02 mai 2005

Si loin, si proche 



J'ai vécu, il y a un bout de temps désormais, pendant 8 mois sur ce campus. Que je retrouve, vu du ciel, dans sa géométrie rectiligne, grâce à la vertigineuse fonction satellite de Google Maps. En zoomant encore plus, j'arrive, avec une certaine difficulté, à identifier avec certitude certains bâtiments, quelques avenues tant de fois arpentées. J'essaye, sans toujours y parvenir, de refaire mentalement certains trajets habituels en m'aidant des repères fournis par les rubans de bitumes et les formes aplaties des édifices, dont la hauteur originelle n'est plus perceptible qu'au moyen indirect -et largement inutile- des ombres portées.

La frustration l'emporte, souvent. A cause de l'incapacité à faire s'emboîter l'image exacte, vu du ciel, avec les souvenirs flous, travaillés, déformés de la vie au ras du sol. A cause aussi, justement, de cette impossibilité de reconstruire mentalement, avec une précision acceptable, un environnement qui fut familier. Ne restent que des prises de vues polies par le temps, qui s'évanouissent dès qu'on essaye de retrouver leur netteté originelle. Et l'image cruelle mais évidemment mensongère d'un paradis perdu.