03 novembre 2004

Jusqu'à la lie 

Quatre ans de plus d'incompétence triomphante à la Maison blanche. Une poignée de révolutionnaires républicains en plus à la Chambre. Et deux nouveaux fous dangereux (Tom Coburn et Jim DeMint) au Sénat.

Il n'y a pas grand chose à sauver de ce désastre : contrairement à 2002, les Démocrates ne progressent même pas sur le front des gouverneurs (et pourraient même perdre un siège dans l'Etat de Washington).

Mauvaise nuit, vraiment, où la déception a été accrue par la fausse impression laissée par les chiffres de participations et les sondages sortie des urnes et la frustration augmentée par l'incurie habituelle des pundits pontifiants de CNN.

Il sera tant d'analyser la situation en détail plus tard, d'espérer vaguement que le second mandat de Bush sera moins pire que le premier ou de se dire, cyniquement, que la victoire d'hier sert plutôt les intérêts à long-terme du parti démocrate. Mais, pour l'instant, je ne peux pas m'empêcher de penser à cette réplique amère d'Adlai Stevenson, le candidat démocrate deux fois battu aux présidentielles contre Eisenhower :
During his 1956 presidential campaign, a woman called out to Adlai E. Stevenson "Senator, you have the vote of every thinking person!"
Stevenson called back "That's not enough, madam, we need a majority!"
Add. : Kerry concède. Tant mieux. A ce stade, une victoire de Bush est largement préférable à une répétition du scénario de 2000.

Sinon, Hugues remet justement les choses en perspectives :
Comme tout le monde, j’aurais préféré que Kerry soit élu, ne voyant pas le moindre avantage, ni pour les Américains ni pour le reste du monde, à un prolongement du bail de Bush à la Maison Blanche. Mais de la part d’Européens capables de voter deux fois pour Chirac, d’éliminer Jospin pour cause de manque de pureté socialiste ou de permettre à Berlusconi de siéger à Rome, on ne s’attend guère au jet de la première pierre.

La France, on l’a compris, aurait massivement voté Kerry. De fait, l’Europe entière aurait massivement voté Kerry. Mais dans la mesure où ne votons pas aux élections américaines, nous pourrions peut-être nous contenter de prendre notre propre destin en main.
Allez le lire.