12 novembre 2005

Moi aussi, je suis un vieux con réac 

Honte à René Rémond! Qui, comme le constate Guillermo, profite de la réédition de son classique Les Droites en France pour modifier les qualificatifs qu'il avait données en 1954 aux trois familles de la droite française :
René Rémond a changé, non pas sa thèse des trois droites en France, mais leur nom : les droites légitimiste, orléaniste, et bonapartiste deviennent les droite "contre-révolutionnaire", "libérale" et "gaulliste", puisqu'il parait que les références historiques qui donnaient leur nom ont "fait leur temps", dixit l'auteur. Ah et pour compléter son analyse, il rajoute la droite extrême (qu'il distingue, j'imagine, de l'ex-courant bonapartiste, Le Pen et Boulanger, plus rien à voir donc).
Au-delà du fait qu'il me semble que Rémond classait Le Pen au sein de la droite légitimiste, j'étais sur le point* d'ajouter une critique plus fondamentale, en notant que renommer la droite "bonapartiste" en droite "gaulliste" posait d'énormes problèmes historiographiques. Comme le risque évident d'anachronismes du plus mauvais effet.

Mais il s'avère que la véritable nouvelle appelation est "droite autoritaire", ce qui est déjà moins catastrophique, sans pour autant être pleinement convaincant (en quoi, exactement, la "droite contre-révolutionnaire" n'est-elle pas "autoritaire"?). Je me contenterais donc de joindre Guillermo dans ses regrets de vieux con réac, en notant que les historiens américains n'ont aucun problème à employer, encore de nos jours, des termes délicieusement anachroniques. Et avec un succès indéniable.

(merci à Bladsurb pour le lien, et à Koz d'avoir attiré mon attention sur la nouvelle typologie)

Add. (14/11) : Versac précise que, comme l'indiquait à l'évidence le titre de l'ouvrage, Les Droites aujourd'hui n'est pas une édition augmentée et remaniée des Droites en France mais un essai sur les droites aujourd'hui. Dans son livre, Rémond distingue donc trois tendances dans le champ de ruine qu'est la droite française contemporaine : une droite libérale, une droite gaulliste, une droite contre-révolutionnaire qui ne subsiste plus guère que sur Radio Courtoisie et une droite extrême. Par contre, dans au moins deux interviews, l'auteur parle bien de droite "autoritaire", au lieu de droite "gaulliste". Et le magnifique tryptique "légitimiste", "orléaniste", "bonapartiste" restera éternel, puisque que l'étude parue en 2005 ne remplace pas le remarquable Les Droites en France.

Lire la note de bas de note
* la vérité : je venais d'écrire plusieurs paragraphes pour expliquer par des mots choisis en quoi remplacer "bonapartiste" par "gaulliste" était plus que malvenu.