16 novembre 2005

Une baisse du chômage en trompe-l'oeil 

On pouvait légitimement se demander si la baisse du nombre de chômeurs depuis le printemps 2005 était le signe d'une véritable reprise sur le marché de l'emploi en France. On sait depuis ce matin que ce n'est pas le cas :
Selon les données provisoires publiées par l'Insee, [l'emploi salarié] n'a progressé que de 0,1% au troisième trimestre 2005 dans le secteur concurrentiel, tout comme aux premier et deuxième trimestres. Le secteur concurrentiel hors agriculture, administration, éducation, santé et action sociale affichait au troisième trimestre 15.451.800 salariés, soit une hausse de 8500 postes par rapport aux trois premiers mois de l'année. Sur un an, les effectifs sont certes en progression, mais seulement de 0,3%.
Comme le note l'article des Echos, les signaux contradictoires donnés par les indicateurs du chômage et ceux de l'emploi salarié ne prouvent pas nécessairement que les statistiques du chômage sont trafiqués. Par exemple, les emplois aidés dans le secteur-non marchand créés dans le cadre du plan Borloo ne rentrent pas dans le cadre étudié par l'INSEE.

Il faut aussi remarquer que le taux de chômage peut parfaitement baisser dans un contexte de stagnation de l'emploi au sens large, par exemple parce que des chômeurs découragés quittent la population active ou parce que des individus décident de retarder leur entrée sur le marché du travail (étudiants, notamment). De la même façon, à taux d'activité égal, la population active française (actifs occupés + chômeurs) devrait se contracter dans les années à venir, dans la mesure où les flux sortants des retraités sera très supérieur aux flux entrants des immigrés et des jeunes sortant (diplômés ou non) du système scolaire.

Cela dit, il faut aussi souligner que la stagnation de l'emploi salarié au 3e trimestre 2005 ne fait que confirmer une tendance en place depuis la fin 2001. Le graphique ci-dessous (adapté à partir de celui de la note de l'INSEE - pdf) est éloquent :


On remarquera les performances comparées du gouvernement Jospin et des gouvernements Raffarin-Villepin en matière de création d'emplois et on en tirera les conclusions politiques que l'on voudra (du "Yoyo rulz" au "la gauche a dégradé la valeur travail en rendant accessible à un plus grand nombre un bien rare, l'emploi").