21 octobre 2004

L'UMP a du pétrole (mais plus d'idées) 

Une anecdote un peu consternante : mardi matin, le député de la Drôme Hervé Mariton (porte-parole du groupe UMP sur le budget 2005) était invité sur une radio périphérique pour donner la position de la majorité parlementaire sur les réponses à donner à la flambée des prix du pétrole.

Mariton (précisons qu'il fait partie des méchants libéraux de l'UMP et qu'il a honteusement soutenu Millon en 1998; mais il m'a l'air beaucoup plus intéressant que les idéologues crétins à la Novelli) aurait pu faire dans le blabla compassionnel et la langue de bois type "nous étudions actuellement les solutions propres à apaiser la souffrance des pauv' automobilistes, sur le dos desquels l'Etat s'enrichit injustement; quand une décision sera prise, vous en serez les premiers informés".

Au lieu de cela, il dit que l'Etat ne profite pas de la hausse des prix du pétrole parce que :
  • La hausse des prix réduit mécaniquement la consommation d'essence.

  • Le budget des ménages n'est pas extensible à l'infini, et s'ils payent plus en essence, ils dépenseront moins en autres biens de consommation. Résultat : ce que l'Etat gagne en surcroît de rentrées fiscales (TVA+TIPP) sur l'essence, il le perd en pertes de TVA ailleurs.
On peut évidemment contester le calcul économique de Mariton : l'elasticité prix de la demande d'essence est faible à court terme, les ménages peuvent puiser dans leur épargne pour garder le même niveau (en quantité de biens, pas en valeur monétaire) de consommation et l'Etat peut profiter d'un transfert de consommation des biens moins taxés vers des biens plus taxés.

Mais, en tout cas, ce type d'analyse était rafraîchissante, dans un pays où les réductions d'impôts et les subventions pour la sauvegarde de l'emploi ou du pouvoir d'achat ne sont apparemment payés par personne. L'après-midi, évidemment, Nicolas Sarkozy annonçait devant l'Assemblée nationale que l'Etat allait rendre au consommateur l'argent "indûment" perçu.