07 octobre 2005

Words, words, words 

On apprend vraiment plein de choses passionnantes (passionnantes pour moi, en tout cas) dans The Lever of Riches (p 41) :
In textile production, the Islamic world made substantial advances in fabric quality. Here etymological evidence is suggestive: many names for European fabrics betray their Islamic origins. Damasks, a fine silklike linen, came from Damascus; mousselins or muslins, a fine cotton fabric, from Mosul (in Iraq); fustians, a fabric made of a linen warp with a cotton weft, were named after Fustat (a Cairo suburb).
"Mousseline", même en purée, n'a donc aucun rapport avec "mousse" et l'étymologie est décidement d'une redoutable traîtrise. On retrouve les mêmes exemples et d'autres sur le site pédagogique de la BNF, ce qui me laisse à penser que j'ai déjà dû apprendre tout ça au collège et l'oublier dans la foulée :
Dès le XIe siècle, une partie du trafic d'al-Andalus et du Maghreb vers la Syrie et l’Égypte est effectuée par des navires étrangers, surtout italiens. Depuis l’Occident musulman ou chrétien, ces derniers exportent de la poix, du fer et d’autres métaux, du bois et des tissus solides comme les draps de laine. En retour, ils importent les produits orientaux de grand luxe si convoités en Europe, des tissus par exemple, nommés d’après leur lieu de production : "damas" de Damas, "baldaquin" de Bagdad, "mousseline" de Mossoul, "gaze" de Gaza.
Puisqu'on est sur les mots, j'en profite pour confirmer l'intuition de Phersu : le mot "seigneur-terrasse", relevé dans une anthologie anglaise de mots exotiques et qui est censé désigner quelqu'un qui squatte dans un café sans jamais consommer, est bien entendu inconnu des dictionnaires francophones que j'ai consultés : rien dans le Robert, rien dans le Dictionnaire de l'Académie, rien dans le Grand Larousse du XXe siècle, rien dans le Littré, rien, on s'en doutait, dans le Furetière. Le plus absurde est qu'une recherche sur Google ne renvoie, mis à part le blog de Phersu, qu'à des sites anglophones qui parlent de la récente parution du bouquin en question.

Et voilà comment, par la magie d'un probable faux lexical, la réputation de branleur des Français se trouve confirmée et renforcée dans la conscience anglo-saxonne. "Plus ça change, plus c'est la même chose", comme on ne dit jamais en France.