 1997. De prime abord, cette fourchette semble peu élevée, puisqu'elle représente seulement 0,13% des contribuables assujetis à l'ISF en 2002.
Affaire close? Pas du tout. Notez bien le "de prime abord", qui annonce une contre-attaque fulgurante :
Mais en cumulé, 2 525 contribuables ont néanmoins choisi de s'expatrier pour se soustraire à l'impôt.
Aha! La logique de la multiplication par sept est décidement implacable : on ne peut que rester un moment coi devant ce genre d'argument.

Après, on se demande ce qui est le plus choquant. Est-ce cette façon d'assimiler automatiquement toute expatriation d'un contribuable (très) aisé à une fuite devant l'impôt, comme s'il n'existait pas d'autres bonnes raisons de vouloir partir à Londres ou à New York (voir une analyse nuancée ici, en annexe)? L'hypothèse implicite que les lecteurs de La Tribune sont des crétins finis? Ou le fait qu'un journaliste se contente de reprendre point par point l'argumentaire que lui a gracieusement fourni un sénateur UMP?