27 décembre 2005
Comme tout le monde le sait, le bicentenaire de bataille d'Austerlitz a fait l'objet de célébrations officielles d'une remarquable discrétion. Jean-Louis Andréani du Monde y voit, et il n'est pas le seul, une nouvelle preuve de ce déclinisme gaucho-libéral qui mine la France :
Si la France doit avoir honte de la victoire d'Austerlitz — modèle de réussite toujours enseigné dans les écoles de guerre — parce que Napoléon n'était pas un démocrate républicain et qu'il a rétabli l'esclavage, il faut d'urgence raser le château de Versailles, comme le demandaient certains révolutionnaires de 1789 : ne s'agit-il pas de l'antre d'un monstre, un monarque absolu, Louis XIV, dont la police torturait de façon systématique, tandis que sa justice faisait mourir à petit feu les prisonniers condamnés à vie aux galères, et marquait les prostituées au fer rouge ?

Au nom du principe selon lequel la célébration d'une victoire militaire (plus rarement d'une défaite) vaut au moins assentissement tacite quand aux raisons pour lesquelles l'armée victorieuse s'était battue, et hommage implicite au chef qui a conduit les troupes. Ce qui expliquerait par exemple le fait que la célébration de la bataille de Trafalgar par les autorités britanniques pose moins de problèmes que celle d'Austerlitz par les représentants de l'Etat français.
Mais en fait pas du tout. Il suffisait simplement de constater que la victoire d'Austerlitz est un "modèle de réussite toujours enseigné dans les écoles de guerre" pour en déduire un jugement moral positif. Au moins, ce type de raisonnement permet de relativiser la spécificité de l'auto-flagellation historique des Français. Il ne semble pas, en effet, que les Allemands célèbrent chaque année en grandes pompes ce coup de génie stratégique qu'a été la bataille de France de 1940. Ni que les Japonais fêtent bruyamment la hardiesse tactique de Pearl Harbor.
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