07 juin 2004

Commandant Sylvestre 

Le toujours pénible Jean-Marc Sylvestre, ce matin sur France Inter :
Pour l'essentiel, la réforme [de l'assurance maladie] ne suscite plus d'oppositions très violentes, à la grande surprise d'ailleurs de beaucoup d'experts qui pensaient qu'une réforme réussie en France devait être enfantée dans la douleur.
Récapitulons : non seulement ce gars est nul en économie, mais en plus on dirait qu'il n'entend rien à la politique. Au contraire de Douste, qui a très bien compris que le meilleur moyen de faire passer une "réforme" en douceur est de présenter au pays un paquet de mesures largement indolores et complètement insuffisantes pour régler les vrais problèmes. On évite ainsi de braquer (une très grande majorité de) la population et on gagne le soutien à peu de frais des commentateurs pseudo-libéraux et vraiment crétins qui applaudissent des deux mains dès qu'on leur sert le brouet habituel sur le courage politique, les réformes structurelles et les impérities de la gestion socialiste.

Et les syndicats, me direz-vous? Douste a quand même réussi l'exploit de réunifier un front syndical qui avait spectaculairement éclaté en mai et juin 2003 (retraites et intermittents). Certes. Mais on voit mal comment il en aurait été autrement. La CGT et FO n'ont aucun intérêt à accorder une victoire politique à la droite. Quant à la CFDT, sa stratégie réformiste lui a déjà tellement coûté hier qu'elle ne pouvait se permettre d'adopter une attitude conciliante aujourd'hui.

Douste s'est donc concentré sur le syndicat avec laquelle la droite n'a aucune envie de se fâcher : la Confédération des syndicats médicaux français, qui est majoritaire chez les médecins libéraux. D'où la non-remise en cause de la liberté d'installation ou l'abandon d'un réel système de médecin référent (faudra d'ailleurs qu'on m'explique un jour pourquoi les médecins généralistes sont vertement opposés à une mesure qui devrait renforcer leur rôle et leur volume d'affaires aux détriments des spécialistes). Sans parler -horreur, horreur- d'un relâchement du principe du paiement à l'acte.

Remarquez, ça n'empêche pas la CSMF de maintenir la pression, en objectant à tout principe de maîtrise des dépenses ou de contrôle externe des pratiques médicales. Après tout, c'est de bonne guerre : ils sont payés pour ça et il n'y pas de raisons qu'une profession qui jouit de privilèges exorbitants renonce à les défendre. Rien de choquant là-dessous, donc. Beaucoup moins, en tout cas, que d'entendre tous les matins sur une antenne publique un benêt recracher péniblement une vulgate libéralo-crétine, ternissant au passage la réputation du journalisme économique, du service public audiovisuel et du véritable libéralisme.