03 mars 2005

Argent moins cher 

Je sais que je devrais être en train de défendre l'orthodoxie économique mise à mal par les arguments pour le moins éconoclastes d'Alexandre Delaigue sur le déficit public. Mais il y a des jours où l'envie de se replonger sérieusement dans la mécanique des intérêts composés, la validité de l'équivalence ricardienne et l'incidence d'une baisse structurelle de l'inflation sur la soutenabilité à long terme de la dette publique est assez faible.

Commençons donc ce soir par un point d'accord rapide : le discours catastrophiste ambiant sur le déficit ("Au secours, on est à 3,7% du PIB alors que le gouvernement avait prévu 3,6%!") comme sur la dette ("16 000 € par Français!") est assez ridicule.

Bien sûr, on peut faire peur à tout le monde avec des graphiques qui montrent un triplement du rapport dette/PIB en 25 ans :



Mais on peut aussi noter que, dans le même temps, les intérêts payés par les administrations publiques ont augmenté beaucoup moins vite que la dette elle-même, comme le montre la courbe ci-dessous (construite à partir des inestimables données statistiques de l'OCDE) :



L'Etat (en fait, l'Etat, les collectivités territoriales et les administrations de sécurité sociale) emprunte en effet moins cher, grâce à la baisse des taux d'intérêts réels - et, je suppose, grâce à une meilleure gestion de sa dette. Depuis une dizaine d'années, il a ainsi pu emprunter plus, en diminuant sa charge d'intérêt (par rapport au PIB). Voilà déjà une bonne raison de relativiser les "mauvaises nouvelles" de la semaine.