01 décembre 2004

Tirer des plans sur 2007 

L'anti-juppéiste primaire qui sommeille en moi se désole du retour probable du meilleur d'entre eux sur le devant de la scène politique. Rien n'est certain, évidemment, mais les réactions des fidèles laissent à penser que 14 mois de prison avec sursis pour "prise ilégale d'intérêt" ne constituent pas cette "peine infamante" qui aurait justifié un retrait définitif de la vie politique de l'ancien Premier ministre.

Mais l'anti-UMP primaire qui sommeille aussi en moi peut trouver dans l'arrêt de la cour d'appel de Versailles quelques raisons de se réjouir, sur le mode Schadenfreude. Parce qu'il est tout à fait plausible que les dauphins de remplacement de Chirac, Villepin surtout, Gaymard aussi, Debré peut-être, voient d'un très mauvais oeil le retour du fils préféré dans la course à Matignon d'abord, à l'Elysée ensuite. Parce qu'il n'est pas également impensable que Chirac lui-même se soit pris au jeu des rumeurs d'un troisième mandat présidentiel et qu'il ait quelque mal à reprendre le cap brutalement abandonné en janvier dernier.

Paradoxalement, le jugement de Versailles laisse Sarkozy en position de force, même si ses partisans font aujourd'hui grise mine. L'intermède lui a permis de piquer le parti du président. Une guerre des dauphins au sein du clan des chiraquiens renforcerait encore sa position pour 2007. A moins que Juppé ne signe son retour en lançant une grande offensive préventive anti-Sarko, quitte à faire exploser l'UMP.

Dans ce cas, c'est la gauche qui pourrait tirer les marrons du feu. Sachant que le vote du PS de ce soir déterminera une partie non-négligeable du scénario à venir.