20 avril 2006

Un autre monde 

Dans le Figaro, Pierre-Yves "Luc Watson" Dugua se demande pourquoi les étudiants américains ne défilent pas, à la française, contre l'augmentation des droits d'inscription dans les universités. La réponse, semble-t-il, est que l'attitude des jeunes américains à l'égard des études supérieures n'a rien à voir avec celle de leurs homologues français. Pour des raisons statistiques évidentes :
Quant aux jeunes diplômés de premier cycle universitaire, leur taux de chômage est de 5% pour les hommes et de 5,6% pour les femmes. A l'inverse, concernant les jeunes sans diplôme de «high school» (c'est-à-dire, en gros, sans le baccalauréat), on relève un taux de chômage de 20% pour les hommes et de 23,6% pour les femmes. Toutes catégories confondues, pour les Américains de moins de 25 ans, on obtient un taux de chômage qui n'est que de 10%, contre 23% en France.

Dans un pays où l'éducation supérieure n'est pas un droit, mais un privilège, ces statistiques sont un profond élément de motivation. En effet, aux Etats-Unis, l'université est perçue comme un investissement lourd qui renferme la promesse d'un emploi rémunéré davantage que la moyenne des non-diplômés.

[...] C'est la relation de l'étudiant américain au monde du travail qui est très différente de celle qui prévaut en France. Aux Etats-Unis, l'université n'est pas un monde en soi, coupé de la vie active. Plus de 42% des étudiants américains à plein temps exercent en outre une activité professionnelle. C'est souvent une nécessité pour aider à financer leurs études, mais c'est également un bon moyen d'acquérir une expérience concrète.
Alors qu'en France, les étudiants ne travaillent pas pendant leurs études, le chômage des diplômés du supérieur est au même niveau que celui de ceux qui n'ont pas le bac et personne n'aurait l'idée saugrenue de considérer les études supérieures comme un investissement, car les très diplômés sont payés exactement pareil que ceux qui sont entrés sur le marché du travail dès la fin de la scolarité obligatoire (pdf). Un autre monde, vraiment.