02 février 2006

Ticket chic 

Je m'excuse par avance auprès de mes lecteurs qui attendaient à ce que j'évoque aujourd'hui, autrement que par prétérition, la naissance du nouvel instrument de domination blogosphérique de la clique dangereusement centriste et carrément arrogante auquel je me flatte d'appartenir. Ou que j'ajoute quelque chose à la note d'Alexandre Delaigue à propos de l'OPA de Mittal Steel sur Arcelor, ce qui aurait d'ailleurs été superflu tant ledit texte est juste et complet. Ou enfin que je m'immisce dans la querelle des laïcs militants et des cléricaux qui embrase la blogosphère et déboussole certains lectorats.

Non seulement le temps me manque, mais je ne pouvais de surcroît pas laisser passer sans réagir (et sans m'excuser aussi auprès de mes lecteurs provinciaux et parisiens motorisé) la nouvelle de l'entrée prochaine des transports parisiens dans l'ère moderne :
Paris a adopté mardi le principe du ticket de transports unique même en cas de changement (bus-métro)

Avec le titre de transport unique, les correspondances seront possibles pendant deux heures sans repayer. Aujourd'hui, le voyageur d'un bus parisien doit fournir un nouveau ticket, s'il veut prendre une correspondance sur un autre autobus, ou dans le métro.
Cette excellente nouvelle, qui devrait mettre fin à une absurde exception parisienne, n'est évidemment pas dénuée d'arrière pensées politiques. La mairie de Paris est en effet actuellement omnubilée par la mise en service du tramway des Maréchaux, comme si les élections de 2008 allaient être perdues ou gagnées sur cette seule question. Et le ticket "multimodal" s'inscrit évidemment dans cette stratégie :
"C'est une question de semaines et je souhaiterais que la mise en place intervienne pour la mise en service du tramway fin 2006", a expliqué Denis Baupin, adjoint (Verts) aux Transports.
Les encartés s'en moquent, mais il est certain que la nécessité de payer deux tickets pour faire un trajet tramway-métro n'aurait pas été de nature à rendre le tramway franchement populaire auprès des usagers occasionnels.

Le passage à une validité limitée à 2 heures (1H30 selon France 3 Ile-de-France) pour les futurs tickets soulève enfin une autre question, à laquelle je n'ai jamais trouvé de réponse : les tickets actuels ont ils une validité limitée dans le temps? Autrement dit, est-il possible de continuer à voyager tant qu'on est pas sorti du réseau? Un pote m'avait assuré que le ticket se "périmait" au bout de x heures (x étant assez élevé), mais l'exemple du Défi Métro relevé par David Madore & Co laisse à penser qu'il est possible de voyager en métro pendant au moins 12H22'03" avec le même ticket. Quelqu'un a une idée?

Add. (05/02) : l'état des protestations, dimanche tard dans la soirée :

1. Oli fait remarquer que le site de la RATP lui-même indique qu'un ticket est seulement valable pendant deux heures (et pour une seule correspondance, ce qui est aussi étrange que faux).

2. David Madore précise que le Défi Métro avait été réalisé avec un ticket Mobilis, ce dont j'aurais dû à l'évidence me douter.

3. François et Laurent rappellent que le ticket à un coup est loin d'être une exception parisienne (c'est vrai que j'avais en tête uniquement les contre-exemples de Vancouver et de Rome en écrivant la note, ce qui fait quand même un peu court pour oser une généralisation)

4. Antoine réplique à juste titre que la naissance du ticket modulaire est justement l'une des rares nouvelles parisianno-parisiennes qui est susceptible d'intéresser les provinciaux.

Je commence à me poser une grave question : est-ce qu'il y a une seule remarque dans ce billet qui n'est pas fausse ou idiote?