11 novembre 2004

Saint Sylvestre 

Récemment, je me suis demandé si Jean-Marc Sylvestre ne cherchait pas à jouer, tous les matins sur France Inter, à une variante du jeu des "six degrés de séparation". Une variante où le point de départ serait le sujet économico-politique du jour et le point d'arrivée invariable une conclusion navrante sur la compétitivité, la France qui tombe, l'Europe qui dégringole, les Etats-Unis qui surperforment, et la nécessité de supprimer l'ISF sinon nous sommes foutus.

Sa chronique de ce matin montre que ce n'est pas tout à fait vrai. Après un enchaînement de platitudes sur le sujet de la hausse "brutale" de l'euro (qui, comme chacun le sait, a été interrompue par des rumeurs de nomination de Thierry Breton à Bercy), Sylvestre finit par conclure que :
Jamais l'économie occidentale n'aura autant dépendu des considérations géopoliques qu'aujourd'hui.
Jamais? C'est-à dire plus qu'en 1979, quand l'arrivée au pouvoir des mollahs en Iran avait provoqué une seconde crise pétrolière, avec des conséquences beaucoup plus graves pour les économies occidentales qu'en 1973? Plus qu'au second semestre 1990, quand l'incertitude autour de la situation au Moyen orient avait été le coup de grâce pour l'économie américaine? Plus qu'en 2002-2003, alors que la préparation de la guerre en Irak avait fait plonger le Dow Jones de 18% en 3 mois et failli précipiter les Etats-Unis dans une deuxième récession en 2 ans? Apparemment oui, selon Sylvestre.

Reconnaissons lui au moins un mérite : il arrive à faire passer Bernard Maris, qui prend sa chaise le vendredi matin sur France Inter, pour un modèle d'honnêteté intellectuelle. Ce n'est pas un mince exploit.

NB : l'accroche de cette note est honteusement pompée à Daniel Davies. So sue me.