12 juillet 2004

Mauvais exemple 

Loin de moi l'intention de reprocher au Monde de sortir un dossier sur la façon dont les chiraquiens monopolisent les places de pouvoir au sein des grandes institutions publiques. Mais prendre comme prétexte la nomination probable de Philippe Séguin comme premier président de la Cour des comptes est plutôt léger. L'estimé quotidien du soir le reconnaît d'ailleurs, à la fin d'un article dont le sous-titre discutable annonce que "la promotion attendue de Philippe Séguin à la présidence de la Cour des comptes vient parfaire le contrôle, par l'Elysée et la majorité, des principales fonctions politiques et administratives" :
La promotion de M. Séguin, ancien pilier du système politique chiraquien, artisan de la campagne de 1995 sur le thème de la "fracture sociale", mais en froid avec le chef de l'Etat depuis cinq ans, pourrait d'ailleurs s'inscrire dans ce contexte de manœuvres en cours : la rumeur n'annonçait-elle pas, depuis plusieurs semaines, un rapprochement entre M. Séguin et M. Sarkozy dans la perspective d'une campagne présidentielle à conduire pour le second en 2007 ?
Il me semble en effet difficile de voir dans la nomination de Séguin autre chose qu'une (petite) victoire de Sarkozy. Le Canard du 30 juin dernier citait ainsi un (anonyme) "collaborateur de Sarko" selon qui : "Chirac ne peut pas blairer Séguin, mais s'il refuse sa candidature cela se saura inévitablement. Et ça va encore plaire chez les gaullistes, où Séguin reste malgré tout populaire". Et l'entourage de Sarkozy s'est fait un plaisir de rendre public la procédure, histoire de forcer la main de Chirac : une fuite pour le Monde daté dimanche-lundi dernier annonçant que la promotion de Séguin est acquise (alors que l'Elysée déclare ne "pas avoir d'informations sur le sujet") puis la confirmation samedi que le décret de nomination a été signé par le ministre de l'Economie et n'attend plus que le paraphe du Président. Du vrai travail de pro.