05 juin 2005

Merci Guy Roux 



Guy Roux tire donc sa révérence. Sur un dernier succès, qui met beaucoup de baume au coeur des supporters qui avaient vu Auxerre dégringoler de façon calamiteuse en championnat depuis la trève.

L'heure devrait être à l'hommage révérencieux. Mais ce serait mentir que de dire que le personnage ne m'a jamais irrité, agacé ou franchement fait hurler. A cause de son côté populo-réac bien de chez nous, qu'on aurait cru inventé exprès pour se fondre dans l'esprit TF1 et qu'on retrouvait dans les propos a priori les plus anodins. Avant le dernier match de championnat, il déclarait ainsi, à propos des déboires de la construction d'un grand stade à Lille : "on peut imaginer que si les habitants riverains du Moyen Age avaient été en association, ils auraient empêché la construction des cathédrales tant elles modifiaient le paysage." A cause de certaines remarques vraiment scandaleuses, comme cette allusion à l'Anschluss à propos de la faute sifflée sur Laslandes par un arbitre autrichien au cours du quart de finale de LDC contre Dortmund en 1997. A cause des coup tordus qui ont progressivement écorné l'image d'une équipe qui terminait régulièrement en tête du classement du fair play de L'Equipe au début des années 1990.

Mais il serait aussi injuste, et complètement anti-proustien, de juger l'entraîneur à l'aune de son seul moi médiatique. Je me souviens donc aujourd'hui des 4 coupes de France, dont 3 remportées à l'arrachée. De la mobylette de Basile Boli. Des victoires à 100 contre 1 contre Arsenal, contre l'Ajax ou Glasgow en coupe d'Europe. De la remontée magnifique de 1996, alors que le PSG avait le championnat gagné. De l'hallucinante défense de Maryan Szeja en finale de la Coupe de France en 1979. D'un match de championnat sous la neige du début des années 1990, où Auxerre avait écrasé le grand OM par 4 à 0. De Kalman Kovacs, Corentin Martins, Enzo Scifo, Frank Verlaat, Gérald Baticle, Bruno Martini et Sabri Lamouchi. Des ailiers du 4-3-3, Cocard-Vahirua puis Diomède-Marlet. De notre Séville à nous, en demi-finale de la coupe de l'UEFA, en ce cruel mois d'avril 1993. Et du fait que rien de tout cela n'aurait été possible si les dirigeants du club n'avaient pas, en 1961, décidé de confier l'équipe à un gamin de 23 ans.

Aujourd'hui, l'AJA telle que je l'ai toujours connue est morte. Il ne me reste donc plus que deux choses à dire : vive l'AJA. Et merci Guy Roux.