20 février 2005

Le Boucher maltraite les retraites 

Quel est l'intérêt de cette chronique d'Eric le Boucher sur la réforme du système de retraites américain? Au delà des truismes ("Certes, George Bush n'a pas gagné." suivi une phrase plus loin de "Le président n'a pas perdu."), le texte est rempli de contre-vérités (le soutien de Roosevelt à la capitalisation, la thèse selon laquelle le système actuel serait défavorable aux plus pauvres), d'approximations (le problème des coûts de transition est horriblement mal expliqué) et d'absurdités (contrairement à ce que laisse entendre l'auteur, le plan Bush ne remet pas en cause l'élément "cotisation forcée" du système).

Est-il utile de se livrer à un fisking détaillé? Non. Parce que le Boucher a une excuse en béton : il ne fait que reprendre (plus ou moins bien d'ailleurs) en détail les arguments des tenants de la privatisation. En ajoutant en bout de course, et à la va-vite, trois arguments contre, histoire de faire bonne mesure. Si bien qu'on se demande bien pourquoi l'auteur avait annoncé, au début du texte :
[I]l est légitime de regarder de très près le projet de M. Bush. Quels sont ses arguments ? Comment les juger ?
En fait, le Boucher ne porte aucun jugement, ne fait aucun tri entre les arguments et se contente d'un "he said, she said" (plutôt un "he said and said and said, she said" d'ailleurs) qui ne fait pas avancer le schmilblick d'un millimètre. Les lecteurs qui comptaient sur Le Monde pour mieux comprendre ce complexe dossier pourront encore attendre.

Ou se tourner vers de meilleures sources. Du côté des opposants : le magistral article paru en janvier dans le New York Times Magazine, l'honnête synthèse de Paul Krugman dans le dernier New York Review of Books. Sans parler des analyses détaillées du Center on Budget and Policy Priorities. Du côté des partisans, les commentaires d'Andrew Samwick et Tom Maguire sur leurs blogs respectifs (et aussi les cinq raisons en faveur de la privatisation de Brad DeLong). Le tout est en anglais technique, néanmoins, ce qui ne devrait pas faciliter la tâche des non-anglophones (et des anglophones non-jargonants).

Pour ceux-là, cette note d'Alexandre Delaigue sur Econoclaste est une bonne introduction.