26 septembre 2005

Charles de Gaulle, spoliateur 

Sur les conseils de François Briatte, je suis allé faire un tour sur deux des trois blogs maison lancés par Les Echos - je laisse le blog innovation de côté, faute d'être vraiment qualifié en ce domaine. Verdict personnel : bof, bof, bof.

Je ne pensais pas être déçu par le blog économique d'Erik Izraelewicz tant je tiens le bonhomme en piètre estime depuis qu'on m'a obligé à lire le clichetonneux et pompeusement titré Ce monde qui nous attend. J'aurais dû davantage me méfier : le "blog" d'Izraelewicz est en effet simplement la reprise, à la virgule près, de ses chroniques du matin sur Europe 1. On peut certe imaginer que ce type de contenu pourrait éventuellement être utile au cadre pressé qui a loupé la chronique à la radio le matin (ou qui écoutait Jean-Marc Sylvestre à la même heure) et qui peut difficilement se permettre de se rattraper via le Real Audio d'Europe au boulot parce que, écouter Izraelewicz devant ses collègues, c'est quand même un peu la honte. A part pour ce public bien particulier, la valeur ajoutée du blog est nulle et le qualificatif même de "blog" une arnaque.

En comparaison, le blog politique de Françoise Fressoz est forcément plus intéressant, ne serait-ce que parce que le contenu n'y est pas de seconde main. Le résultat est quand même franchement médiocre, surtout au vu de la grandiloquente proclamation qui trône en haut de la page d'accueil : "Ce blog va à l’encontre de l’air du temps." Sur la forme, les notes ressemblent à des éditoriaux ou à des bouts d'éditoriaux non-publiés qu'on aurait décidé de recycler en ligne : on remarquera ainsi l'absence totale de liens hypertexte. Sur le fond, les textes sont aussi intéressants qu'un édito moyen d'un quotidien français moyen, c'est-à-dire assez peu.

Et le rapport avec le titre de la note? Il se trouve dans un court billet de ladite Françoise Fressoz, qui vise, en s'appuyant sur un dialogue entre Mongénéral et Philippe de Gaulle rapporté par ce dernier, à démontrer que Sarko est, fiscalement parlant, plus gaulliste que Villepin :
- Charles de Gaulle : « refuser de payer l’impôt, c’est porter atteinte aux intérêts de la patrie. »
- Philippe de Gaulle : « D’accord, mais jusqu’à quel plafond peut-on nous imposer ? »
- Charles de Gaulle : « plus de 50% tout compris, quelle que soit la fortune de l’intéressé, c’est une spoliation ! »
Comme tout le monde le sait, le "bouclier fiscal" villepinien fixe le plafond à 60% des revenus. Alors que Sarko se bat courageusement pour le ramener à 50%. Et qui c'est-y qui est "le plus gaulliste des deux", alors?

Difficile de rajouter quelque chose à la brillance de cette démonstration. Mais il y a quand même un petit détail qui me chiffonne : toute accaparée par la bataille interne à l'UMP, Françoise Fressoz ne s'interroge pas une seconde pour savoir si le montant des impôts directs acquittés ne pouvait pas, sous le règne gaullien, dépasser les 50%.

Mais peut-être qu'elle ne possède pas dans sa bibliothèque l'indispensable pavé de Thomas Piketty, Les Hauts revenus en France au XXe siècle, déjà mentionné et conseillé à plusieurs reprises ici. Si c'était le cas, je suis sûr qu'elle serait allée jeter un coup d'oeil aux données des pages 636 et 637, qui permettent de construire le troublant (d'autant plus qu'il ne comprend que l'impôt sur le revenu et pas les autres impôts directs de l'époque, impôt foncier et taxe d'habitation) graphique ci-dessous :



A examiner le problème sous cet angle-là, le "plus gaulliste" en matière fiscale n'est ni Sarko, ni Villepin. Mais plutôt Olivier Besancenot.