18 mars 2005

Totalement vide 

Une autre article critiquable dans Le Monde du jour est cette étrange demi-ode à Jean-Pierre Raffarin signée Patrick Jarreau :
Alors que d'autres usent leur autorité en exerçant le pouvoir, lui, il la constitue. Qu'il demeure à son poste incite à penser qu'il ne manque pas de savoir-faire. Il a beau être décrit comme faible, dépourvu de charisme, sans vision d'avenir, personne n'en vient à bout. [...] Les Français doivent finir par se dire que, s'il résiste, c'est qu'il sait y faire. Si le président de la République le garde, comme il est peu probable que ce soit par sentiment, il faut donc que, d'une manière ou d'une autre, par défaut ou par excellence, l'intéressé le mérite. Fort de la constance présidentielle, le premier ministre démontre son autorité en l'exerçant. On l'a vu faire lors de la crise du logement qui a ébranlé son gouvernement. [...] Jean-Pierre Raffarin s'est porté, aussi, en première ligne de la réponse aux attentes des salariés. [...] C'est en fin politique qu'il refuse de prendre parti pour ou contre une nouvelle candidature de Jacques Chirac en 2007. Il est trop occupé avec les soucis quotidiens des Français pour spéculer sur ce qui se passera dans deux ans.
Jarreau est suffisamment habile pour éviter de tomber les deux pieds joints dans le piège de la brosse à reluire (encore que la phrase sur les "soucis quotidiens" laisse planer un doute). Mais le déroulé de l'analyse laisse songeur. La question prétexte à l'analyse est que si Raffarin est encore à Matignon malgré son impopularité, il doit bien y avoir une raison. Euh, oui, il y en a une, que Jarreau évoque d'ailleurs : parce que Chirac en a décidé ainsi, à la fois parce qu'il n'a personne pour le remplacer et parce qu'il ne veut pas admettre un échec.

La chronique aurait pu (et dû) s'arrêter là. Mais elle n'aurait fait que trois lignes, ce qui est un peu problématique et explique sans doute pourquoi Jarreau cherche désespéremment des explications oiseuses sur la supposée habileté politique de notre premier ministre. Le résultat est assez surréaliste.