22 juin 2004

Mauvaise foi 

Le gouvernement annonce son intention de surtaxer à l'achat les automobiles les plus polluantes et d'accorder une prime à l'acquisition des voitures les plus propres. La mesure est neutre pour les finances publiques, neutre pour le marché de l'automobile dans son ensemble (le total des surtaxes compense le total des primes). Elle est surtout conforme aux enseignements de la théorie économique, qui conseille d'internaliser les coûts liés aux externalités négatives (ici, la pollution). Ca devrait plaire aux libéraux, non? Pas du tout :
  • Le Figaro : une "mesure discriminatoire" car elle fait payer l'automobiliste et pas l'agriculteur ou l'industriel (ce qui -au passage- est faux : les automobilistes, pris en tant que groupe, ne paieront pas plus).

  • Les Echos, dans la même veine : "si le système tel qu'il est présenté se veut vertueux puisqu'il est appelé à financer à l'autre bout de la chaîne l'abattement de 800 euros offert aux acquéreurs des modèles les plus propres, constructeurs et automobilistes risquent néanmoins d'avoir l'impression d'être à nouveau considérés comme de faciles boucs émissaires, voire des « vaches à lait »."
    En gros : la mesure n'est pas discriminatoire comme le dit Le Figaro, mais cela n'a aucune importance parce qu'elle va être perçue comme telle. Et cette perception va être en partie structurée par la presse qui présentera le bonus-malus comme une façon de taper sur les automobilistes. J'adore la logique circulaire.
Je me demande si le fait que la mesure entraîne de facto une redistribution de pouvoir d'achat des couches les plus fortunées vers les classes moyennes joue un rôle dans ces réactions épidermiques.