17 août 2004

Piments et codes-barres (aka Un apéritif instructif) 

Cette nuit, un ange m'est apparu en rêve pour me dire : "Emmanuel, arrête un moment les notes sur la politique vénézuelienne et la comptabilité nationale, ça commence à devenir pénible".

Puisque Dieu le veut, je m'exécute en vous racontant une tranche de vie absolument fascinante [en fait non, mais c'est une vile manoeuvre pour retenir le lecteur]. Il se trouve que j'étais vendredi soir dernier en visite chez ma soeur et mon beau-frère. Et que nous avons, comme à notre habitude, précédé notre frugal repas d'un cordial apéritif. L'apéritif, comme chacun le sait, est tout autant l'occasion de boire de l'alcool et de manger des conneries qui font grossir que d'engager une conservation légère sur des thèmes insignifiants.

Jusqu'ici, rien de bien notable, sauf le vide informationnel abyssal des deux paragraphes ci-dessus. Et je vais désespérer encore plus le lecteur en lui confirmant que je n'ai pas appris une seule chose au cours de cet apéritif estival. Non, [attention, coup de théâtre] car j'en ai appris deux!

D'abord, que les piments sont officiellement classés selon leur degré de force sur une échelle numérique. L'échelle de Scoville, inventée par le pharmacien américain Wilbur Scoville en 1912, permet de mesurer la concentration de capsaïcine, la molécule responsable de cette délicate sensation d'arrachage de gueule qui fait la joie de la dégustation du piment. Le maximum est de 16 000 000 pour la capsaïcine pure, le chiffre indiquant qu'il faut la diluer 16 millions de fois (!) pour faire disparaître la sensation de brûlure. A titre d'exemple, le tabasco rouge est mesuré entre 2 500 et 5 000, le vert entre 600 et 1 200.

Ensuite, que les codes-barres utilisés pour les produits de consommation courante comprennent tous un code permettant de découvrir d'un seul coup d'oeil leur origine géographique. Les trois premiers chiffres du système EAN-13 (European Article Numbering, code barre à 13 chiffres) indiquent ainsi le pays d'origine. La France hérite des numéros 300 à 379, l'Allemagne des numéros 400 à 440, l'Italie de la plage 800 à 839. Un rapide examen de mes étagères confirment la prépondérance des produits français, avec quelques exceptions italiennes (du café, du riz, des pâtes), allemandes (des gâteaux imitation Moulino Bianco) et suédoises (une bouteille d'Absolut vanille). Et puis la présence irritante de produits avec des codes-barre à 10+2 chiffres, qui utilisent donc un autre système.

Après quelques recherches, il s'avère que le monde des codes-barres est quand même très complexe : la nomenclature EAN permet une certaine unification, mais beaucoup de pays utilisent aussi leur propre système et le nombre de types de codes-barres explose dès qu'on sort de la sphère de la grande distribution. Je me demande finalement s'il n'est pas plus sûr de regarder simplement l'origine inscrite en toutes lettres sur les produits, au lieu d'essayer de faire le malin avec les chiffres.