15 novembre 2004

Maths floues 

La chronique mensuelle (quadrihebdomadaire?) de Thomas Piketty dans Libé se joint sans surprise à la curée anti-Sarkozy. Au passage, le jeune et brillant économiste français relève l'usage quelque peu... libéral que fait le bientôt ex-locataire de Bercy des statistiques fiscales (je grasse) :
[L]e budget Sarkozy fourmille de chiffrages douteux et de manipulations comptables qui sont autant de bombes à retardement pour son successeur. Outre la soulte de 7 milliards d'euros versée par EDF, qui par définition ne se reproduira pas, on relèvera la perle de l'impôt sur les successions : pour faire croire que sa baisse de 600 millions d'euros ne coûtera rien, Sarko n'a pas hésité à prendre pour référence les recettes exceptionnelles de 2004, en hausse de 10 % par rapport à l'année précédente, augmentation inhabituelle qui s'explique d'après les services de Bercy par les «conditions climatiques exceptionnelles de l'année 2003» (c'est-à-dire par le nombre de décès exceptionnellement élevé, phénomène dont on peut espérer qu'il ne se reproduira pas !) Si l'on se rappelle que le ministre avait demandé à ses services lors de son arrivée à Bercy de lui trouver des opérations intéressantes et peu coûteuses, on peut d'ailleurs se demander si ce n'est pas la canicule qui lui a donné l'idée de s'en prendre à l'impôt sur les successions.
J'ai toujours trouvé les références à Bush pour discréditer les propositions d'hommes politiques français assez irritantes (voir par exemple l'argumentaire de Bayrou sur la Turquie). C'est généralement une manière de couper court au débat et de se dispenser de l'effort de formuler des contre-arguments convaincants. Mais, sur ce point précis, l'analogie s'impose.