24 août 2005
Contre toute attente, la dernière édition de Contre-expertise (l'émission de
Trois choses franchement irritantes, quand même, parce que récurrentes : d'abord, je supplie Brice Couturier d'arrêter de nous bassiner à chaque émission avec les 300 000 Français qui sont partis travailler à Londres. La seule conclusion qu'on peut légitimement en tirer est que la capitale britannique est la métropole anglophone la plus proche de la France. Tout le reste n'est que spéculation, en général ridiculement caricaturale.
Ensuite, il serait agréable que les libéraux qui se rengorgent de l'extraordinaire mobilité sociale au Royaume-Uni prennent la peine de consulter quelques statistiques à ce sujet. Par exemple celles contenues dans une étude (pdf) que j'ai déjà cité sur ces pages et qui relève notamment que :
International comparisons of intergenerational mobility show that Britain, like the United States, is at the lower end of international comparisons of mobility. Also intergenerational mobility has declined in Britain at a time of rising income inequality. The strength of the relationship between educational attainment and family income, especially for access to higher education, is at the heart of Britain’s low mobility culture.Et enfin, il faudrait prendre des mesures radicales pour interdire à Philippe Manière d'intervenir sur le sujet des 35 heures. Je reconnais tout à fait que certaines de ses critiques, notamment celle sur les inégalités face à la réduction de temps de travail entre cadres et ouvriers, sont légitimes et importantes. Mais le problème de Manière est qu'il ne peut pas s'empêcher de se répendre longuement, en sus, sur le dommage catastrophique causé à la "valeur travail" par une RTT qui se serait fondée sur la thèse du travail comme aliénation.
Or, sans même aller rechercher l'étude du Conseil économique et social et l'augmentation significative du nombre total d'heures travaillées de 1997 à 2002 qui montrent le contraire, cette thèse très populaire à droite est complètement imbécile : l'objectif primordial des 35 heures était, dès le départ, la baisse du chômage. L'augmentation du temps de loisir pour les salariés a certes permis de leur vendre plus facilement le projet mais elle n'était que d'une importance secondaire à côté de l'effet attendu sur le marché de l'emploi.
Les vétérans qui me lisent se rappelleront d'ailleurs qu'un des slogans de l'époque était : "travailler moins pour travailler tous". On se demande bien pourquoi des gens qui envisageraient le travail uniquement sous l'angle de l'aliénation se donneraient pour objectif d'en faire profiter le plus grand nombre possible.
Mis en ligne par Emmanuel à 23:32 | Lien permanent |