29 novembre 2004

Quand remaniement signifie reprise en main 

Bush remplit son Cabinet de loyalistes bushistes (mais attend janvier pour les faire confirmer par un nouveau Sénat, on n'est jamais trop prudent). Ce qui veut dire, comme en 2002, que l'équipe économique va sauter. Un article du New York Times du 7 décembre 2002 expliquait ainsi le départ du secrétaire au Trésor Paul O'Neill et du directeur du National Economic Council Lawrence Lindsey :
The quick dispatch of the two men, the officials said, was about ridding the White House of an economic team that never got its message together, that was unable to communicate economic policy and had little of the heft of the foreign policy advisers.
Deux ans après, le constat est remarquablement similaire, comme si le message était plus en cause que les messagers :
Republican officials said Bush's economic team has been weaker than his national security advisers, and that the president believes he needs aides who can relate better to Congress and the markets.
Quoi qu'il en soit, le pitoyable (au sens propre) secrétaire au Trésor John Snow s'accroche à son poste. Il n'y restera pas longtemps, remarque cruellement un conseiller du Prince :
One senior administration official said Treasury Secretary John W. Snow can stay as long as he wants, provided it is not very long.
La grande question du jour est de savoir qui va remplacer Snow. Pourquoi pas un proche conseiller de Bush, pour reprendre une formule déjà éprouvée? Bingo :
Friends say Chief of Staff Andrew H. Card Jr. is one possibility to replace him. [Joshua] Bolten also could move over.
Rappelons que Bolten était jusqu'en 2003 Deputy Chief of Staff for Policy à la Maison Blanche. Il est cependant trop tôt pour tirer des conclusions définitives, car le premier cercle bushiste n'exclue pas de faire appel à des personnalités extérieures, au lieu de suivre le schéma de la promotion des hommes du Président. A condition, évidemment, que ces personnalités soient aussi aveuglement loyales et passionnément enthousiastes que les plus proches des conseillers :
"They need people who have not been drinking the Kool-Aid and are going to come up here and say breathlessly, 'This is what the president wants to do, and isn't it great?' " the aide said. "They need someone like a former senator or former member or former governor who can come up here and say, 'This is going to be hard. There's going to be blood on the floor, but it's going to be worth it.' "
En France, il y a eu aussi un remaniement, certes moins amusant mais selon le même principe. Chirac a renforcé la position des loyalistes chiraquiens au sein de son gouvernement. Gaymard est ostensiblement mis sur orbite pour Matignon et pour 2007, histoire de mettre un peu la pression sur Villepin. Juppé n'a plus intérêt à revenir, parce que le créneau des dauphins de Chirac commence à devenir encombré.

Chez les sous-fifres, Bussereau est récompensé de son CDD de chaperon par une promotion à l'Agriculture, ministère dont chacun sait qu'il est un tremplin vers des postes glorieux de l'autre côté de la Seine. Et la groupie chiraquienne Marie-Josée Roig est punie de son refus de quitter sa bonne mairie d'Avignon en se retrouvant retrogadée à l'Intérieur comme ministre déléguée de Villepin. Preuve qu'il y a quand même parfois une justice, même avec Perben place Vendôme.