22 juin 2004

Voyage au bout de l'enfer 

Dieu, que cette équipe de France est inquiétante! A un quart d'heure de la fin, la possibilité d'un passage à la trappe semblait dangereusement plausible. A ce moment-là, le pub irlandais où je me trouvais offrait un contraste spatial saisissant. Au fond, le carré des Britanniques, qui célébrait bruyamment les buts à la pelle de la sélection anglaise et le privilège d'avoir hérité du grand écran. Agglutiné devant le zinc, le rectangle oblong des Français, qui en était à comparer la qualité de la retransmission télévisuelle et la prestation de l'équipe de France pour savoir laquelle avait été le plus exécrable. Verdict évident : match nul.

Comme le score. Comme l'attaque française, où Henry et Trézéguet avaient été en dessous de tout. Et puis, tout s'est débloqué en dix minutes, grâce à l'entrée providentielle de Saha et à un Henry subitement retrouvé. Final en apothéose pour un match qui aura constitué une synthèse parfaite des deux premières rencontres de l'équipe de France : une incapacité à tuer le match rapidement et une tendance au relâchement coupable, comme contre la Croatie, une propension à se ressaisir au dernier moment pour sauver l'essentiel, comme contre l'Angleterre. Une défense centrale loin d'être rassurante et un incroyable déchet technique, comme contre les deux.

Il y a certes des signes d'espoir : Lizarazu a fait un retour tonitruant, Pires a montré qu'il était indispensable et Zidane s'est définitivement imposé en patron. La contribution décisive de Saha montre aussi que les remplaçants sont de qualité et que la doublette d'attaquants voulue par Santini n'est pas forcément condamnée à l'inefficacité. Reste à savoir si la qualité des quelques enchaînements offensifs entrevus ce soir étaient le signe d'une équipe qui monte lentement en puissance, ou la démonstration que cette formation suisse est décidément bien faible.

On devrait être fixé vendredi soir, face à une équipe grecque qu'il serait de toute façon bien imprudent de prendre de haut.