03 janvier 2006

La chienlit, c'était lui 

Oui vraiment, on se demande bien ce qui a poussé ces veaux de Français à préférer l'homme de l'abolition de la peine de mort, des radios libres et de la relance de la construction européenne au responsable de la "République des barbouzes", de la mise au pas des médias, à ce grand défenseur de la séparation des pouvoirs ("il doit être évidement entendu que l'autorité indivisible de l'État est confiée tout entière au président par le Peuple qui l'a élu, qu'il n'en existe aucune autre, ni ministérielle, ni civile, ni militaire, ni judiciaire, qui ne soit conférée et maintenue par lui") et de l'Espagne de Franco.

Mauvaise foi mise à part, et comme le notent Koz et ses commentateurs, la première place de Mitterrand s'explique facilement par une double dynamique : une dynamique partisane, qui concentre les votes de la gauche sur le seul président socialiste de la Ve république, alors que la droite se divise davantage entre gaullistes légitimistes et chiraquiens bornés; une dynamique générationnelle, qui explique que l'adulation de Mongénéral ne soit majoritaire que parmi les plus de 50 ans.

Cela dit, j'avoue que j'aurais été bien emmerdé si j'avais dû répondre à ce sondage. Ce n'est pas faute d'être de gauche (si, si), ni d'avoir moins de 50 ans (idem), mais Mitterrand représente une conception monarchique de l'exercice du pouvoir que j'ai toujours exécré. Le problème est que les autres présidents de la Ve République n'ont pas été particulièrement plus brillants sur ce point. Quoique, à la lecture du sondage, on peut se demander s'il ne serait pas temps de réhabiliter Giscard, qui ne mérite certainement pas sa dernière place.