15 décembre 2005

Un socialiste s'est caché dans ce rapport... 

Toujours dans Le Monde daté aujourd'hui, cette fois page 10, un usage plutôt transparent de la source anonyme à propos du rapport Pébereau :
Ce rapport fait une analyse historique "sans concession", selon les mots d'un socialiste qui a participé à sa rédaction, de la dette, qui n'a cessé de progresser au cours de ces vingt dernières années, sauf sous le gouvernement de Lionel Jospin (1997-2001).
Hum, un socialiste qui a participé à la rédaction du rapport. Mais kicela peut-il bien être? Voyons la liste des membres de la commission (ze rapport, page 4, pdf) :
- Patrick Artus, Économiste, Directeur de la recherche et des études, CDC IXIS
- Christian Blanc, Député des Yvelines
- Michel Camdessus, Gouverneur honoraire de la Banque de France, Ancien Directeur général du Fonds monétaire international
- Jean-Michel Charpin, Directeur général de l’INSEE
- Jean-Philippe Cotis, Chef économiste de l’OCDE
- Olivier Davanne, Économiste, Associé DPA Conseil
- Pierre-Mathieu Duhamel, Directeur du Budget
- Xavier Fontanet, Président-directeur général d’Essilor
- Philippe Herzog, Président de Confrontations Europe, Ancien député européen
- Jacques Julliard, Journaliste et historien
- Philippe Kourilsky, Professeur au Collège de France
- Françoise Laborde, Journaliste
- Alain Lambert, Ancien ministre, Sénateur de l’Orne
- Pascal Lamy, Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce
- Jacques de Larosière, Gouverneur honoraire de la Banque de France, Ancien Directeur général du FMI
- Edouard Michelin, Président-directeur général de Michelin
- Didier Migaud, Député de l’Isère, ancien rapporteur général du Budget
- Xavier Musca, Directeur général du Trésor et de la politique économique
- Nicole Notat, Présidente de Vigeo
- Maria Nowak, Présidente de l’Association pour le droit à l’initiative économique
Euh, Françoise Laborde? (je suppose que Pascal Lamy, à supposer qu'il soit socialiste, avait autre chose à faire que de donner des citations anonymes à Joël Morio en pleine préparation du sommet de l'OMC à Hong-Kong. Et autre chose à faire que de participer à la rédaction du rapport, aussi.)

Sur le fond, je suis totalement d'accord avec les remarques d'Oli. La mise au point récente d'Alexandre Delaigue chez le Grand incubateur de blogs n'est pas inutile non plus :
Un ménage français qui achète sa maison à crédit peut sans dommages consacrer 30% de ses revenus au remboursement de sa dette, et s'endetter à hauteur de 8 fois ses revenus annuels. Il est atterrant qu'on imagine que l'endettement serait plus difficile à tolérer pour un gouvernement (qui vit éternellement, qui peut décider souverainement de ne pas payer ses engagements, et qui décide de ses revenus) que pour une famille.
Une réserve quand même : l'un des arguments delaiguiens classiques est qu'il n'est pas injuste de léguer un gros monceau de dette aux générations futures pour la bonne raison qu'elles seront plus riches que nous et pourront donc la rembourser et/ou en payer les intérêts plus facilement. Certes. Mais cela ne marche que si l'on raisonne pour une dette qui ne croît pas plus vite que le PIB. Tout le contraire de ce qui se passe en France, donc, où le ratio endettement public/PIB augmente régulièrement depuis un quart de siècle (sauf sous un gouvernement socialo-comuniss' récent, merci au Figaro de l'avoir rappelé à ses lecteurs en infographie géante à la une hier matin).