28 novembre 2004

Non, non, non 

Je ne suis plus saoûl, donc en parfaite condition pour taper sur les doigts d'Eric Le Boucher à propos de sa chronique dans Le Monde de ce week-end. Au milieu d'une critique franchement mollassonne du bilan de Sarkozy à Bercy, notre éditorialiste économique remarque en effet que :
En France, il a certes ramené le déficit budgétaire 2005 à 2,9 % du PIB contre 4 % cette année. Mais le gain (4 - 2,9 = 1,1 %) est dû pour 0,4 % à une soulte exceptionnelle d'EDF et, pour 0,3 %, au regain de croissance. L'amélioration du solde structurel n'est que de 0,4 %. Or ce chiffre sera ramené de moitié par le dérapage prévisible des dépenses santé d'au moins 0,2 %. Au bout du compte : 0,2 % de réduction de déficit alors que la croissance sera de 2,5 %!
Passons sur la confusion classique entre pourcentage et point de pourcentage, qui ne gêne pas la compréhension et à laquelle tout le monde succombe à un moment ou à un autre. Passons aussi sur le fait que l'auteur soit peu clair sur la distinction entre déficit budgétaire et déficit public (Etat, collectivités territoriales, organismes de Sécurité sociale). Le vrai problème avec ce raisonnement est que Le Boucher ne comprend visiblement pas le concept de solde structurel.

On peut dire que la baisse du déficit budgétaire conjoncturel prévue pour 2005 est trompeuse parce qu'elle reflète pour partie l'amélioration de la conjoncture économique et non l'action propre du ministre de l'économie pour augmenter les recettes et/ou baisser les dépenses. (Il faut ici faire l'hypothèse que l'amélioration de la conjoncture économique n'est pas du fait de Nicolas Sarkozy, ce qui semble raisonnable)

Mais il est absurde de dire, comme le fait aussi Le Boucher, que la diminution du déficit structurel est insuffisante compte tenu de la vigueur de la croissance économique. Vu que, par définition, le solde structurel est "corrigé de l'impact des variations conjoncturelles".

Et dire qu'Eric Le Boucher est l'un des meilleurs journalistes économiques français. C'est un peu déprimant.