31 août 2005

Chômage : l'effet Raffarin 

Plus précisement, le contre-effet Raffarin : il a donc suffi que l'aigle du Poitou soit débarqué sans gloire de Matignon pour que le sismographe de l'INSEE enregistre enfin, pour la première fois depuis 2001, un clair début de commencement de retournement de la courbe à la baisse.



Toute la question est de savoir si la décrue observée depuis quelques mois ne s'explique pas des artifices comptables. Le Canard, repris les syndicats, avait ainsi mis en doute la pertinence des chiffres du mois de juin, soulignant notamment la hausse conséquente des radiations administratives et la baisse des reprises d'emplois déclarés. Pour juillet (pdf), ces arguments semblent inopérants : les reprises d'emplois (CVS) sont en hausse de 13% (0,5% sur un trimestre) et les radiations administratives en baisse de 12%.

Le Canard avait aussi rappelé dans son numéro du 13 août dernier que la Convention de reclassement personnalisé (CRP) du plan Borloo permettait d'offrir aux salariés victimes d'un licenciement économique un accompagnement par l'ANPE identique à celui des chômeurs lambda (bilan de compétences, rédaction de CV...) tout en comptant les bénéficiaires comme des "stagiaires de la formation professionnelle" et pas comme des chômeurs. Soit une habile combine pour faire baisser les chiffres officiels.

Seul problème : les chiffres de juillet montrent certes une hausse de 15% (en CVS) des entrées en stage par rapport au juin, mais une baisse de -2,5% par rapport au dernier trimestre et de 14,1% comparé à 2004. Difficile d'y voir une augmentation claire de la tendance à utiliser l'expédient des stages pour réduire artificiellement le nombre de demandeurs d'emploi comptabilisés.

Evidemment, tout cela ne permet pas de tirer des conclusions pour l'avenir, même si l'on exclue la thèse des artifices comptables. Un seul chiffre, aussi encourageant soit-il, ne veut en effet pas dire grand chose en tant que tel. Par contre, les statistiques permettent d'identifier plutôt correctement des tendances : baisse massive du nombre de demandeurs d'emploi de mi-1997 à mi-2001, augmentation sensible de mi-2001 au début 2004 puis stabilisation jusqu'à aujourd'hui. Il faudra attendre la fin de l'année pour savoir si une phase de baisse s'est ouverte à la mi-2005, et s'il faut introniser Raffarin au Panthéon des poissards de première, à égalité avec Juppé qui avait lui aussi quitté son poste de Premier ministre en 1997 alors que la conjoncture économique se retournait.