15 juin 2004

Concours futile de versification : résultats 

[En retard évidemment, car le "petit apéritif" d'hier soir, auquel je devais participer "pas trop longtemps", s'est évidemment prolongé au-delà du raisonnable et du dernier métro.]

Mesdames, messieurs, public adoré, bonsoir,

Permettez-moi d'abord de féliciter chaleureusement tous les participants à notre concours futile de versification. Ils ont d'autant plus de mérite que la récompense promise n'a cessé de perdre de la valeur depuis l'ouverture du concours : d'abord, Google a décidé de mettre fin à la spéculation délirante autour des invitations Gmail en augmentant brusquement la masse gmailétaire ; Yahoo a ensuite surenchéri en multipliant par 25 l'espace de stockage de son système de messagerie. Certains esprits simplistes y voient la preuve des bienfaits de la concurrence. Je pense plutôt que des puissances occultes ont tout fait pour saboter ce concours.

Cela dit, la qualité des propositions a plus que largement compensé le petit nombre des concurrents. Les quatrains soumis en commentaires (hormis le dernier de Bladsurb, qui contrevenait doublement aux règles du jeu) ont tous été scandés, pesés et évalués. Votre serviteur a aussi demandé l'aide d'une de ses collatérales, certifiée en lettres modernes, pour affiner son choix. Le jury a rapidement désigné quatre finalistes :
  • Mohammed l'Egyptien
    qu'on a vu toussoter
    voulait-il faire sauter
    le métro parisien ?
    (Phersu)

  • Mohammed l'Egyptien
    voulait-il faire sauter
    le métro parisien
    ou bien sa vie s'ôter ?
    (Phersu)

  • Mohammed l'Egyptien,
    voulait-il faire sauter
    le métro parisien ?
    Il n’a rien fait péter.
    (Versac)

  • Mohammed l'Egyptien,
    voulait-il faire sauter
    le métro parisien,
    si cher à Claude Sautet ?
    (Bladsurb)
Les propositions 1,2 et 4 ont été sélectionnées pour la richesse de la rime, la deuxième proposition de Phersu contenant de surcroît une structure inversée très prisée par les versificateurs. Le quatrain de Versac offre lui une variation subtile en ajoutant un quatrième vers qui modifie le sens de la question initiale : on passe d'une interrogation purement factuelle à une phrase faussement interrogative, qui souligne le décalage entre les intentions malfaisantes de Mohammed l'Egyption et le pitoyable échec de son plan.

Néanmoins, le style poétique est d'abord un jeu de sonorités, ce qui nous a poussé à choisir le vainqueur parmi les propositions de Phersu et Bladsurb. Parmi ces trois quatrains, notre choix s'est finalement porté sur celui qui avait trouvé le meilleur équilibre entre la musicalité de la strophe, la logique factuelle de la phrase et l'originalité du vers ajouté. C'est-à-dire sur .... (faux suspens).... la première proposition de Phersu, qui remporte ainsi le Grand Prix de versification de Ceteris Paribus pour le mois de juin 2004. Et aussi une invitation pour Gmail, si toutefois il (elle? je n'ai jamais su avec certitude, et ça commence à m'intriguer) décide d'en profiter.

Compte tenu de la générosité récente de Google, je suis aussi en mesure d'en offrir une chacun aux deux autres finalistes malheureux, s'ils sont intéressés. Je profite enfin de l'occasion pour encourager vivement mes lecteurs à aller visiter le blog culturel de Bladsurb, dédié (principalement) au jazz, à l'opéra, à la danse et à la musique classique. Pas vraiment ma came, mais je suis certain que ceux qui s'intéressent à ces matières y trouveront largement leur compte.

Bonne fin de soirée à tous. Vous pouvez désormais pester contre la décision inique d'un jury incompétent en commentaires.