21 décembre 2004

La santé a un prix... 

... mais pas celui que l'on croit, comme le note Jean de Kervasdoué :
Grâce aux comparaisons internationales, nous avions déjà pu montrer que, pour la période 1990 et 2000, il n'y avait aucun lien statistique entre l'augmentation des dépenses de santé ou de médicaments et la croissance de l'espérance de vie des pays riches. Toujours d'après ces sources, il semblerait qu'il y ait un effet de seuil : au-delà de 7 % à 8 % du PIB investi dans la "santé" (de fait, pour l'essentiel, dans les soins médicaux), on ne constate pas d'amélioration de l'espérance de vie des habitants de ces pays. Elle diminuerait même si l'on généralisait à partir de l'exemple des Etats-Unis : ils investissent beaucoup dans leur médecine (14 % du PIB) et ont de mauvais indicateurs de santé (autour du 17e rang mondial).
Il faut le dire et le répéter : le système de santé américain a un rapport qualité-prix absolument désastreux. 55% des dépenses de santé aux Etats-Unis sont d'origine privée, mais cela n'empêche pas le niveau des dépenses publiques américaines d'être au même niveau que celui de la moyenne des pays occidentaux (aux environs de 7% du PIB). Tout ça à cause d'une opposition purement idéologique à un système d'assurance obligatoire, alors que 45 millions d'Américains sont privés d'assurance maladie.

Résultat : tout le monde essaye de se refiler la patate chaude des malades les moins assurés et les moins fortunés, avec des conséquences financières, sociales et sanitaires très négatives. Et les Américains ne bénéficient même pas de la liberté de choix du patient qui est un des (coûteux) avantages des systèmes plus libéraux (comme en France). C'était notre grande rubrique : l'utilisation du PIB est au moins aussi importante que le niveau du PIB.


Source : OCDE, Eco-Santé 2004

Le reste de la tribune de Kervasdoué est très intéressant aussi. D'après lui, une comparaison des régions françaises montre que l'état de santé d'une population (mesuré par l'espérance de vie) n'est que faiblement corrélé avec le revenu moyen. Par exemple, les indicateurs de santé sont bien meilleurs en région Centre (plus pauvre que la moyenne française) qu'en Alsace (plus riche). En fait, c'est le niveau d'éducation qui serait le meilleur prédicteur de l'espérance de vie, d'où un appel à investir plus dans l'enseignement.

Je ne sais pas à quel point les autres facteurs explicatifs (pollution, climat, inégalités, impact de la vie dans les grandes villes, etc.) et les flux de population sont neutralisés, mais la thèse est au moins plausible.