06 juillet 2005

They forgot Finland! 

On a beaucoup parlé des fines blagues de Chirac à propos de la cuisine anglaise mais, étrangement, personne en France ne s'est en ému de l'insulte faite par notre bien-aimé Leader Minimo à la gastronomie finlandaise :
Jouant les boute-en-train, sans se douter que quelques journalistes les écoutaient, Chirac s'est lancé hier dans une série de blagues sur le dos des Anglais, faisant bien rire Poutine et Schröder. «La seule chose qu'ils ont faite pour l'agriculture européenne, c'est la vache folle», a ainsi balancé Chirac, prévenant ses deux compères que, de toute façon, «on ne peut pas faire confiance à des gens qui ont une cuisine aussi mauvaise» : «Après la Finlande, c'est le pays où on mange le plus mal.»
Passe encore que Chichi affirme que la cuisine finlandaise soit d'une qualité douteuse. Mais dire qu'elle est pire que la gastronomie anglaise est le genre d'affront à la fierté nationale qu'aucun peuple, fut-il aussi légendairement placide que celui de la Finlande, ne peut laisser décemment passer sans réagir.

D'autant que les Finlandais, avaient déjà dû récemment subir les sarcasmes du président du conseil italien, comme le note Wikipedia, avec un gros poil d'ironie :
In 2005 Finnish cuisine came under severe critique from international experts. Famous italian pasta expert and acclaimed playboy Silvio Berlusconi claimed that "I've been to Finland and I had to endure the Finnish diet so I am in a position to make a comparison". Berlusconi started his bitter food slandering campaign as early as 2001, when he announced that "The Finns don't even know what prosciutto is".
Autant dire que leur patience devait commencer à être à bout. Et très logiquement, réaction il y eut. D'abord sur le mode humoristique qui avait si bien réussi aux Polonais, par la voix de l'eurodéputé Alexander Stubb, qui a proposé à Chirac de vérifier directement le mal-fondé de ses déclarations :
"Afin de vous prouver le contraire et de vous donner une occasion de rectifier votre jugement, je voudrais vous inviter chez nous, à Genval en Belgique, pour un dîner informel", écrit dans une lettre ouverte ce parlementaire finlandais marié à une Anglaise.

Rien n'a encore filtré sur le menu mêlant les deux traditions culinaires: oeufs de cabillaud à la bière tiède ? Pommes de terre de Laponie à la menthe ? carré d'agneau et baies marinées dans la liqueur de ronce ?

Et puis, parce que la vengeance, comme le délicieux Kalakukko, est un plan qui peut aussi se manger froid, on peut s'interroger gravement sur l'influence négative de la sortie de Chichi sur le destin brisée du rêve olympique de toute une nation. Ce soir à Singapour, Paris a perdu pour 4 voix à Londres. Il aurait suffi que deux membres londonistes du CIO changent de camp pour que l'élection se termine en joyeux bordel, vu que les textes officiels -pdf- ne précisent pas ce qu'il se passe si les deux derniers candidats ne parviennent pas à se départager. De trois pour que Paris échappe à la douloureuse bénédiction du vaincu.

Le collège du CIO comptait deux Finlandais. Et une bonne poignée de Scandinaves qui auraient fort bien pu se sentir solidaires de leurs collègues, au vu des similitudes frappantes entre les gastronomies du Grand nord. On en tirera les conclusions que l'on voudra.