11 janvier 2006

La place des grands hommes 

L'accent mis sur le (relatif) déterminisme socio-politique au détriment de la seule volonté individuelle n'est certes pas très surprenant venant d'un socialiste. Il n'en reste pas moins que Michel Rocard a absolument raison de prendre le contre-pied du désespoir réflexif des médias à propos de l'après-Sharon :
Naturellement les hommes jouent un rôle essentiel dans l'histoire, ne nions pas l'évidence. Mais ils ne sont pas seuls. Les institutions, les forces collectives et les idées existent aussi et jouent leur rôle. En ces temps de toute puissance médiatique, on a trop tendance à l'oublier. Par une pente naturelle, découlant des caractéristiques mêmes de l'image, les médias choisissent de, et, au total, ne savent nous parler que des hommes ou des femmes, des personnalités, de leur charisme, de leurs conflits, de leurs choix et de leurs décisions, et occultent tout le contexte de structures collectives, matérielles ou intellectuelles, qui finalement font la vraie décision ou, au moins, en fixent les limites.
Il n'y a pas si longtemps, le discours dominant voulait qu'aucun progrès ne serait accompli sur le dossier israélo-palestinien avant la disparition, sinon physique, du moins politique, des deux ennemis de (au moins) 30 ans, Arafat et Sharon. La suite a montré que la réflexion était partiellement fausse. Il n'y a pas de bonne raison de croire aujourd'hui que la disparition de Sharon sonnerait nécessairement le glas des espoirs de paix.