28 juin 2004

Oh, Canada... 

Nos amis canadiens votent aujourd'hui pour élire les 308 représentants à la chambre basse du parlement et, indirectement, choisir leur Premier ministre. Les libéraux (parti essentiellement centriste), menés par le successeur de Jean Chrétien, Paul Martin, semblaient s'acheminer vers une victoire facile il y a quelques mois. Mais une méchante affaire de corruption est passée par là, et les conservateurs enfin réunifiés de Stephen Harper ont su jouer sur la lassitude des électeurs après 11 ans de règne libéral pour revenir dans la course (cf graphique ci-contre). Résultat : un vote qui s'annonce extrêmement serré, sachant qu'aucun des deux grands partis ne semble en mesure d'atteindre seul la majorité à la Chambre des Communes et que le futur Premier ministre sera affaibli par la nécessité de former une coalition ou de gouverner sans majorité claire.

Au vu des forces en présence, une coalition menée par le parti libéral pencherait à gauche, en raison de l'appoint fourni par les nouveaux démocrates (un parti social-démocrate tendance Old Labour) et éventuellement par les Verts. A l'inverse, un gouvernement conservateur verrait un rapprochement sensible avec l'administration américaine et quelques pas en direction du modéle américain (sur la fiscalité et le système de protection sociale notamment). L'issue du vote est donc d'importance. Résultats dans la nuit, à suivre sur les sites des deux grands quotidiens nationaux : le modéré Globe and Mail qui publie une amusante chronique sur le thème "le monde entier se fout des élections canadiennes" ; et le conservateur National Post dont les éditorialistes tiennent un blog. Pour les anglophobes, le site du quotidien Le Devoir de Montréal propose quelques articles en accès libre.

Add. (29/06) : Je ne sais vraiment pas ce qui m'a pris de conseiller le site du Devoir, alors que le Canada compte un service public audiovisuel de qualité, dont le site consacré aux élections est évidemment beaucoup plus riche (et bien moins payant). Quoi qu'il en soit, les libéraux ont remporté une courte victoire qui va leur permettre de former un gouvernment, bien qu'ils soient en minorité à la chambre (135 sièges sur 308, contre 99 aux conservateurs). Un tel résultat aurait été perçu comme une catastrophe il y a quelques mois, mais, au vu de la fin de campagne, Paul Martin s'en sort plutôt bien. Les conservateurs restent certes largement majoritaires dans les provinces de l'ouest (malgré une décrue dans ma chère Colombie Britannique) et le Bloc Québecois -dont le slogan à double sens était "Un parti propre au Québec"- a fait un carton dans la belle province. Mais le parti libéral a bien résisté dans son fief de l'Ontario, la province la plus peuplée qui fournit le tiers des députés à la Chambre des Communes. Les commentateurs pronostiquent une coalition avec les néo-démocrates, un exécutif qui aura de grandes difficultés à gouverner et de nouvelles élections dans les deux ans qui viennent.