16 juin 2004

Re-Sylvestre 

Autre truc marrant (ou navrant) avec l'inénarrable Jean-Marc Sylvestre. Chaque matin, en fin de chronique économique (vers 7H28 donc), Stéphane Paoli donne aux auditeurs de France Inter la tendance à la mi-séance à la bourse de Tokyo. Je note en passant que les transactions sur le Nikkei ont lieu de 2H00 à 8H00 du matin, heure française. Comme la mi-séance a lieu à 11H00 (soit 4H00 heure française), le petit rituel paolien fleure bon l'époque où les correspondants au Japon devaient transmettre les cours de la bourse à l'aide d'un télégraphe et d'une paire de moufles.

Mais ce point de détail est de faible importance comparé à ce qui suit : invariablement, après son point bourse (donc vers 7H28 et 15 secondes), Stéphane Paoli se tourne vers Jean-Marc Sylvestre -qui est bêtement resté en studio- pour lui demander son avis d'expert sur la tendance. Ce qui donne des questions du genre "houlala Jean-Marc, le Nikkei se prend un sérieux gadin ce matin, mais que se passe-t-il donc?". Et le Jean-Marc, dont l'embarras est palpable, de bafouiller quelques explications passe-partout sur les prises de bénéfices et les tensions géopolitiques ou, inversement, sur le rebond technique et la reprise macroéconomique. Car il est bien évident que Sylvestre n'a pas la moindre idée du pourquoi de la tendance à Tokyo, comme l'a démontré une fois de plus l'échange de ce matin :
Paoli : Tokyo à mi-séance, ce n'est plus une hausse, c'est un décollage vertical, 2,25%, que se passe-t-il à Tokyo, Jean-Marc Sylvestre? C'est une réaction aux bons résultats de l'économie américaine, non?

Sylvestre [sa voix trahit son manque de conviction] : C'est une réaction aux bons résultats de l'économie américaine... c'est surtout des réactions spéculatives puisque vous savez que depuis un mois on fait un peu du yoyo sur les marchés financiers.

Paoli [le coupe] : Alors là, c'est plus du yoyo, c'est de la voltige aérienne, on verra les résultats après huit heures.
Poussée spéculative (évidemment rare sur les marchés financiers) + profil en dents de scie des cours boursiers sur le mois dernier (profil vraiment atypique pour qui suit l'évolution des marchés) : Jean-Marc Sylvestre réinvente le degré zéro de l'analyse financière. Le pire, c'est qu'il suffisait de passer trente secondes sur le net pour trouver la raison de la hausse du Nikkei ce matin, en reprenant par exemple cette dépêche de Bloomberg, tombée à 04H27. Je suis même sûr qu'il y a plein de stagiaires désoeuvrés à la Maison de la radio qui pourraient s'en charger pour Jean-Marc Sylvestre. Mais non, ce dernier ne voit apparemment aucun inconvénient à passer pour un ahuri sous-informé chaque matin.

Du coup, je me demande si la question rituelle et apparemment innocente de Stéphane Paoli ne fait pas partie d'un plan assez retors pour décrédibiliser indirectement la chronique économique du sieur Sylvestre. Au vu des opinions odieusement gauchistes du présentateur du 7-9 de France Inter, cela ne serait pas totalement surprenant.