25 août 2004

Darfour : l'heure de vérité 

Le Washington Post nous rappelle que l'activisme diplomatique du début de l'été n'a pas fondamentalement changé la situation au Darfour :
Darfur already has become a synonym for dithering by outside powers in the face of genocide. Soon it may also deliver another grim verdict on the ability of the Security Council to back up its own resolutions. Hamstrung by the unwillingness of veto-wielding members, such as China, to intervene, it delayed action for months, then watered down the language it finally adopted on July 30 to omit any direct sanction against the Sudanese regime. Days after that, an agreement between U.N. and Sudanese officials further weakened the pressure on Khartoum: Among other things, it converted a requirement that the government-sponsored Janjaweed militia be disarmed into a Sudanese promise to provide a list of those it admits to controlling.

The government also pledged to set up safe areas to which the more than 1 million displaced people in Darfur could go, protected by its security forces. According to reports by human rights groups, it then proceeded to draft members of the Janjaweed into those very forces, while rounding up a few petty criminals whom it parades as captured militants. It eliminated some of the red tape hampering humanitarian groups but has continued to block aid deliveries on security grounds. The strategy is obvious: to foster the illusion of responsiveness, and thereby thwart any agreement by the Security Council on further action, while allowing its campaign against Darfur's non-Arab population to continue.
Le problème est que l'illusion de l'action fonctionne dans les deux sens. Les tribunes s'indignant de l'attentisme coupable des gouvernements occidentaux portaient d'autant plus que l'inaction de la communauté internationale était patente. C'était le cas au printemps dernier. Depuis, la grande machinerie diplomatique s'est mise en branle, une résolution a été adoptée à l'ONU, de nombreux ministres se sont rendus au Soudan. La presse a largement couvert la crise au Darfour en juin et juillet dernier. D'où l'illusion que le conflit est en voie de règlement rapide, une illusion entretenue par les déclarations lénifiantes de Michel Barnier.

Certes, les progrès sont réels : l'action des ONG a permis une amélioration sensible des conditions sanitaires dans les camps de réfugiés; l'Union Africaine fait désormais preuve d'une fermeté encourageante; le gouvernement britannique, Jack Straw en tête, se démène pour arracher des concessions de la part des autorités soudanaises. Mais Khartoum semble toujours compter sur l'essoufflement de la pression internationale. Les pourpalers diplomatiques sont aujourd'hui dans l'impasse. Le commissaire européen au développement, le danois Poul Nielson, rappelle que "la situation humanitaire reste extrêmement préoccupante, et tout indique qu'elle peut encore se détériorer".

Le conflit a déjà fait au moins 30 000 morts et un million de personnes déplacées. Nombre de villages ont été brûlés, rendant un retour rapide des réfugiés illusoire. Relâcher la pression aujourd'hui serait criminel.