28 mars 2005

Exégèse raffarinienne 

Au risque de passer pour un vulgaire Ulysse Gosset, je m'autorise une troisième note de suite sur Raffarin. Car les remarques de Phersu sur la fameuse phrase magique qui fait monter le "non" sont trop importantes pour ne pas s'y arrêter :
L'énoncé ["win the yes needs the no to win against the no"] reste ambigu. Veut-il dire que la négation va s'auto-nier, que l'affirmation n'existe que dans une structure d'opposition qui lui donne sa puissance ?

Il y a en effet deux lectures : "le oui a besoin du non, pour gagner contre le non" (lecture la plus immédiate), mais aussi "le oui a besoin que le non gagne contre le non", ce qui devient en effet une description d'une stratégie attentiste suivie par une partie du camp du Oui, attendre que le non néantise ou qu'il anéantisse le non.

Il faut ajouter que la question se complique encore quand on s'intéresse à la façon dont Raffarin prononce la phrase (même en laissant de côté le premier et peu compréhensible "win"). Si la première interprétation est la bonne, en effet, la structure logique de la phrase est la suivante : "the yes needs the no | to win against the no" (le signe | marquant une coupure, qui devrait être perceptible à l'écoute) . Pour la deuxième interprétation, cette structure devient : "the yes needs | the no to win against the no".

Le problème est que Raffarin ne choisit ni l'une ni l'autre de ces deux prononciations. Une écoute attentive et répétée du discours montre en fait que la structure de sa phrase est plutôt : "the yes | needs the no to win | against the no".

L'ambiguïté relevée par Phersu n'en est donc que plus troublante. Certains en conclueront naïvement que Raffarin est vraiment une turne burne en anglais. Mais il est également possible que notre aigle du Poitou emploie à dessein un langage dont les subtilités sont inaccessibles au commun des mortels. A la manière d'un Alan Greenspan qui disait : "If you think you understood me, it's because I misspoke."