26 juin 2006

Promesses 



  1. Après ce Non massif (62%) à la Devoluzione, il est temps pour Umberto Bossi de tenir parole ("«Se vince il No vorrà dire che andremo in Svizzera»") pour y retrouver peut-être des amis (si ça ne vexe pas trop les membres du Swissroll). Il demandera peut-être une votation pour l'annexion de la Padanie par le Tessin.


  2. Un des paradoxes du Don découvert par Mauss est que le vrai Don serait impossible car tout Don entrerait toujours dans les échanges économiques.

    Mais le millionnaire philanthrope Warren Buffett (déjà célèbre en éthique pour son argument en faveur de l'impot sur les successions qui est critiqué par 60% des Américains alors qu'il ne touche que 2% d'entre eux) montre aussi un autre aspect de la part maudite de la dépense qu'il tente de rationaliser (Slate [m$n]) : "It costs money to give away money." Même le Don doit donc faire des économies dans l'organisation pour optimiser le Don.

    Le manque d'évergétisme de nos élites françaises m'étonne souvent. Nous sommes pourtant renommés pour nos rivalités mimétiques et même notre consommation ostentatoire mais, nous n'avons peut-être pas encore assez de science de l'ascèse, pour être de frugaux philanthropes.


  3. Chez СеверСталь du jeune oligarque Alexei Mordachov, on n'a pas l'air content. Il paraît que les médias russes ont ouvert sur la fusion Mittal-Arcelor (ah ah, fusion, acier, je viens de comprendre), en laissant l'exécution de leurs quatre otages au sixième rang des nouvelles (malgré le lien que le groupe terroriste aurait tenté d'établir avec la Tchetchénie). Pour les officiels russes, la seule explication est bien entendu la slavophobie (ce qui rappelle ce que répétaient les médias du sous-continent ces dernières semaines, en considérant que toute critique de Mittal ne pouvait être que raciste - les politiques du ressentiment ont un bel avenir).

    Si je comprenais quoi que ce soit à cette histoire (voir jules pour des éléments plus éclairants), j'aurais une "Bleg" ("interblogation" ?) minuscule qui me travaille.

    En un premier temps, si j'ai bien suivi les vents changeants du consensus, nos médias ont été contre Mittal par "patriotisme économique". Je crois même me souvenir (je l'ai peut-être révé) qu'Alexandre Adler avait doctement prédit que ce serait plutôt Arcelor qui rachèterait Mittal (en raison de l'endettement de Mittal, j'imagine ?).
    Il a bien dit ça, non ?
    Puis Pinault a soutenu Mittal, les médias ont hésité, et Arcelor (ou plus exactement Guy Dollé) a appelé les Russes à la rescousse, ce qui a encore plus brouillé les cartes (surtout qu'il y a un réflexe atavique des actionnaires français dès qu'ils entendent "emprunts russes").
    Adler le 22 mai exaltait presque le modèle d'un capitalisme "rhénan" de Mordachov (car rhénan veut dire à présent "copinage opaque" et plus rôle des banques et assurances ?).
    Puis, jeudi dernier (22 juin), Adler confessa que "son coeur" (la Corbeille se joue au coeur, bien entendu) penchait pour Mittal (qui avait été proche de Tony Blair mais a réussi à s'implanter dans l'Ukraine de Iouchtchenko contre des groupes très proches de l'ancien régime de Koutchma) plutôt que pour l'oligarque proche de Poutine. [Il brodait au passage sur une prétendue judéophobie de Poutine, qui a poursuivi Platon Elenin et Khodorkhovsky mais ce serait feindre d'oublier que l'autre jeune oligarque quadra Roman Abramovitch soutient aussi Mordachov.] Il a donc vu juste.


  4. Chirac hier soir a dit
    "Le SMIC augmente un peu plus de 3% [NdB : +3,05%, le Smic atteint 1 254,28 euros bruts au lieu de 1 217,91€ pour 35h. Il était à 1 154,27€ bruts en 2002, mais pour 39 heures.]. La décision a été prise aujourd’hui. C’est important parce que, je vous le signale, que 3%, ça veut dire que si on le fait sur les cinq ans qui viennent, on arrive très exactement à l’objectif qui avait été proposé par le Parti socialiste, c’est-à-dire d’arriver aux 1 500 euros au terme du mandat suivant.

    C'est aussi important parce que cela signifie donc que même l'UMP ne peut plus se moquer de cette partie-là du moins du projet du PS ("Nous porterons le SMIC au moins à 1500 Euros bruts avant la fin de la législature et nous ajusterons les minima conventionnels à ce niveau."). Cet engagement (hausse d'environ +19,6% sur 5 ans) n'avait rien de démagogique. Même sans grand coup de pouce avec la moyenne de 2,8%-3% par an on arriverait déjà à 1479 en 2012.

    Certes, il reste toujours la retraite à 60 ans (dans le projet : "la loi «Fillon» de 2003 (...) sera abrogée. Son remplacement fera l’objet d’une large négociation. La retraite à 60 ans doit demeurer un droit."). Ce passage peut être une vraie exception française du PS par rapport au PSOE de Zapatero par exemple. Sur le salaire minimum, le PSOE s'est engagé à faire atteindre un SMI de 600 euros pour 2008, soit +41,8% en quatre ans (enfin, si j'ai bien compté, ce qui est peu probable).